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Assises de la biodiversité : optimistes et locales !

Une ode à l’action locale et un souffle d’optimisme, tels ont été les deux fils rouges de la conférence d’ouverture des onzièmes Assises nationales de la biodiversité, organisées par l’OFB, idealCO et les Éco Maires, qui se tiennent pendant deux jours à Lieusaint (77), en duplex en Guadeloupe (où se déroulent en parallèle les "Assises outre-mer de la biodiversité") et en ligne.

 

Peut-on être optimiste alors que l’on assiste à un "effondrement de la biodiversité, qui n’épargne aucun territoire" – dixit Yann Wehrling, vice-président du conseil régional d’Île-de-France – et qu’un mammifère sur quatre et un oiseau sur huit seraient menacés de disparition dans le monde, selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) ? Oui, ont répondu en substance les intervenants de la conférence d’ouverture, ce 3 novembre, des onzièmes Assises nationales de la biodiversité, entonnant en chœur l’air de "la situation est grave, mais pas désespérée".

Retrousser les manches, sans baisser les bras

Non pas qu’ils cèdent à un optimisme béat, conscients du caractère "effrayant" du constat. Ils font au contraire preuve d’un "optimisme combattant", selon l’expression de François Durovray, président du conseil départemental de l’Essonne. L’élu insiste sur "l’importance de ne pas avoir un discours décliniste", pour ne pas dire défaitiste. "Nous vivons une période extraordinaire, un moment de rupture. Peu de générations ont la chance de pouvoir changer le cours des choses pour les siècles, voire les millénaires à venir", s’enthousiasme-t-il, appelant à l’action. Sylvie Gustave-dit Duflo, la toute nouvelle présidente du conseil d’administration de l’Office français de la biodiversité (OFB), confesse elle aussi sa "confiance en la capacité des êtres humains à se réinventer et à prendre les bonnes décisions" – en soulignant néanmoins "la nécessité d’accélérer" les choses. De même, Ary Chalus, président du conseil régional de Guadeloupe, ne doute pas de notre "capacité à relever le défi collectivement". 

Indispensable levier local

Pour se défier de la méthode Coué, les intervenants ont égrené les motifs d’espoir. Le principal tient en un mot : proximité. 
Proximité spatiale, d’abord. Michel Bisson, président de l’agglomération Grand Paris Sud, met en avant une étude du WWF selon laquelle "50% des actions doivent être portées par le local". Or les élus locaux ont fait preuve de leur capacité en ce domaine, soulignent de concert Philippe Boyer, président d’idealCO, et Guy Geoffroy, président des Éco Maires – Sylvie Gustave-dit Duflo se félicitant par ailleurs que "le discours écologiste est aujourd’hui porté par tous les élus". En vidéo, Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, s’est chargée d’étayer les discours par des exemples, en évoquant le lancement en septembre dernier de la procédure de classement d’un cinquième parc naturel régional ("Brie et deux Morin"), la révision du Sdrif en cours pour en faire un "Sdrif environnemental", mais aussi les projets de création de quatre nouvelles réserves naturelles régionales – ce qui permettra à la région de passer le cap du tiers de son territoire constitué d’espaces protégés –, de celle de "Natura Île-de-France", conservatoire des espaces naturels, l’engagement de tripler le nombre de sites inscrits sur la liste verte de l’UICN dans les cinq ans, le fait d’avoir été la première région au monde à candidater pour devenir membre de cette organisation (voir notre article) ou encore le lancement d’ici la fin de l’année d’un "plan participatif de protection du petit patrimoine vivant" visant les "espaces interstitiels urbains" (cours intérieures d’immeuble, etc.), précise Yann Wehrling.
Proximité temporelle, d’autre part. "Quand on s’y met, on a des résultats, et souvent très rapides", relève ainsi le vice-président de la région Île-de-France. Une chance par rapport à la lutte contre le changement climatique, plus globale et dont les résultats sont moins immédiatement perceptibles. 

Entreprise collective, régions en tête ?

"Les solutions, nous les avons", confirme Michel Bisson, qui souligne toutefois qu’il convient encore de "renforcer la prise de conscience citoyenne, existante pour le climat, moins pour la biodiversité". Jean-François Parigi, président du conseil départemental Seine-et-Marne, insiste lui aussi sur la dimension nécessairement collective de l’entreprise : "On ne peut pas relever ce défi si on ne travaille pas ensemble : État, législateur, régions, départements, intercommunalités, communes, monde associatif…" Un monde avec lequel les "relations sont désormais plus apaisées", se réjouit-il par ailleurs. Pour favoriser cette large mobilisation, Philippe Boyer a annoncé que la prochaine édition des assises "s’appuiera sur les régions de France" pour être à la fois nationales et régionales, "en multiplex". 
Des régions décidément en première ligne. Non en duplex, mais via un message vidéo, Bérangère Abba, secrétaire d’État chargée de la biodiversité, retenue en conseil des ministres, a en effet formé le vœu que ces dernières se voient confier la responsabilité de la gestion des zones Natura 2000 terrestres, comme le prévoit en l’état le projet de loi 4D (ou 3DS), adopté par le Sénat en première lecture et en attente d’examen à l’Assemblée nationale. Une disposition qui ne fait pas l’unanimité, certains élus plaidant pour un tel transfert aux départements (un amendement en ce sens avait été déposée par le groupe socialiste du Sénat, mais a été déclaré irrecevable). À noter d’ailleurs que conjointement aux assises de la biodiversité, se tiennent des "assises des espaces naturels sensibles", "dédiées aux problématiques départementales" et organisées en partenariat avec l’Assemblée des départements de France.