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Entreprises - Arnaud Montebourg lance son logiciel pro-relocalisation "Colbert 2.0"

Le ministre du Redressement productif a lancé, le 22 juillet 2013, le logiciel Colbert 2.0. Le nouvel outil est destiné à aider les entreprises à relocaliser leur production en France et à faire prendre conscience des coûts cachés des délocalisations.

Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, a lancé le 22 juillet 2013 le nouveau logiciel Colbert 2.0 destiné à aider les entreprises à relocaliser leur production en France. Disponible gratuitement, le logiciel permet aux entreprises, à partir de 48 questions, de se faire une idée sur les avantages et/ou inconvénients à relocaliser leur activité en France. "Il y a un mouvement tangible de relocalisation qui a démarré, il est minoritaire, mais prometteur, il n'est pas massif mais pionnier", a insisté Arnaud Montebourg lors du lancement. Les relocalisations pèsent en effet peu en matière d'emplois. D'après les chiffres avancés par Olivier Bouba-Olga, chercheur en sciences sociales à l'université de Poitiers, les relocalisations représentent en France 0,3% seulement des opérations d'investissement et de désinvestissement réalisées en France et 0,1% des emplois créés entre 2009 et 2012 (voir ci-contre notre article du 12 juillet 2013).
Mais l'équipe qui a conçu le logiciel veut y croire. "Ces dix dernières années, beaucoup d'entreprises se sont créées avec une production d'emblée à l'étranger. Elles ont maintenant la taille et le positionnement en gamme pour relocaliser ou rapatrier leur activité, il y a un mouvement prometteur qu'on estime à 100 entreprises par an", explique ainsi à Localtis Alain Petitjean, directeur général de Sémaphores et créateur du logiciel. Toutefois, d'après une étude de Sémaphores publiée en juin 2013, seulement 107 entreprises ont relocalisé une activité de production au cours des quatre dernières années. Et le responsable du logiciel d'insister sur l'effet multiplicateur que ce mouvement peut avoir sur les emplois dans les services. "Au-delà du nombre d'emplois industriels réduit que cela peut créer, il y un effet sur les emplois dans les services dits cognitifs (fabrication de moules, machines, services techniques…)." Certains territoires peuvent attirer davantage que d'autres. La typologie mise au point par Sémaphores fait ainsi ressortir les territoires les plus favorisés, ceux qui allient des services cognitifs et un fort savoir-faire industriel. "Cela peut être une métropole et son arrière-pays, ou des zones rurales avec un pôle de compétitivité", explique Alain Petitjean.

"La fin du mythe du low cost chez le producteur"

Le logiciel a été conçu à partir de trente cas d'entreprises, parmi lesquelles Rossignol, Toyota et Renault, qui ont effectivement relocalisé leur activité en France. Le logiciel a ensuite été testé par une cinquantaine d'autres entreprises qui ont pu tester leur potentiel à relocaliser. "On amène les entreprises à s'interroger sur les coûts cachés de leur délocalisation antérieure", a expliqué le ministre. Les coûts de transports, de déplacement de techniciens, de lutte contre la contrefaçon, etc. sont ainsi pris en compte dans les coûts de production, alors qu'ils sont le plus souvent intégrés aux frais généraux. Le questionnaire aboutit à un bilan qui pourra être envoyé au commissaire à l'investissement (l'interlocuteur unique de relocalisation), une fonction en cours d'installation dans les régions, avec une réponse dans les cinq jours.
Véloscoot, une société spécialisée dans le vélo à assistance technique, qui vient de se relocaliser en France, a testé le logiciel, mais après-coup. "On aurait aimé avoir ces informations, car c'est un peu compliqué pour une petite entreprise de s'y retrouver", a expliqué son directeur général, Jean-Yves Beugin. Le logiciel est en priorité destinée à ces plus petites entreprises. "Les grandes entreprises n'ont pas besoin de ce logiciel, nous sommes en relation directe avec elles, a détaillé Arnaud Montebourg. S'agissant des plus petites entreprises, c'est intéressant, comme l'expérience de Loiselet. Le maintien de l'activité de Loiselet était ainsi plus coûteux en Chine qu'à Dreux, mais personne ne voulait en entendre parler, même les banquiers qui étaient persuadés que c'est moins cher ailleurs !" La fonderie Loiselet a ainsi repris la production à Dreux en septembre 2012, après onze ans de fabrication en Chine…
Aucun objectif chiffré n'est fixé à ce logiciel, l'idée étant davantage de "commencer à construire une prise de conscience", comme l'a souligné le ministre. "C'est la fin du mythe du low cost chez le producteur", a-t-il affirmé.