Emploi - Après la conférence sociale, les acteurs de l'ESS attendent du concret
Les acteurs de l'économie sociale et solidaire (ESS) sont dans l'expectative. Benoît Hamon, le ministre délégué en charge de l'ESS, les avait sollicités dans la perspective de la conférence sociale des 8 et 9 juillet, mais, depuis, ils sont sans nouvelles. Lors de sa rencontre avec le Mouvement des entrepreneurs sociaux (Mouves), le 29 juin, le ministre avait pourtant donné des garanties. "Il nous a signalé que les emplois d'avenir seraient orientés en priorité vers les secteurs de l'ESS et a assuré qu'un compartiment de la Banque publique d'investissement, près de 500 millions d'euros, serait réservé au secteur", explique-t-on au Mouves.
100.000 emplois d'avenir, sur un total de 150.000 prévus par le gouvernement, doivent voir le jour dès 2013. Ces emplois sont destinés aux jeunes sortant du système scolaire sans qualification. Ils devraient être rémunérés au Smic et subventionnés à hauteur de 75 à 80% par l'Etat. Mais quant à la question de savoir selon quelles modalités ces emplois vont pouvoir bénéficier au secteur de l'ESS, "c'est encore un peu flou", indique le Mouves. En revanche, concernant la Banque publique d'investissement, un travail sur les critères qui seront pris en compte pour bénéficier des financements sera prochainement réalisé entre le ministre et le Mouves. Le secteur compte sur cette mesure pour se relancer alors qu'il a connu un ralentissement l'an dernier, et ce malgré une forte mobilisation des pouvoirs publics.
12,4% de l'emploi privé
D'après le bilan réalisé par Recherches et solidarités, publié le 26 juin dernier, avec le soutien de l'Association des régions de France (ARF) et de la Caisse des Dépôts, "l'année 2011 marque un coup d'arrêt à la croissance continue de l'emploi dans l'économie sociale". En 2011, le secteur représente 200.000 établissements, 2.350.000 salariés et une masse salariale de 51,6 milliards d'euros. En 2010, il enregistrait une progression de 2% de ses emplois, quand le secteur privé affichait un repli de 0,7%. L'an dernier, il a tout juste réussi à se maintenir avec une progression de 0,1% au moment où le secteur privé enregistrait une hausse de 1,1%. Au total, la part qu'occupe l'emploi de l'économie sociale au sein de l'emploi privé est ainsi passée de 12,2% en 2009 à 12,5% en 2010 et fléchit légèrement à 12,4% en 2011. Cette part varie de 8,5% (en Ile-de-France) à 16,4% (en Limousin). Sept autres régions voient leur part s'élever à plus de 15% : Poitou-Charentes (16,1%), Basse-Normandie (16,1%), Languedoc-Roussillon (15,9%), Bretagne (15,7%), Auvergne (15,5%), Franche-Comté (15,1%) et l'outre-mer (15%). En revanche, l'emploi a progressé dans une seule région, la Haute-Normandie (+1%). Dans quatre régions, il a régressé (Midi-Pyrénées, Lorraine, Provence-Alpes-Côte d'Azur et Languedoc-Roussillon). Ailleurs, la situation est demeurée quasiment inchangée.
Emilie Zapalski
Le Mouves se lance dans un tour des régions
Le Mouvement des entrepreneurs sociaux (Mouves) va organiser un tour de France de l'économie sociale et solidaire de septembre 2012 à mai 2013. Ce tour comprendra sept étapes dans sept régions* parce que "l'entrepreneuriat social est d'abord un entrepreneuriat des territoires (relocalisation d'activités, création d'emplois, circuits de distribution courts, etc.)", souligne le mouvement, dans un communiqué du 18 juillet. Première étape, le 10 septembre dans le Nord-Pas-de-Calais, "une des régions les plus favorables au développement de l'entrepreneuriat social". La rencontre aura lieu au sein du salon Créer de Lille, un salon de la création d'entreprise. Le tour sera ponctué par la présentation d'un recueil de bonnes pratiques lors d'une journée nationale à Paris, au mois de mai.
M.T.
*Nord-Pas-de-Calais, Aquitaine, Midi-Pyrénées, Franche-Comté et Bourgogne, Rhône-Alpes, Languedoc-Roussillon, Ile-de-France.