Apprentissage et contrat d'engagement jeune : 837.000 et 300.000 contrats signés en 2022
À l’occasion du troisième rendez-vous des Rencontres jeunesse de Matignon dédié à l’avenir professionnel des jeunes, la Première ministre a présenté les résultats 2022 de l'apprentissage qui atteint un nouveau record en 2022 avec 837.000 contrats signés et a fait le bilan de la première année du contrat d’engagement jeune, annonçant 300.000 bénéficiaires.
Élisabeth Borne s’est félicitée des résultats 2022 relatifs à l’apprentissage, publiés par la Dares (ministère du Travail) jeudi 2 mars 2023, et qui témoignent selon elle, "d’un record historique". Ces annonces ont été faites à l'issue d'une séance des "Rencontres jeunesse de Matignon", vendredi 3 mars 2023 dans le cadre du Conseil national de la refondation (CNR) voulu par Emmanuel Macron. L’apprentissage poursuit sa progression entamée depuis la réforme de 2018. 837.000 nouveaux contrats ont été signés en 2022, soit une progression de 14%. 811.000 l’ont été dans le privé, le reste dans la fonction publique, notamment dans les collectivités. Fin 2022, la France comptait ainsi 980.000 apprentis.
La progression du nombre de contrats signés se poursuit de façon régulière depuis 2018, date de la libéralisation de l’apprentissage, mais ralentit un peu par rapport aux deux années précédentes (+46% en 2020 et +38% en 2021). Elle reste cependant en phase avec les objectifs gouvernementaux d’atteindre 1 million d’apprentis. Sous le quinquennat de François Hollande, le nombre de contrats était passé sous les 500.000. Le discours d’alors était de privilégier la qualité sur la quantité.
45% des employeurs des apprentis sont des entreprises de moins de 10 salariés
En dehors de l’Île-de-France, les principaux départements pourvoyeurs de contrats sont le Nord et le Pas-de-Calais, la Seine-Maritime, ceux du pourtour méditerranéen, le Bas-Rhin, la Gironde, quelques départements de l’Ouest (Ille-et-Vilaine, Loire-Atlantique et Maine-et-Loire), la Haute-Garonne, le Rhône et l’Isère.
Parmi les bénéficiaires, les hommes restent majoritaires (55%) mais leur part continue de reculer, observe la Dares. Depuis 2014, elle a baissé de plus de 10%. Les entreprises de moins de 10 salariés représentent 45% des employeurs. Le niveau d’études préparées en apprentissage augmente année après année. Près des deux tiers des contrats (63%) s’inscrivent aujourd’hui dans une formation de niveau bac+2 et plus, c’est un doublement en dix ans, alors que les formations de niveau CAP ne cessent de baisser (21% aujourd’hui contre 43% il y a dix ans). Le tertiaire, en particulier le commerce, représente les trois quarts des nouveaux contrats, loin devant l’industrie (14%) ou la construction (10,7%).
CEJ, un taux d'accès à l'emploi durable de 43%
Un bilan de la première année du contrat d’engagement jeune (CEJ) a également été présenté par Élisabeth Borne. Plus de 300.000 jeunes éloignés de l'emploi ont signé un CEJ, avec un taux d'accès à l'emploi durable de 43% pour les premiers bénéficiaires.
Parmi la première cohorte de jeunes entrés en mars 2022, 63% ont accédé à un emploi d'un mois ou plus dans les 9 mois qui ont suivi l'entrée et 43% à un contrat de plus de 6 mois. "Les résultats sont là", s'est félicitée la Première ministre.
D'une durée de six mois à un an, le CEJ a pris le relais de la Garantie jeunes à l'égard des 16-25 ans (29 ans pour les handicapés) ni en études, ni en emploi, ni en formation, mais aussi de ceux ayant du mal à rester en emploi durable. Le CEJ a pour défi de réaliser un accompagnement intensif de 15 à 20 heures d'activités par semaine : formations, immersion en entreprise, ateliers de recherche d'emploi... Pour éviter les ruptures de parcours, le CEJ se poursuit si le jeune entre en école de la deuxième chance, en service civique, etc. Alors que la Garantie jeunes était uniquement opérée par les missions locales, le CEJ peut être aussi proposé pour les majeurs par Pôle emploi, qui y a dédié 1.660 conseillers pouvant accompagner chacun 30 jeunes maximum.
Accompagnés par Pôle emploi et les missions locales
Parmi les 301.725 jeunes ayant signé un CEJ au 31 janvier, 113.010 sont accompagnés par Pôle emploi et 188.715 par les missions locales. Les non-diplômés (44%) ou de niveau infra-bac (14%) sont majoritaires et 58% ont entre 18 et 21 ans. Les majeurs peuvent bénéficier d'une allocation de 300 à 500 euros en fonction de leur situation fiscale. Les mineurs touchent 200 euros.
Critiqué parfois sur sa conditionnalité, le dispositif ne permet pas toujours d’atteindre les jeunes les plus éloignés des institutions en situation de non-recours. Le Conseil d'orientation des politiques de jeunesse (COJ), dans son premier rapport d'évaluation sur le CEJ remis en décembre 2022, avait proposé des aménagements pour "assurer la réussite du dispositif (lire notre article du 16 décembre 2022). Il soulignait notamment les difficultés d'accès au logement ou absence d’hébergement, problèmes de santé, isolement social et familial, et invitait à donner une "attention particulière" aux jeunes en "difficultés socio-économiques".
La Première ministre a rappelé qu’elle présentera au printemps 2023 une feuille de route interministérielle d’une vingtaine de mesures concrètes pour répondre aux préoccupations de la jeunesse.