Archives

Angers, tremplin pour les nouvelles ambitions de Google dans la médiation numérique

Alors que les collectivités jouent un rôle stratégique pour sensibiliser les entreprises et les particuliers au numérique, certaines d'entre elles sont tentées de s'appuyer sur la force de frappe des géants du numérique. A la manière du ministère de l'Education nationale, qui avait conventionné avec Microsoft pour assurer la formation des enseignants au numérique, la ville d'Angers compte sur Google pour renforcer la formation des habitants, des professionnels et des étudiants à la digitalisation de leurs activités. Le géant américain compte répliquer le modèle déployé à Angers une bonne centaine de fois avant la fin de l'année.

Fracture numérique, digitalisation des entreprises : autant d'enjeux prioritaires pour les politiques numériques et qui intéressent aussi les géants du web. Avec son opération "Google pour les pros", la firme de Mountain View déploie déjà depuis plusieurs années des actions en faveur de la présence des TPE/PME sur internet et le e-commerce. Google est aussi très présent sur les campus, tout comme Microsoft, assidu dans le domaine de l'éducation numérique. Google souhaite désormais passer à la vitesse supérieure et former 70.000 entreprises de plus d'ici la fin de l'année ; soit la moitié du nombre de celles déjà atteintes durant les cinq ans d'existence du programme "Google pour les pros".

Angers soigne son image numérique

Or, pour atteindre un tel taux de pénétration, le géant du web a besoin des collectivités locales. "Google travaillait déjà avec l'université et la CCI départementale", précise-t-on à la ville d'Angers, auprès de Localtis. "Quand le maire a été sollicité pour tisser un partenariat, il a accepté immédiatement ; de telle manière que l'opération a très vite été mise sur les rails, et que nous sommes la première ville française à en bénéficier." Pour la cité angevine, labellisée French Tech, peaufiner son image innovante est essentiel ; elle accueillera le World Electronics Forum en octobre, un événement mondial du numérique qui ne s'était plus tenu en Europe depuis 2005, où il avait fait étape à Londres. Dans ce contexte, un partenariat avec Google ne se refuse pas. Du côté de la municipalité, on parle de 4.300 personnes accueillies les 12 et 13 mai pour la première session de sensibilisation, orchestrée par des médiateurs formés par Google. Du grand public, mais aussi des professionnels ; un chiffre finalement très au-delà des attentes de Google, et qui conforte les ambitions de la firme. En juin, une nouvelle session de deux jours sera organisée en Anjou, cette fois spécialement dédiée à la digitalisation des PME.

Des partenariats gagnant-gagnant qui interrogent

En situation de disette budgétaire, ces partenariats gratuits pour les collectivités sont séduisants ; avec des marques aussi fortes que Google ou encore Microsoft, l'enjeu de marketing territorial n'est pas non plus négligeable. Google ne s'y trompe pas, et table sur une centaine de manifestations organisées avant la fin de l'année. La ville de Reims serait déjà sur les rangs. Pour autant, des voix plus sceptiques se font entendre face à ces partenariats, qui permettent de donner une image des géants du web plus ancrée localement, en dépit des débats sur leurs empreintes fiscales et environnementales. Notamment, certains s'interrogent sur les contreparties réelles de ces appuis gracieux, en termes de récolte de données. Enfin, si ces opérations ponctuelles apportent un coup d'accélérateur à la sensibilisation des acteurs locaux, elles ne remplacent pas les activités de longue haleine de la médiation numérique, qui sont en mesure de s'adapter aux spécificités et aux besoins locaux.