Albert mode d'emploi : l'accès des collectivités à l'IA de l'État précisé

Face à l'intérêt des collectivités pour Albert, l'IA de l'État, la direction interministérielle du numérique a organisé le 28 mai 2024 un webinaire pour expliquer concrètement comment elles pouvaient l'utiliser. En deux mots : Albert est puissant mais demande des compétences pointues pour être pleinement exploité. À noter que les collectivités qui souhaitent utiliser Albert ont plusieurs possibilités.

De nombreuses collectivités – villes, départements, structures de mutualisation… - ont exprimé leur intérêt pour Albert, l'intelligence artificielle de l'État. C'est pour répondre à ces nombreuses sollicitations qu'un webinaire a été organisé le 28 mai 2024 dans le cadre du programme transition numérique de territoires. Et la première information à retenir est que la petite équipe de la Dinum croule sous les demandes, priorité étant donnée aux demandes des administrations d'État dans un contexte où le gouvernement a fait du déploiement de l'IA une priorité.

Aider les agents

"La vocation d'Albert est de répondre aux besoins des agents et l'ouverture aux usagers n'est pas a ce stade envisagée", rappelle Pierre-Étienne Devineau en charge de l'IA de l'État. C'est à la fois un moteur de recherche spécialisé produisant des résumés basés sur des sources officielles et un outil capable de générer du texte, des mails à partir d'une simple question. Il peut aussi fournir une assistance pas à pas aux agents pour les aider dans leurs missions. Dans les maisons France services, Albert vient ainsi en appui des conseillers pour répondre aux sollicitations des usagers en proposant des réponses rapides, précises, basées sur des sources fiables systématiquement citées. Pour ce faire, Albert exploite la base "droits et démarches" de service-public.fr, élaborée par la Direction de l'information légale et administrative (Dila). Mais en fonction des objectifs recherchés par l'administration utilisatrice, Albert peut ingurgiter d'autres bases de connaissance. 

Fiabiliser les réponses

Autre élément : le modèle de langage a été adapté pour qu'à une question précise il ne fournisse qu'une seule réponse alors que les modèles de langage "grand public" peuvent produire plusieurs réponses à une même question. Par ailleurs, Albert est capable de dire expressément qu'il ne sait pas ou de donner une évaluation de fiabilité de la source utilisée. "Cela limite le risque d'hallucination [nom des contenus aberrants produits par les chatbots]" résume l'expert. Par ailleurs, les réponses d'Albert font l'objet d'évaluations régulières, avec un outil comparant automatiquement les réponses données à une réponse idéale et des évaluations humaines.

Bouquet d'applications

"La logique d'ensemble de ce projet est l'open source, la gouvernance des données et des bases de connaissances restant cependant encore à définir", précise par ailleurs Pierre-Etienne Devineau. Sur le plan technique Albert exploite ainsi des modèles de langage ouverts, principalement LLama 3 (conçu par Meta) et celui de l'entreprise tricolore Mistral. Ces modèles ont été adaptés pour répondre aux besoins de la Dinum. Et si la langue cible est le français, Albert peut fonctionner facilement dans d'autres langues. Albert fonctionne sur des serveurs de l'État, situés en France, ce qui en fait une IA "souveraine". Enfin,  Albert se décline en plusieurs applications. Albert France Services a été créé avec l'ANCT et associe 60 agents France services qui participent à son amélioration. D'autres applications sont par ailleurs en test : Albert Tchap adossé à la messagerie ouverte aux agents de la fonction publique et Albert Chat. Enfin, il existe une interface de programmation (API) Albert pour l'intégrer facilement à un service tiers. 

Pour les collectivités, trois modalités d'accès à Albert

Les collectivités qui souhaitent utiliser Albert ont plusieurs possibilités. La solution la plus simple est de demander accès à l'API via le formulaire mis en place par la Dinum. Il leur faudra cependant faire preuve de patience eu égard au nombre de demande en instance. Mais dans ce cas Albert ne répondra qu'a des questions génériques sur l'administration. C'est pourquoi les collectivités ont ensuite la possibilité d'ajouter des sources d'information pertinentes pour que le chatbot réponde à des cas d'usage spécifiques. Il s'agira par exemple d'intégrer les données locales sur les services publics (aides, organisation, horaires…). Ce travail d'enrichissement demande des ressources techniques qui font qu'Albert s'adresse de fait à de grandes collectivités. 
Enfin, Albert et ses déclinaisons applicatives, peuvent être hébergées sur les serveurs des collectivités qui le souhaitent, ce qui suppose des serveurs suffisamment puissants pour faire tourner le modèle. La Dinum ne prévoit pas d'accompagner les collectivités au-delà de l'API mais va proposer des guides sur les aspects techniques, notamment la constitution de bases de connaissance. Les collectivités pourront cependant s'appuyer sur des prestataires ou des structures de mutualisation