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Décentralisation - Alain Rousset : "L'Etat a une relation de sous-traitance avec les collectivités locales"

A l'occasion d'une visite d'entreprise à Bassens, le 7 mars 2014 (voir ci-contre notre article), Alain Rousset, le président de la région Aquitaine et président de l'Association des régions de France, a fait part à Localtis de ses premières impressions concernant le prochain projet de loi de décentralisation attendu en Conseil des ministres en avril 2014, et sur la réforme de l'apprentissage qui vient d'être mise en place dans le cadre de la loi relative à la formation professionnelle, à l'emploi et à la démocratie sociale.

Localtis : Quel est votre point de vue sur le nouveau projet de loi sur la décentralisation ?

Alain Rousset : Les discussions ont lieu en ce moment et je dois rencontrer le Président de la République cette semaine sur le sujet. Les débats se font sur la base de notre rendez-vous du 18 février 2014 (cf notre article du 19 février ci-contre) mais on sent bien qu'il y a, de la part de l'appareil de l'Etat, une réticence à décentraliser les compétences. L'Etat a une relation de sous-traitance avec les collectivités locales, identique à celle des grands groupes avec leurs sous-traitants. C'est d'ailleurs dans cet esprit que l'on s'est vu refuser la possibilité de créer des banques régionales…

Comment réagissez-vous face à la crainte des chambres de commerce et d'industrie concernant une éventuelle tutelle des régions sur leur structure ?

De ce côté, il n'y a pas de lézard ! Je n'ai rien vu dans ce sens. Je ne comprends pas la façon dont les CCI ont surjoué cette crainte, en demandant au passage de se voir confier les agences de développement, les agences pour l'international et les agences pour l'innovation, alors que nous sommes en train de structurer avec elles une complémentarité, notamment sur l'export, dans laquelle elles ont toute leur légitimité (Ndlr : voir nos articles du 26 février et du 7 mars).

En matière d'apprentissage, considérez-vous la réforme intégrée dans la loi relative à la formation professionnelle comme une avancée ?

La réforme de l'apprentissage va être assez neutre pour les régions. Elles ne vont pas gagner beaucoup sur le plan financier, malgré la nouvelle fraction régionale qui va être mise en place au sein de la taxe d'apprentissage. Concernant l'objectif du gouvernement d'atteindre 500.000 apprentis d'ici 2017, nous pensons qu'il est souhaitable mais que cela va être difficile. La difficulté, c'est que 3,5% seulement des entreprises accueillent des apprentis. Pour arriver à cet objectif, il faudrait que nous puissions accompagner les entreprises comportant jusqu'à vingt salariés, or les aides financières à l'apprentissage ont été supprimées et compensées par un dispositif équivalent mais uniquement pour les entreprises de moins de dix salariés.