Air : les émissions de polluants en baisse mais des agglomérations dépassent toujours les normes réglementaires
Les émissions françaises de la plupart des polluants atmosphériques ont diminué entre 2000 et 2023, mais la France reste confrontée à des dépassements de normes, ainsi qu'à des épisodes de pollution à l'ozone et/ou aux particules, selon le bilan annuel de la qualité de l'air publié ce 14 octobre par le ministère de la Transition écologique.
"Des progrès significatifs ont été accomplis dans la réduction des émissions de polluants atmosphériques à la suite des actions impulsées tant à l'échelle nationale qu'au niveau local", souligne le bilan de la qualité de l'air extérieur en France en 2023 publié par le ministère de la Transition écologique ce 14 octobre, à l'occasion de la Journée nationale de la qualité de l'air. La France demeure toutefois "confrontée à des dépassements de normes réglementaires de qualité de l'air pour la protection de la santé humaine dans certaines agglomérations, ainsi qu'à des épisodes de pollution à l'ozone et/ou aux particules en France métropolitaine, dans les Antilles et en Guyane", ajoute ce rapport.
Vers des normes renforcées
"En 2023, la qualité de l'air s'est améliorée en France, mais elle reste un enjeu de santé publique", a commenté dans un communiqué la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, en saluant l'adoption ce lundi de la nouvelle directive européenne sur la qualité de l'air qui fixe de nouveaux objectifs à atteindre d’ici 2030. Les valeurs limites des polluants - dioxyde d'azote (NO2), particules fines de diamètre inférieur ou égal à 10 µm (PM10) et à 2,5 µm (PM2,5) seront alignées avec les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) d’ici 2050 et les États membres devront intensifier leur surveillance, avec davantage de stations de mesure, notamment dans les zones urbaines.
Dans le détail, le bilan publié par le ministère montre que sur la période 2000-2023, la baisse atteint 64% pour les oxydes d'azote, respectivement 49% et 56% pour les PM10 et les PM2,5 et 87% pour le dioxyde de soufre (SO2), ce dernier polluant provenant majoritairement des émissions industrielles. "À l'inverse, les teneurs moyennes annuelles en ozone (O3), polluant dont la formation est dépendante notamment des conditions météorologiques, ont augmenté", ajoute-t-il. Deux épisodes de pollution "d'ampleur nationale" à l'O3 ont en outre été observés en France métropolitaine en 2023 (en juin et septembre).
Sur la même période, les concentrations annuelles en dioxyde d'azote, PM10, PM2,5 et SO2 ont baissé mais des dépassements de normes ont été observés pour le NO2 et les particules fines PM10 respectivement "dans trois et deux agglomérations en 2023". "Pour le NO2, seules les agglomérations de Paris et de Lyon sont désormais concernées par des dépassements réguliers des normes réglementaires de qualité de l’air pour la protection de la santé" même si "l'ampleur de ces dépassements" et le nombre de personnes exposées à ces dépassements ont "drastiquement diminué depuis 2018 : de 99% en Île-de-France et de 98% dans l’agglomération lyonnaise", précise le rapport.
Concernant les particules fines PM10, l'année 2023 a été marquée par "trois épisodes de pollution d'ampleur nationale (en février, en mars et en septembre) ainsi que par de nombreux épisodes de pollution consécutifs aux apports de particules issues de phénomènes naturels de brumes des sables sahariens dans les Antilles et en Guyane".
"En 2023, les valeurs guides de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour le NO2, l’O3, les PM10 et les PM2,5 sont atteintes pour 3 à 44% des agglomérations alors que les normes réglementaires de qualité de l’air pour la protection de la santé actuellement en vigueur sont respectées dans 87 à 100% des agglomérations selon les polluants", indique le bilan. Si ces normes envisagées pour 2030, dans le cadre de la nouvelle réglementation européenne avaient été appliquées en 2023, "78% des agglomérations auraient respecté ces normes pour le NO2, 88% pour les PM10, 86 % pour les PM2,5 et 74% pour l’O3", ajoute-t-il.
"Fortes disparités territoriales"
"La baisse du pourcentage d’agglomérations avec des dépassements des normes réglementaires de qualité de l’air pour le NO2 et les PM10 à l’échelle nationale masque néanmoins de fortes disparités territoriales", souligne le bilan. Ainsi, 196 agglomérations ont toujours respecté les normes réglementaires de qualité de l’air fixées pour le NO2 sur la période 2000-2023. À l’inverse, les agglomérations de Lyon et de Paris enregistrent des dépassements chaque année. Marseille – Aix-en-Provence et Strasbourg arrivent juste derrière avec 21 années de dépassement des normes réglementaires de qualité de l’air.
Après plusieurs années avec des dépassements des normes réglementaires de qualité de l’air, la situation s’est en revanche améliorée récemment pour certaines agglomérations. C'est par exemple le cas pour Chamonix – Mont-Blanc, Grenoble, Reims et Toulouse, où aucun dépassement n’a été mesuré depuis 2020. Idem pour Nice depuis 2019, Toulon, Valence et Vienne depuis 2018 ou encore Clermont-Ferrand depuis 2017. De même, l’agglomération de Marseille–Aix-en-Provence ne fait pas l’objet de dépassement de normes réglementaires de qualité de l’air en 2020, 2022 et 2023 tout comme celle de Rouen.
De plus, le nombre d’agglomérations en dépassement régulier des normes réglementaires de qualité de l’air (plus de trois années sur les cinq dernières années) pour le NO2 a diminué, passant de cinq agglomérations en 2022 (Lyon, Marseille–Aix-en-Provence, Paris, Rouen et Strasbourg), à deux agglomérations en 2023 (Paris et Lyon).
Particules fines : difficultés persistantes à Aix-Marseille et outre-mer
Pour les PM10, 196 agglomérations ont toujours respecté les normes réglementaires de qualité de l’air sur la période 2007-2023. L’agglomération de Paris respecte ces normes depuis 2020. Plus aucun dépassement n’est mesuré à Sallanches depuis 2017 (après 10 années de dépassement), à Lyon depuis 2016 (après 8 années de dépassement sur la période 2007-2015), ainsi qu’à Grenoble et Strasbourg depuis 2014.
À Marseille–Aix-en-Provence, après une amélioration de la situation depuis 2014, la réglementation n’est à nouveau pas respectée en 2022 et 2023. "Toutefois la contribution naturelle liée aux brumes des sables est substantielle en 2022 pour cette agglomération, et, sans cette contribution naturelle, la norme réglementaire journalière de qualité de l’air n’aurait pas été dépassée", précise le rapport.
"Les départements et régions d'outre-mer (Drom) sont également concernés par des dépassements de norme réglementaire de qualité de l’air à l’image de Fort-de-France qui enregistre 11 années de dépassement sur les 17 de la période étudiée". Les particules d’origine naturelle en provenance du Sahara représentaient une fraction notable des particules observées en Martinique au cours de la période 2005-2016 et ont également joué un rôle prépondérant en 2018 dans la survenue des dépassements de la norme réglementaire journalière de qualité de l’air pour les PM10 en Martinique.
Pour le NO2, le nombre d’agglomérations présentant des dépassements des valeurs limites en 2023 est le deuxième plus faible jamais mesuré après 2020 et représente 2% des agglomérations. Trois agglomérations sont concernées : Lyon, Paris et Montpellier.
Concentrations en ozone
Sur la période 2000-2023, cinq agglomérations ont mesuré chaque année des concentrations en O3 supérieures à la norme réglementaire de qualité de l’air : Avignon, Marseille–Aix-en-Provence, Mulhouse, Nice, Plan-d’Aups-Sainte-Baume. Les PM2,5 ne présentent plus de dépassement depuis 2015.
Sur la période 2021-2023, 22 agglomérations ont dépassé en moyenne triennale la valeur cible en O3 (contre 20 entre 2020 et 2022. Les agglomérations concernées (13%) sont de taille très variable (environ deux tiers d’entre elles comptent moins de 100.000 habitants) et se situent dans les régions Provence-Alpes-Côte d’Azur, Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté et Grand Est.