Santé / Social - Agnès Buzyn lance les travaux d'élaboration de la stratégie nationale de santé
La ministre des Solidarités et de la Santé a présenté ce 18 septembre la démarche d'élaboration et les axes directeurs de la stratégie nationale de santé, dont elle avait déjà dévoilé les grandes lignes à l'occasion d'une communication au conseil des ministres du 30 août dernier (voir notre article ci-dessous du 31 août 2017). Cette stratégie nationale s'appuiera sur le rapport de la Haute Autorité de santé (HAS) sur l'état de santé des Français, remis le même jour à Agnès Buzyn. A l'occasion de sa conférence de presse, celle-ci n'a pas encore annoncé de mesures précises, mais fixé aux travaux à venir quatre "thèmes prioritaires", qui sont autant d'axes prévisibles de la future stratégie nationale.
La prévention et la promotion de la santé, premier axe stratégique
Si le rapport de la HAS sur l'état de santé des Français n'apporte rien qui ne soit déjà bien connu - la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) des ministères sociaux a publié en mai dernier son volumineux "Rapport sur l'état de santé de la population en France" -, les éléments qu'il met en évidence, par exemple sur le poids des maladies évitables et sur les inégalités en matière de santé, servent en revanche de support aux quatre "grands chantiers en matière de santé à moyen et long terme".
Le premier thème prioritaire fixé par Agnès Buzyn concerne en effet la prévention et la promotion de la santé, négligée de longue date au profit de l'approche curative. Ce premier axe recouvre notamment la promotion d'une alimentation saine et de l'activité physique, la prévention des maladies infectieuses, la lutte contre les addictions, la promotion de la santé mentale, ainsi que d'un environnement et de conditions de travail favorables à la santé, l'amélioration du dépistage et la prévention de la perte d'autonomie...
Réduire les inégalités sociales et territoriales
Le second axe porte sur la lutte contre les inégalités sociales et territoriales d'accès à la santé. Il devrait en particulier englober le nouveau plan de lutte contre les déserts médicaux. L'objectif de ce second chantier est "de passer d'une approche en silo à une approche centrée sur les besoins des patients, avec des parcours organisés au niveau du territoire". Cette formulation très générale devrait s'éclaircir en octobre avec la présentation d'"un plan d'accès aux soins, qui sera ensuite complété".
Le troisième axe vise l'amélioration de la pertinence et de la qualité des soins. Agnès Buzyn a notamment exprimé le souhait d'engager "une réflexion sur l'évolution de la tarification à l'activité qui prenne davantage en compte les parcours, la qualité et la pertinence des soins et des actes". Cette préoccupation de la qualité devrait également passer par des évolutions dans la formation des professionnels.
Enfin, le dernier axe de réflexion porte sur la thématique générale de "l'innovation", que celle-ci soit organisationnelle, médicale, technologique ou numérique. Il s'agit, entre autres, de favoriser "une meilleure association des patients, des usagers et des professionnels, qui sont les premiers concernés par ces évolutions, par exemple en matière de télémédecine ou d'objets connectés". Il est d'ores et déjà prévu de dégager des crédits spécifiques afin de "repérer et de sélectionner très tôt les projets à fort potentiel".
Une adoption en décembre et un déploiement au premier semestre 2018
Au-delà des objectifs, Agnès Buzyn a également détaillé la méthode et le calendrier d'élaboration de la stratégie nationale de santé, qui doit être "adoptée en décembre 2017, pour une mise en œuvre dès 2018 dans le territoires et au plan national". Selon des modalités désormais bien établies pour ce type de démarche, les mois d'octobre et de novembre seront consacrés à une phase de concertation avec les représentants des acteurs de la santé, des élus et des usagers, afin de recueillir leurs attentes et leurs propositions. Il ne semble pas prévu de "grande messe", mais plutôt des rencontres animées par les directeurs du ministère. A l'issue de cette phase de concertation, un premier projet de stratégie sera rédigé.
Durant le mois de novembre, ce premier projet sera mis en ligne "pour donner la possibilité aux Français de réagir, de faire des propositions et de partager leurs expériences de terrain".
En décembre 2017 se tiendra un comité interministériel de la santé, qui actera le contenu définitif de la stratégie nationale de santé. Celui-ci sera officialisé par un décret qui devrait être publié à la fin de l'année. Il est intéressant de noter que la présentation ne fait aucune allusion à des dispositions législatives - et encore moins à une loi cadre de santé publique - ce qui peut sembler surprenant au regard de certains thèmes envisagés.
Enfin, la stratégie nationale de santé sera mise en œuvre au premier semestre 2018. Sa déclinaison territoriale se fera alors par le biais d'un support préexistant : les projets régionaux de santé, pilotés par les ARS, et dont la définition repose elle aussi sur une concertation locale.