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Développement économique - Agglomérations moyennes : développer "une ou deux niches"

Dans la compétition que se livrent les territoires, comment les agglomérations de taille moyenne peuvent-elles s'en sortir ? La question était au programme de la 9e journée des présidents d'agglomération organisée le 27 mai à Paris par l'Assemblée des communautés de France (ADCF), en collaboration avec les associations d'élus du monde urbain.

Face aux plus grandes villes - qui concentrent l'université, la recherche, l'hôpital, les lieux de culture et les moyens de communication - pas de doute : les villes moyennes et leurs agglomérations ne font pas le poids. Le président de l'agglomération de Bourges, Alain Tanton, l'a reconnu. Inutile, selon lui, de vouloir rivaliser économiquement avec la capitale régionale, Orléans, ou espérer arracher à celle-ci le siège de l'université. Ce qui ne signifie pas, pour lui, qu'il faut abandonner toute ambition en matière économique. Les agglomérations de taille moyenne ont, en effet, un certain nombre de cartes à jouer, qui ne sont pas celles des agglomérations plus grandes. La stratégie de Bourges a consisté à développer "une ou deux niches". Alain Tanton a cité l'exemple de la mise en place, avec le soutien des collectivités locales, d'une "grappe d'entreprises" spécialisées sur "la maîtrise des risques" industriels. Un choix qui découle de la présence sur le territoire berruyer, depuis des décennies, de nombreuses entreprises du secteur de l'armement. Cette spécialisation a un véritable effet d'entraînement, puisqu'elle permet, par exemple, de conserver à Bourges certaines formations supérieures qui sont en lien avec elle.

Handicaps

Pour Jacqueline Gourault, une telle stratégie de niches peut être une voie de salut aussi pour l'agglomération de Blois, dont elle est vice-présidente. En se fondant là encore sur les atouts du territoire, le patrimoine culturel notamment. "Jack Lang a bien fait de créer une école du paysage à Blois", a-t-elle indiqué en guise d'illustration.
Le chemin des agglomérations moyennes est toutefois semé d'obstacles. Les élus de Bourges peinent ainsi à faire aboutir la création d'un centre de recherche commun à toute une filière. Il est difficile de convaincre les dirigeants des entreprises concernées, qui ont leur siège ailleurs qu'à Bourges, a expliqué Alain Tanton. Autre difficulté : les moyens financiers qui sont limités, comme l'a souligné un élu de la communauté du Grand Narbonne. L'EPCI public a financé, quasiment seul, la création d'un institut universitaire professionnalisé, a-t-il expliqué.

Favoriser l'"équilibre"

La création de métropoles aux compétences renforcées par le projet de loi dont l'examen débute, le 30 mai, au Sénat, ne va-t-elle pas accroître les chances des grandes agglomérations, au détriment des plus petites ? Certains, le craignent. Parmi eux, le président de la communauté de l'agglomération belfortaine, Etienne Butzbach, milite pour que le texte "n'oublie pas les villes moyennes". Les responsables des grands centres urbains réfutent ce discours. "Arrêtons d'opposer les uns et les autres. Il y a de la place pour tout le monde", a lancé Pierre Veltz, PDG du conseil d’administration de l’établissement public de Paris-Saclay. De même, à Rouen, Frédéric Sanchez soutient que l'agglomération dont il est à la tête, est "un puissant irrigateur".
La ministre de la Réforme de l'Etat, de la Décentralisation et de la Fonction publique se montre, quant à elle, vigilante. Prônant l'"équilibre" entre les territoires, Marylise Lebranchu soutient le développement des métropoles et communautés urbaines "à condition qu'elles s'intéressent à ce qui se passe autour d'elles, en troisième couronne, par exemple, mais pas seulement". Elle a souhaité que les grandes intercommunalités passent un accord avec la région. Ainsi, un grand laboratoire d'innovation technologique implanté dans une agglomération pourrait permettre la création d'emplois dans les villes plus petites de la périphérie, a-t-elle suggéré. Les conférences territoriales de l'action publique doivent favoriser l'aboutissement de tels accords, a-t-elle soutenu.