Agenda rural 2.0 : l'ANPP livre ses préconisations
Auditionnée le 14 décembre par la délégation aux collectivités territoriales de l'Assemblée nationale, Josiane Corneloup, présidente de l'Association nationale des pôles territoriaux et des pays (ANPP), a tiré le bilan de l'agenda rural et émis ses souhaits pour le prochain programme d'actions dédié aux territoires ruraux annoncé pour la mi-janvier. Au cœur de ses demandes : le déploiement de l'enseignement supérieur, des lignes ferroviaires de proximité, des campus ruraux et le traitement de la question du ZAN en milieu rural. L'ANPP anime l'un des six groupes de travail mis sur pied pour la poursuite de l'agenda rural, celui consacré à "l'attractivité des territoires ruraux".
Auditionnée le 14 décembre 2022 par les députés de la délégation aux collectivités territoriales, Josiane Corneloup, présidente de l'Association nationale des pôles territoriaux et des pays (ANPP), a fait un rapide bilan de l'agenda rural dans sa première phase, lancée en 2019. "Il y a des points très positifs aujourd'hui qui sont aboutis, a-t-elle affirmé. Je pense par exemple aux volontaires territoriaux administratifs (VTA) qui ont été l'occasion d'apporter une aide sur les territoires." L'ANPP propose de poursuivre en créant un VTA "expertise" pour que les seniors puissent apporter leurs savoirs.
Un "chèque bureau" pour venir travailler dans un tiers-lieu
La présidente de l'ANPP se félicite aussi du déploiement des maisons France Services et du développement des tiers-lieux, jugés comme une ressource très importante pour les territoires ruraux. Elle propose de créer un "chèque bureau" pour accompagner les néotravailleurs en milieu rural. "L'idée d'un chèque bureau permettrait de venir travailler dans un tiers-lieu, il serait financé à hauteur de 50% par l'État, puisque moins de déplacements signifie une empreinte carbone bien meilleure, mais également par les entreprises, car moins de surfaces de bureau c'est beaucoup d'économie, a soutenu Josiane Corneloup. Je pense que c'est aussi une façon de créer un modèle économique pour les tiers-lieux." Ces lieux pourraient aussi être utilisés pour déployer l'éducation à la santé (alimentation, promotion du sport pour tous…), selon la présidente, qui a par ailleurs salué le développement du service civique et le rôle des missions locales dans l'agenda rural I, ainsi que la revalorisation des retraites agricoles, vue comme une "excellente chose".
Développer l'enseignement supérieur en milieu rural
Josiane Corneloup a aussi pointé des éléments qui n'ont pas été développés par l'agenda dans sa première version et qu'elle espère voir traités à présent.
Ces recommandations s'inscrivent dans le chantier en cours visant à poursuivre l'agenda rural, sachant que l'ANPP préside l'un des six groupes de travail mis en place, celui sur l'"attractivité des territoires ruraux". Lors du Congrès des maires, Dominique Faure (aujourd'hui ministre déléguée chargées des collectivités territoriales et de la ruralité) a indiqué qu'elle présenterait à la Première ministre courant janvier un "programme d'actions", "plus ramassé" que le premier agenda rural comportant quelque 181 mesures éparses (voir notre article du 23 novembre 2022).
Pour l'ANPP, l'un des enjeux de cette deuxième phase sera d'accentuer le déploiement de l'offre d'enseignement supérieur en milieu rural. "J'y suis très attachée, a insisté Josiane Corneloup, car c'est une façon de changer l'image de la ruralité, d'amener des compétences en milieu rural ; beaucoup d'études le prouvent, lorsque l'enseignement supérieur se développe sur un territoire, c'est également la richesse du territoire qui est confortée". Elle estime aussi qu'il faut développer les campus ruraux qui étaient notés dans l'agenda rural I. "Je crois beaucoup aux campus ruraux qui permettront de garder nos jeunes qui quittent les territoires pour leurs études et qui malheureusement ne reviennent pas."
Autre point à renforcer : le déploiement des lignes ferroviaires de proximité qui était à l'ordre du jour de l'agenda I. "On a un vrai problème en milieu rural, il faut que nous nous concentrions sur cette problématique de la mobilité, les lignes ferroviaires sont un outil, ce n'est pas le seul, aujourd'hui on voit tout le mal que nous avons à garder celles qui existent, et à en déployer", a précisé Josiane Corneloup, défendant le concept de "l'écotrain", une nouvelle génération de train, encore au stade du prototype, qui fonctionne au photovoltaïque, sur des rails plus légers et pour un coût de construction très inférieur au train traditionnel.
Un "grand programme de réhabilitation" des logements vacants
L'ouverture des transports scolaires aux autres usagers, qui était aussi inscrite dans l'agenda I, est considérée comme une réponse aux problèmes de mobilité des territoires ruraux. "Je ne l'ai pas vu beaucoup mis en œuvre mais je pense qu'il faut vraiment qu'avec les régions il y ait un travail de concert qui soit mené pour que d'autres usagers puissent emprunter les transports scolaires."
Enfin, la présidente de l'ANPP a pointé du doigt les difficultés à venir en matière de logement avec l'instauration du zéro artificialisation nette (ZAN). "Vous me permettrez d'être inquiète par rapport à ce ZAN et la perspective de logements disponibles, a-t-elle déclaré aux députés. Bien sûr qu'il faut réduire la consommation foncière mais si nous ne pouvons plus construire notamment pour des urbains qui veulent venir en milieu rural et que nous ne pouvons pas imaginer des réhausses, comme ça peut être le cas en ville, je ne sais pas ce que nous allons faire pour loger les personnes qui vont se manifester, d'autant plus que nous avons énormément de logements vacants qui ne sont absolument pas adaptés." Pour la présidente de l'ANPP, il sera indispensable, à côté du ZAN, de lancer un grand programme de réhabilitation des logements vacants.