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Urbanisme - Adapter les commerces à la ville du XXIe siècle

Dans son rapport "Un commerce pour la ville" remis le 20 février à Christine Boutin, ministre du Logement et de la Ville, Robert Rochefort, directeur du Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Credoc), formule une trentaine de propositions pour moderniser le tissu commercial des villes.

"Il n'y a pas de commerce en forme quand la ville est malade et il n'y a pas de ville en forme quand le commerce est malade." C'est par cette formule que Robert Rochefort, directeur du Credoc et vice-président de la Commission nationale des comptes du commerce, résume l'interaction évidente entre la qualité de vie urbaine et la bonne santé du tissu commercial.

Dans le cadre de ses réflexions sur la ville, Christine Boutin, ministre du Logement et de la Ville, l'a chargé le 7 décembre dernier de mener une étude portant sur le rôle du commerce dans ses trois fonctions de "lieu de rencontres et d'échanges, de créateur d'emploi et de richesse, et de source d'attractivité pour la ville". Après avoir mené près d'une quarantaine de consultations, Robert Rochefort a remis son rapport à la ministre le 20 février. Un document dans lequel il affirme que "la ville du XXIe siècle doit s'ouvrir à un commerce plus moderne" répondant à "trois défis majeurs : le défi écologique, le papy boom et la révolution internet". Selon lui, "il faut avoir le courage de reconnaître que toutes les implantations anciennes des commerces ne seront pas sauvées. Il ne s'agit pas de préserver le commerce comme on le dit souvent mais d'encourager et d'accompagner son développement en fonction des besoins des consommateurs".
Pour Robert Rochefort, le commerce doit devenir "le troisième pilier nécessaire à l'équilibre général de l'urbanisme, avec le logement et les infrastructures de transport". C'est pourquoi "il n'est pas pertinent d'abandonner tout schéma-cadre pour l'urbanisme commercial tel qu'on l'envisage aujourd'hui". Il estime au contraire nécessaire de conforter les schémas départementaux de développement commercial (SDC) et de les rendre opposables aux plans locaux d'urbanisme (PLU). Il juge aussi indispensable de maintenir une commission de l'équipement commercial par région, chargée notamment de coordonner les SDC.
Au total, Robert Rochefort formule 34 propositions dans son rapport. Certaines visent à une meilleure cohérence des politiques publiques vis-à-vis du commerce et de la ville. Il préconise ainsi de revoir la localisation et de renforcer les moyens de l'Etablissement public national d'aménagement et de restructuration des espaces commerciaux et artisanaux (Epareca), qui intervient sur les centres commerciaux des quartiers en difficulté, pour améliorer son efficacité sur le terrain. Il faudrait aussi selon lui développer le travail en commun Epareca-Anru en allant jusqu'à des actions intégrées.

Autres propositions : inclure un volet "activité commerciale" dans chaque projet de rénovation urbaine et créer un conseil de surveillance du Fonds d'intervention pour les services, l'artisanat et le commerce (Fisac), qui est aujourd'hui le principal outil de la politique publique en faveur des métiers du commerce de détail et de l'artisanat commercial. Doter le fonds d'un conseil de surveillance permettrait selon Robert Rochefort de mieux hiérarchiser les différents objectifs qui lui ont été peu à peu dévolus, de comprendre les disparités régionales et éventuellement de les corriger, et de vérifier que le traitement déconcentré des dossiers accélère les procédures.

 

Des labels pour les commerces

 

Pour mobiliser les commerçants, l'auteur du rapport préconise de créer trois labels pour les petits commerces ("excellence", "performance-prix", "rue du commerce de qualité") à l'instar des labels officiels existant pour les produits, comme le Label rouge. Il propose aussi qu'un soir par semaine - de préférence le vendredi - les commerces de centre-ville restent ouverts jusqu'à 20h, 21h ou 22 h selon les communes, et que tous les petits et moyens commerces de centre-ville puissent être ouverts le dimanche matin. Pour faciliter le maintien du tissu commercial, il préconise également la généralisation des manageurs commerciaux de ville ou d'agglomération, qui ont vocation à jouer le rôle de "go between" entre les commerçants et la municipalité.
Le rapport Rochefort plaide aussi pour un renforcement des moyens permettant au commerce de se développer. Alors que de nombreux commerçants vont prendre leur retraite dans les toutes prochaines années, il estime qu'il faudrait inciter ceux qui restent à se développer en acquérant plusieurs points de vente, favoriser le tutorat entre commerçants expérimentés et débutants, et maîtriser les coûts des baux commerciaux grâce à une meilleure utilisation de la surface indispensable en centre-ville. Il propose également de mettre sur pied une dizaine de grands projets commerciaux (magasins d'usine, centres thématiques autour de l'univers de la jeunesse...) dans des zones franches urbaines ou des zones urbaines sensibles. Enfin, dans les vieux centres urbains dégradés, il préconise d'exonérer d'impôt sur les plus-values la cession des commerces lorsqu'ils permettent le regroupement de plusieurs boutiques et de mettre en place un dispositif "Epareca allégé" pour restructurer les commerces. L'établissement public pourrait alors jouer le rôle de consultant auprès des collectivités territoriales et de leurs Sem.

 

Anne Lenormand

 

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