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Mobilité - Adapter la voiture aux territoires de demain

Dans un rapport publié le 30 novembre, le Conseil d'analyse stratégique propose de revoir en profondeur le mode d'usage de l'automobile pour l'adapter aux enjeux de la mobilité durable. Il formule cinq grands leviers d'action impliquant directement les collectivités.

"Comment adapter l'automobile aux territoires et aux modes de vie de demain ?" Le Centre d'analyse stratégique (CAS) s'est penché sur la question dans un rapport sur les nouvelles mobilités commandé par le gouvernement. Rendu public le 30 novembre, le document propose cinq pistes d'actions pour l'Etat et les collectivités territoriales afin d'accompagner la transition vers de nouvelles formes de mobilité moins émettrices de gaz à effet de serre. "[Le président Georges] Pompidou disait qu'il fallait adapter la ville à l'automobile", a rappelé Olivier Paul-Dubois-Taine, ingénieur général honoraire des Ponts et Chaussées et auteur du rapport. Le CAS suggère de faire l'inverse.
Il propose d'abord d'"accompagner le développement de véhicules propres et économes adaptés aux territoires". "En 2009, en moyenne, la voiture individuelle française pèse 1,300 kilogrammes pour 1,2 personne transportée. C'est une voiture couteau suisse : elle est adaptée à tous les usages, avec tous les inconvénients qu'elle génère", a pointé le rapporteur. Le CAS préconise donc la conception de nouveaux véhicules légers (moins de 600 kg) et, pour ce faire, d'"organiser le dialogue entre des constructeurs automobiles aux ambitions mondiales et des collectivités territoriales désireuses de mettre en place de nouvelles formes de mobilité".

Des autorités organisatrices aux compétences étendues

Il préconise aussi de "donner aux autorités organisatrices de transports les compétences nécessaires pour favoriser le développement de nouvelles mobilités". Le CAS propose donc de transformer les autorités organisatrices de transports urbains en "autorités organisatrices du transport et de la mobilité durables" en leur conférant les compétences nécessaires à la mise en place de nouveaux services de mobilité (covoiturage, autopartage, information en temps réel, etc.). Il rejoint ainsi l'une des grandes revendications du Gart (Groupement des autorités responsables de transport). Le CAS juge aussi nécessaire de "repenser le partage de la voirie et de l'espace public, au profit du vélo, de véhicules propres peu encombrants, des transports collectifs et des nouvelles mobilités". Au-delà des dispositions prévues par les lois issues du Grenelle de l'environnement, qui prévoient notamment la possibilité de réserver des places de stationnement pour des véhicules en autopartage, le CAS estime que la loi pourrait donner au maire l'ensemble des prérogatives en matière de circulation et de stationnement (réglementation, contrôle et sanctions, recouvrement du produit des amendes), rejoignant là encore la position de nombreux élus sur ce sujet. Il serait ainsi plus facile d'affecter une partie de l'espace public à de nouveaux services ou à certaines catégories de véhicules (en particulier ceux considérés comme propres), juge le CAS.

Nouveaux opérateurs et nouveaux services

Il faudrait aussi "faciliter l'arrivée de nouveaux opérateurs et services de mobilité par la mise à disposition locale d'espaces publics et par l'adaptation de réglementations nationales", avance aussi le rapport. "Les services d'autopartage, qui peuvent être rentables sans subvention publique, pourraient être encouragés par la mise à disposition d'espaces publics appropriés de stationnement, illustre-t-il. Dans le cas de véhicules électriques ou hybrides rechargeables, ces services pouraient également bénéficier de bornes de recharge électrique, financées par les collectivités territoriales et, pour les villes-pilotes, par l'Etat." Pour étendre la pratique du covoiturage, le CAS préconise aussi d'adapter le statut actuel des associations qui mutualisent l'usage d'automobiles personnelles sous-utilisées. "Afin d'éviter toute confusion avec une activité commerciale de transport, ce statut de covoiturage devrait limiter les horaires de conduite, les territoires desservis et les rémunérations (démarche de type "chèque emploi-service")", suggère-t-il. Autre piste : l'utilisation et la généralisation de l'aide personnalisée à l'autonomie (APA) pour assurer les transports individuels de personnes âgées. Selon le CAS, cela permettrait à celles-ci "de continuer à bénéficier en toute sécurité de prestations de transport que leur santé ne les autorise parfois plus à assumer elles-mêmes".
Enfin, le CAS propose de "faciliter le développement de services d'information adaptés aux nouvelles mobilités et à la société numérique". Dans cette optique, "un appel d'offres pourrait être lancé au niveau national pour le développement de systèmes et/ou de logiciels d'information des usagers de nouvelles mobilités", avance-t-il. "La mise en place de bases de données d'informations multimodales fiables, fédérant les divers systèmes de transport, gérant leurs interfaces et fournissant des informations locales, interconnectées [...] est la condition de base pour un développement de services locaux de mobilité", poursuit-il. "Ces bases d'informations couvriront de grands territoires. Une obligation légale serait créée, imposant aux opérateurs de services de mobilité de rendre accessibles à tous l'ensemble de leurs données relatives à l'offre de transport public".

 

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