Action coeur de ville : des résultats sur la vacance commerciale
Le commerce reprend-il des couleurs ? C'est en tout cas le message diffusé lors du Siec, le salon de la Fédération du commerce et des territoires (ex-CNCC), qui s'est tenu les 19 et 20 septembre 2023 à Paris. Les concepts innovants et l'adaptation aux nouvelles habitudes de consommation permettent au commerce de résister malgré l'inflation et la hausse des taux d'intérêt. Le salon a aussi permis de constater les effets du programme Action coeur de ville sur la vacance commerciale des villes moyennes.
"Retail is back." C'est le message optimiste que le Salon international des espaces commerciaux (Siec) qui a fermé ses portes le 20 septembre 2023, a voulu adresser. La période covid a été difficile pour le commerce de détail, favorisant le e-commerce et limitant la fréquentation en magasins… Aujourd'hui, les chiffres d'affaires de la plupart des commerçants ont dépassé ceux de 2019, se félicitent les organisateurs du Siec, avec de nouveaux concepts en développement des transactions immobilières qui reprennent. Le huitième Congrès national des managers de centres-villes et de territoires (CMCV) qui se tenait le 20 septembre sur le Siec a délivré le même constat. "Ce qui ressort, c'est que le commerce (physique, ndlr) n'est pas mort, assure Myriam Trabelsi, présidente déléguée pour le CMCV, il faut bien que tout le monde l'entende, il y a des évolutions, et certaines activités, comme l'habillement, sont en difficulté, le contexte n'est pas simple, mais il y a un regain assez fort". Un regain qui s'exprime notamment par le nombre très important de porteurs de projets que les managers de centres-villes accompagnent. "Le commerce se réinvente, explique la présidente déléguée du CMCV, aujourd'hui nous avons différents types de commerces qui n'existaient pas il y a dix ou quinze ans, et qui correspondent aux nouvelles attentes des consommateurs". Exemple avec le marché de la seconde main que même des enseignes comme Petit Bateau développent, et le tout avec succès. "Dans le domaine de la restauration, les choses se passent aussi très bien, souligne Myriam Trabelsi, entre 2016 et 2022, on a une évolution de 30% d’évolution sur l'activité du commerce alimentaire spécialisé et 16% dans la restauration".
Les atouts du CNC
Outre les nouveaux concepts, le CMCV salue la création et la mise en place du Conseil national du commerce (CNC) en avril 2023 (voir notre article du 24 avril 2023). "Cela permet de réunir tous les acteurs et devrait simplifier le travail", précise encore Myriam Trabelsi. Le CNC rassemble en effet une centaine de personnes issues d'entreprises, de fédérations et associations du commerce, d'associations d'élus. Il doit permettre de réfléchir aux grands défis auxquels le commerce fait face aujourd'hui. Des groupes de travail sont aussi constitués pour plancher sur des thématiques spécifiques, comme la transition écologique, la simplification et la compétitivité. Groupes auxquels participe le CMCV. Même chose pour les programmes lancés au fil du temps, à l'image d'Action Cœur de ville dont la phase II, axée sur les entrées de ville et les quartiers de gare, a démarré, ou le nouveau plan présenté le 11 septembre pour la transformation des zones commerciales. Doté de 24 millions d'euros, il doit permettre de transformer les fameuses "boîtes à chaussures" des zones périphériques (voir notre article du 11 septembre 2023).
Des exemples réussis de transformation des zones commerciales
"C'est grâce aussi aux remontées des acteurs économiques, à l'engagement des élus locaux, à commencer par les maires, que la ministre que je suis, il y a un an jour pour jour, dans ce salon, a commencé à envisager d'agir et de faire bouger les lignes sur la transformation des zones commerciales et les entrées de ville", a salué Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des petites et moyennes entreprises, du commerce, de l'artisanat et du tourisme lors de son passage au salon le 19 septembre, devant le projet de requalification du plateau nord-est de Chartres en présence du maire de la ville, Jean-Pierre Gorges. Le projet comprend la transformation d'une zone commerciale, la requalification d'une ancienne base aérienne et la construction de 4.000 logements.
Les exemples de transformation ne manquaient pas comme celle du centre commercial Bobigny 2 en un centre-ville renouvelé, avec des voies piétonnes, des logements, des commerces en rez-de-chaussée, ou du centre commercial Paridis, à Nantes, avec la restructuration de 25.000 m2 de commerce et 15.000 m2 de loisirs, dont une salle de spectacles, 32.000 m2 de bureaux et 370 logements. Une mixité que le gouvernement entend aujourd'hui favoriser à travers son plan pour rompre avec la spécialisation qui a prévalu jusque-là.
L'impact d'Action cœur de ville sur la vacance commerciale
Lors du Congrès national des managers de centre-ville, la Fédération des acteurs du commerce dans les territoires (Fact, ex-CNCC), organisatrice du Siec et le spécialiste des données commerciales Codata ont présenté une étude évaluant l'impact de ces programmes, et plus particulièrement d'ACV, sur la vacance commerciale des centres des villes moyennes, sur la période 2018-2022. Principal constat : la vacance, qui était structurellement plus élevée dans les villes ACV (presque le double), a baissé de 1,7 point depuis le pic de 2020 contre une baisse limitée à 0,3 point pour les autres villes, passant ainsi de 14,15% à 12,5%. Or de 2018 à 2020, c'est la tendance inverse qui avait été observée (avec un taux passant de 13,15% à 14,15%). Le programme semble donc porter ses fruits. Dans le top 3 des villes ACV ayant les plus fortes améliorations entre 2018 et 2022 : Calais, qui a vu la vacance baisser de 7,7 points (21,3% en 2018 contre 14% en 2022), Bagnols-sur-Cèze (-7 points) et Vierzon (-6,7 points). Les autres villes du palmarès sont Le Creusot (-5,5 points), Mont de Marsan (-5,2 points), Redon (-5 points), Marmande (- 4,8 points), Dole (-4,7 points), Montélimar (-4,7 points), Saverne (-4,4 points), Sète (-4,4 points) et Louviers (-4,3 points).
Autre constat : les performances en termes de vacance commerciale ne dépendent pas de l'évolution démographique, ni du niveau de revenu des populations résidentes, soulignent la Fact et Codata pour lesquels "il n'y a pas de fatalité". A noter que l'Agence nationale de la cohésion des territoires devrait prochainement produire ses propres données, à la fois sur la vacance commerciale et sur la vacance des logements.
Le Siec salon a aussi été l'occasion pour la Fact de remettre ses trophées. Dans la catégorie Action coeur de ville, la ville d'Arpajon a été récompensée pour le réaménagement de son coeur de ville et Limoges pour la requalification de ses halles.