Accueil largement favorable pour le plan Tourisme, même si des interrogations demeurent
Présenté hier par Édouard Philippe, le plan en faveur du tourisme (voir notre article ci-dessous du 14 mai 2020) suscite des réactions largement positives, même si des interrogations subsistent encore. Il est vrai qu'avec 18 milliards d'euros, le plan déploie des moyens plus que conséquents pour relancer un secteur gravement sinistré par la pandémie et dont bon nombre d'acteurs, notamment ceux situés dans les départements classés en rouge, ne savent toujours pas quand ils pourront reprendre leur activité.
Du côté des professionnels, l'Umih (Union des métiers et de l'industrie de l'hôtellerie), estime que "la profession a obtenu certaines satisfactions ce matin, comme la date de réouverture fixée au 2 juin en zones vertes, mais il reste encore de grandes incertitudes". Le communiqué liste malgré tout de nombreux points de satisfaction parmi les mesures annoncées par le gouvernement, mais relève aussi quelques "points noirs" qui subsistent, comme l'absence de réponse à la demande de prise en charge des loyers, ou encore l'attitude du secteur de l'assurance, "qui n'alimentera le fonds d'investissement qu'à hauteur d'un milliard d'euros, alors que nos pertes d'exploitation se sont déjà montées à 10 milliards". Comme pour l'ensemble des professionnels du secteur, il reste également une "ligne rouge" dans les protocoles sanitaires en cours de discussion : le refus de se voir imposer, dans les restaurants et les cafés, la règle des 4 m2 par personne (en vigueur dans les commerces avec le déconfinement), ce qui empêcherait de fait toute réouverture. Les professionnels réclament plutôt une approche linéaire, basée sur la distance entre deux tables.
Pour Didier Chenet, le président du GNI HCR (Groupement national des indépendants - hôtels, cafés, restaurants), "la vraie bonne nouvelle, c'est que nos concitoyens vont pouvoir revenir dans nos établissements dans les départements verts à compter du 2 juin et qu'ils vont pouvoir réserver leurs vacances en France". En revanche, "le goût amer vient [du fait] que l'essentiel des mesures gouvernementales consiste en des prêts". Le GNI considère "que ce plan n'est pas achevé et qu'il est un plan d'étape".
Pour sa part, AhTop (Association pour un hébergement et un tourisme professionnels) se réjouit de constater qu'"en?n, le secteur du tourisme est considéré à la hauteur de sa contribution au PIB français". Elle demande toutefois au gouvernement que le dispositif de chômage partiel "perdure au moins jusqu'à la prochaine saison estivale en 2021" et estime que les acteurs indépendants ne pourront pas demander à bénéficier des prêts garantis par l'État car, "chefs d'entreprises responsables, ils ne pourront en effet pas rembourser de tels montants".
De son côté, l'Unat (tête de réseau du tourisme social et solidaire) regrette que la question du tourisme social ne soit pas intégrée au plan présenté hier, mais "prend acte que des annonces spécifiques sont à venir prochainement". Elle demande notamment la mise en place d'un chèque vacances exceptionnel et ciblé, la création d'un "Pass colo" et l'amplification du dispositif "Seniors en vacances". Pour sa part VVF (Villages vacances de France) "salue un plan bien structuré" et observe que "si le gouvernement a pris les décisions à temps, nous espérons que le timing sera suffisant pour que le secteur puisse assurer sa transition sereinement".
Enfin, CCI France, qui regroupe l'ensemble des chambres de commerce et d'industrie, salue "l'engagement des pouvoirs publics", qui va permettre "de gérer l'urgence et d'envisager plus sereinement des perspectives de reprise". Sur le maintien du chômage partiel jusqu'en septembre, les CCI estiment néanmoins qu'"il sera très probablement nécessaire, dans certaines régions, de le garantir jusqu'au premier trimestre 2021".
Satisfecit des collectivités
Du côté des collectivités et des politiques, ADN Tourisme - qui fédère désormais les offices de tourisme communaux, intercommunaux, départementaux et régionaux – "salue l'effort financier important du gouvernement pour soutenir le secteur, notamment avec la mise en place d'un plan d'investissements en fonds propres de 1,3 milliard d'euros" et "souscrit également à l'idée que la sécurité sanitaire soit un prérequis à toute reprise d'activité". L'association estime toutefois "urgent que l'État puisse valider au plus vite les conditions sanitaires de réouverture et, notamment, les guides de bonnes pratiques élaborés par l'ensemble des fédérations professionnelles".
Sophie Primas, la présidente (LR) de la commission des affaires économiques du Sénat "[se réjouit] qu'un certain nombre de propositions du Sénat aient été entendues", allusion au plan de "Trente propositions pour une relance du tourisme dès cet été", remis tout récemment à Jean-Baptiste Lemoyne, le secrétaire d'État auprès du ministre des Affaires étrangères, en charge du tourisme. Pour le Sénat, le plan présenté par Édouard Philippe "ne résout pas tous les problèmes, mais il va indéniablement dans le bon sens. Nous serons vigilants quant à la bonne application des mesures annoncées sur nos territoires".
Renaud Muselier, président de Régions de France et président de la région Sud, qui participait au comité interministériel du tourisme du 14 mai, "se félicite du plan massif annoncé par le gouvernement" et promet que "les régions y prendront toute leur part". Il salue également "la reconnaissance par l'État d'une approche différenciée par région et la mise en place d'une plateforme plan-tourisme.fr qui permettra aux bénéficiaires d'avoir très simplement accès aux dispositifs existants, nationaux et régionaux, auxquels ils peuvent prétendre dans leur diversité".
Une plateforme opérationnelle pour la relance du tourismeDans la foulée de l'annonce du plan, le gouvernement a mis en ligne la plateforme plan-tourisme.fr. L'objectif n'est pas de vanter les mérites du plan, mais de faciliter le déploiement des mesures de relance du secteur. Le site est donc mis en ligne sous l'égide de l'État, de la Banque des Territoires et de Bpifrance – qui portent notamment les mesures en faveur des fonds propres (voir notre article ci-dessous du 14 mai 2020) –, mais aussi de de Régions de France, qui pourra y intégrer ses propres mesures. |