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ANPE-Unedic - Accompagnement renforcé vers l'emploi : le public obtiendrait de meilleurs résultats que le privé

L'accompagnement renforcé des chômeurs fait l'objet depuis janvier 2007 d'une double expérimentation. D'un côté, le privé, avec l'Unedic,  qui dans dix régions a confié le suivi de 41.000 demandeurs d'emploi à des opérateurs privés de placement (OPP). De l'autre, l'ANPE qui expérimente dans six régions un dispositif baptisé "Cap vers l'entreprise" pour 40.000 demandeurs d'emploi. Dans les deux cas, le suivi est mené sur six mois environ. A l'heure où Bercy souhaite améliorer le suivi des chômeurs et envisage de doubler la part de l'accompagnement renforcé confiée au privé, une évaluation encore provisoire de la Dares (ministère de l'Emploi) vient bousculer pas mal d'idées reçues. Menée en collaboration avec l'Ecole d'économie de Paris et le Crest (Centre de recherche en économie et statistiques), elle remet en cause la supériorité supposée des cabinets privés. Tout d'abord, l'accompagnement renforcé de l'ANPE permet d'obtenir des taux de retour à l'emploi supérieurs de 16,9 points au suivi classique au bout de neuf mois, ce qui est plutôt bon signe. Mais, surtout, c'est mieux que ce que font les OPP, dont les résultats sont de 5,7 points supérieurs au suivi classique. "L'effet positif du dipositif CVE sur la sortie vers l'emploi est plus net en moyenne et statistiquement significatif", en conclut la Dares, reconnaissant toutefois que la comparaison reste difficile car les zones sont différentes. Autre nuance à apporter : les retours à l'emploi en CDI ou à temps plein seraient supérieurs pour les OPP.

La Dares soulève par ailleurs le problème de la concurrence entre les différents dispositifs. "Quand l'orientation est faite par un OPP, souligne l'étude, le climat de concurrence, entretenu en partie par l'absence de contacts opérationnels de terrain entre les agents de l'ANPE et les conseillers OPP, accentue la césure entre le parcours de droit commun et l'accompagnement renforcé." Des tensions qui prennent parfois une tournure aggravée, au détriment du demandeur d'emploi. Enfin, les critères d'évaluation de l'expérimentation ont surtout porté sur le taux de retour à l'emploi, et non sur les méthodes d'accompagnement et de conduite des parcours, qui ont été "en partie perdues de vue", affirme l'étude. En revanche, les professionnels en charge de l'accompagnement, tout comme les bénéficiaires, jugent que la prestation améliore qualitativement l'accompagnement vers l'emploi par rapport au suivi mensuel personnalisé. L'enquête propose plusieurs pistes d'amélioration "dont certaines pourraient être mises en oeuvre dès le second semestre 2008", avant même la fusion ANPE-Unedic prévue pour début 2009 : assouplir les conditions de prolongation de l'accompagnement quand la situation le justifie, faciliter l'accès des demandeurs accompagnés en OPP à certaines prestations spécifiques de l'ANPE, mieux assurer la cohérence des systèmes d'information des OPP et du service public de l'emploi, et enfin renforcer le pilotage global des parcours par l'ANPE.

Emilie Zapalski