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Accès à la liste nominative des décrocheurs scolaires : la région Ile-de-France s'explique

Afin d'améliorer le suivi individualisé des jeunes décrocheurs, la région Ile-de-France souhaite obtenir de la part de l'Etat leurs coordonnées nominatives. Une demande formulée depuis plus d'un an et que la région a bon espoir d'obtenir avec le nouveau gouvernement...
 

La rentrée scolaire a à peine démarré et avec elle, le thème du décrochage scolaire refait surface. La région Ile-de-France est fortement mobilisée sur le sujet et pour cause : dans cette région, sur 500.000 élèves, 25.000 sont en décrochage scolaire. "C'est colossal", affirme à Localtis Agnès Evren, vice-présidente du conseil régional d'Ile-de-France en charge de l'éducation et de la culture. Ces jeunes sont plus exposés au chômage et ils ont moins accès aux études supérieures. Les régions se sont vu confier de nouvelles compétences dans ce domaine dans le cadre de la loi du 7 août 2015 portant nouvelle organisation territoriale de la République. Les régions sont ainsi responsables d'animer la lutte contre le décrochage scolaire pour offrir un projet professionnel à chaque jeune dans cette situation. Une façon de s'attaquer à ce fléau : aujourd'hui, 140.000 jeunes sortent du système de formation initiale sans qualification suffisante (baccalauréat ou diplôme à finalité professionnelle CAP, BEP) et 494.000 jeunes de 18 à 24 ans n'ont pas de diplôme ni de formation, d'après le ministère du Travail.
Dans le cadre de ces nouvelles compétences, la région Ile-de-France met en œuvre de nombreuses actions sur le sujet. Elle a voté un budget de 2 millions d'euros à l'été 2017. Mais l'accompagnement et le suivi individuel de ces jeunes sont compliqués pour une simple raison : la région ne dispose pas de leurs coordonnées et ne peut donc pas envisager de les contacter individuellement pour trouver des solutions.  A l'heure actuelle, seuls 20% des décrocheurs sont contactés. "Cela fait un an que nous demandons le fichier nominatif des décrocheurs franciliens et jusqu'à maintenant il nous a été impossible de l'obtenir", explique la vice-présidente qui garde toutefois un bon espoir avec l'arrivée du nouveau ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, qu'elle juge plus "pragmatique" que "dogmatique".

Un appel à projets lancé le 15 juin 2017

Pour réduire le nombre de sorties de formation initiale, la région met déjà en œuvre, en lien avec le ministère de l'Education nationale, des actions de prévention, dans le cadre du programme "Réussite pour tous". Parmi ces actions : la mise en place d'un moment hebdomadaire d'écoute avec un psychologue, l'organisation d'ateliers pour apprendre le savoir-être, l'accompagnement dans l'éducation à la santé et à la citoyenneté, et l'aménagement d'espaces de loisirs avec une aide de 21.000 euros pour le lycée Darius-Milhaud du Kremlin-Bicêtre (94), la mise en place d'ateliers artistiques et d'ateliers de gestion des conflits, l'initiation à la sophrologie pour renforcer l'estime de soi, l'organisation d'une semaine d'accueil sur la réussite professionnelle (24.000 euros) dans le lycée des métiers la Source de Nogent-sur-Marne (94).
La région s'engage aussi à coordonner les partenaires locaux et à mutualiser les moyens sur les territoires à travers la reconduction de l'appel à projets Phénix qui est destiné aux structures qui se chargent de la lutte contre le décrochage scolaire, comme les écoles de la deuxième chance, les micro-lycées ou lycées du soir. Enfin, grâce à l'enveloppe mobilisée dans le cadre du Fonds social européen (FSE), à hauteur de 3 millions d'euros, la région a lancé le 15 juin 2017 un appel à projets pour réduire le nombre de jeunes menacés de décrocher et augmenter le nombre de jeunes ayant raccroché vers l'enseignement ou une formation adéquate. L'appel à projets concerne les actions de prévention du risque de décrochage scolaire, les actions visant à permettre le retour en formation initiale des décrocheurs, les projets en lien avec la mutualisation des outils de lutte contre le décrochage. Les candidatures peuvent être déposées jusqu'au 15 octobre (www.europeidf.fr).