A69 Toulouse-Castres : le gouvernement décidé à mener le projet "jusqu'à son terme"

"Force restera à la loi" : le gouvernement a affirmé ce 16 octobre vouloir mener "jusqu'à son terme" le projet d'autoroute A69 Toulouse-Castres et a donné son feu vert à la reprise du chantier dès ce lundi. Mais les opposants écologistes campent sur leurs positions et appellent à une nouvelle mobilisation les 21 et 22 octobre.

"Conformément à la volonté politique clairement réaffirmée localement, le gouvernement conduira le projet jusqu’à son terme et appelle à la responsabilité ainsi qu’au strict respect de l’Etat de droit", a indiqué dans un communiqué ce 16 octobre le ministère chargé des Transports à propos de la portion d'autoroute entre Castres et Toulouse. Prévue pour une mise en service en 2025, cette section réduirait d'environ 20 minutes le trajet entre les deux villes. "L'État est déterminé à faire aboutir ce projet, qui a été décidé démocratiquement et confirmé systématiquement par le juge", a souligné le ministère chargé des Transports, ajoutant que "le chantier se poursuivra dès ce lundi".

Non loin de là, à Soual et Saint-Germain-des-Prés (Tarn), la gendarmerie a délogé dans le calme lundi après-midi des opposants qui avaient monté des campements dans les arbres, a constaté un correspondant de l'AFP. Dans la soirée, la préfecture du Tarn a confirmé la "reprise des déboisements", faisant par ailleurs état pour les condamner de "menaces avec arme blanche" et de "mise en danger de gendarmes", "commises par des militants". Selon le parquet de Castres, sept personnes ont été placées en garde à vue à la suite de l'opération des gendarmes qui, selon la préfecture "visait à sécuriser l'intervention des équipes du concessionnaire Atosca qui poursuit ainsi sa campagne de déboisement, conformément à l'autorisation délivrée par l'Etat". Sur le site de Soual, deux arbres ont en effet été coupés, a constaté le correspondant de l'AFP.

Certains recours encore en cours

La décision de poursuivre les travaux a été prise après une réunion vendredi 13 octobre à Castres, au cours de laquelle "une très large majorité des élus locaux, représentants légitimes du territoire dans notre démocratie, a réaffirmé sans ambiguïté son soutien à l'autoroute", selon le ministère. A l'annonce de la tenue de cette réunion, des opposants au projet, dont Thomas Brail, avaient interrompu une grève de la soif entamée la veille et une grève de la faim commencée un mois auparavant. "Cette réunion était une mascarade", a dénoncé lundi auprès de l'AFP Thomas Digard, l'un des représentants du collectif anti-A69 La Voie est Libre qui appelle à un "référendum local".

"Un dialogue approfondi a été mené. Le soutien des élus de la République a été réaffirmé. Il faut donc avancer. (...) Force restera à la loi et à l'État de droit", a affirmé pour sa part le ministre délégué aux Transports Clément Beaune, cité lundi dans le communiqué. Plusieurs recours en justice ont été engagés contre le chantier, pour le moment sans succès, mais certains sont toujours en cours.

"La règle de droit a été strictement respectée à chaque étape de la procédure" et "tous les recours suspensifs ont été jugés et rejetés", a fait valoir le gouvernement. Localement, le président PS du conseil départemental du Tarn, Christophe Ramond, a estimé que l'autoroute était "une absolue nécessité pour le Tarn".

Le ministère des Transports a rappelé lundi que, en lien avec la préfecture du Tarn et le conseil régional d'Occitanie,  "les travaux engagés pour améliorer les conditions tarifaires de l'A69 pour les usagers et mettre en place de nouveaux services de mobilités décarbonées comme le projet d'autocars express annoncé par la région ou le projet de voie cyclable souhaité par les associations et actuellement étudié par le département se poursuivront". "Toutes les associations qui le souhaitent pourront y prendre part", a-t-il précisé.

Nouveau week-end de mobilisation

Les opposants au projet, eux, ne démordent pas et ont appelé à un week-end de mobilisation les 21 et 22 octobre sur le tracé. "L'État montre clairement qu'il reste ferme sur ses positions (...) ils ont remis une bûche dans le feu et ce qui va se passer ce week-end, nous, on n'en est plus responsables : la colère est en train de monter", a souligné Thomas Brail. "Aucune violence, aucune incitation à la violence ne peuvent être tolérées (...) dans le cadre des actions pouvant être menées à titre individuel ou collectif", a prévenu le gouvernement.

Le camp des opposants, dont les Soulèvements de la Terre, a reçu le soutien d'un collectif de 1.500 scientifiques, dont des experts du Giec, qui regroupe les spécialistes du climat de l'ONU. Ils ont publié une tribune assurant que "l'A69 était un de ces projets auxquels il fallait renoncer". La poursuite du chantier "montre le mépris total du gouvernement pour ce mouvement et pour les scientifiques", a soutenu lundi auprès de l'AFP Cécile Argentin, présidente de l'association France Nature Environnement Occitanie Pyrénées. "On n'a aucune assurance des compensations. La seule assurance qu'on a, c'est celle des destructions", a-t-elle ajouté, alors que la préfecture du Tarn a mis en demeure début octobre le concessionnaire Atosca de proposer sous quatre mois un site de compensation pour une zone humide.

 

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