30 minutes d'activité physique quotidienne, une évaluation révèle la réalité du dispositif
Une évaluation portant sur l'Académie de Créteil révèle la réalité de la mise en œuvre du dispositif 30 minutes d'activité physique quotidienne à l'école primaire. Un peu plus de la moitié des enseignants l'ont mis en place de façon hétérogène pour un résultat globalement positif.
Lancé à la rentrée 2020, le programme "30 minutes d'activité physique quotidienne" (30'APQ) a été généralisé dans les 36.250 écoles primaires de France en septembre 2022. Mais combien d'école sont réellement entrées dans le dispositif ? Selon le Cojo (Comité d'organisation de Paris 2024), qui en a fait l'un des points phares de l'héritage des Jeux olympiques, plus de 10.000 écoles se sont inscrites à l'appel à manifestation d'intérêt au cours de la période septembre 2020-septembre 2022. De son côté, le ministère de l'Éducation nationale avait, en juin 2023, distribué 17.000 kits permettant d'organiser des activités aux écoles en ayant fait la demande, un chiffre qui, s'il donne une tendance, ne dit rien sur l'effectivité de la mise en place du programme.
Prédominance des maternelles
Pour y voir plus clair, l'Onaps (Observatoire national de l'activité physique et de la sédentarité) a mené une évaluation du dispositif sur le territoire de l'académie de Créteil. Mis en ligne le 6 décembre, son rapport indique que 56% des enseignants d'écoles maternelles et élémentaires de l'académie interrogés l'ont mis en œuvre, dont 75% en maternelle et 46% en élémentaire.
L'Onaps précise ensuite que l'enseignant est à l'origine de la mise en place des 30'APQ dans 67% des cas. Dans 34% des cas, il s'agit d'une planification commune entre plusieurs enseignants. Et dans 15% des cas, d'une initiative de la direction de l'école. On retiendra également que 36% des enseignants "auraient été formés" à la mise en place des 30'APQ, et ce alors que des ressources en ligne sont mises à leur disposition et utilisées par 63% des enseignants impliqués.
Une activité pas toujours quotidienne
L'autre grand enseignement de cette évaluation est la mise en lumière des différentes pratiques des enseignants dans le cadre des 30'APQ. En effet, la mise en œuvre du dispositif se veut souple et adaptée à chaque école, chaque enseignant restant libre de réaliser une séance "en bloc" ou de manière fractionnée en les combinant sur les différents temps scolaires.
On apprend ainsi que le temps moyen de ces 30'APQ est en réalité de 26 minutes et que le caractère quotidien du dispositif est assez relatif puisque seuls 56% des enseignants l'activent tous les jours, tandis que 21% le mettent en place deux jours par semaine et 20% trois jours par semaine, souvent les jours où ne sont pas dispensés les cours d'EPS. Les temps hors récréation sont plébiscités par 81% des enseignants, tandis que 39% se servent des temps de récréation.
Des activités largement organisées dans l'école
Quant aux lieux de pratique privilégiés de ces 30'APQ, ils mettent eux en lumière le recours à des solutions multiples. Si 89% des enseignants utilisent les espaces extérieurs dans l'enceinte de l'école, 43% ont recours à des espaces dans les bâtiments de l'école hors classes, tandis que 32% pratiquent les activités dans les classes. En revanche, ils ne sont que 18% à utiliser des espaces en dehors de l'enceinte de l'école et 12% des espaces verts extérieurs.
Sur le fond du contenu, l'Onaps révèle que 78% des activités prennent la forme de jeux actifs (ateliers athlétiques ou jeux traditionnels), 44% celle de leçons actives (temps d'apprentissage durant lequel l'activité physique est intégrée à la leçon) et 43% relèvent de pauses actives (temps d'instruction scolaire permettant aux enfants d'être actifs physiquement dans la classe). La marche n'est pour sa part utilisée que par 15% des enseignants.
Bien-être et climat de la classe
Malgré une majorité d'enseignants désormais impliqués dans le dispositif, l'enquête de l'Onaps fait apparaître des freins, tant chez ceux qui l'ont mis en place que chez ceux qui y réfléchissent. Parmi ceux qui l'ont mis en place, seuls 17% affirment ne pas avoir rencontré de frein. Quant à ces freins, ils relèvent essentiellement du manque de temps (60%), de moyens (48%), de formation (27%), de soutien (15%) ou encore de ressources pédagogiques (15%). Seuls 5% des répondants expriment un manque d'intérêt. Le manque de temps et de moyens sont également les premières raisons citées par les 16% d'enseignants qui ont mis en place le dispositif mais l'ont déjà arrêté.
En dernier lieu, l'enquête rapporte que 74% des enseignants de maternelle et 57% des enseignants d'élémentaire perçoivent des effets positifs sur le bien-être de leurs élèves, tandis que 90% des enseignants des cycles 1 et 2 et 76% des enseignants de cycle 3 font état d'effets positifs sur le climat de la classe.