"30 minutes d'activité physique quotidienne" à l'école : une généralisation en demi-teinte
En pleine Semaine olympique et paralympique, le dispositif "30 minutes d'activité physique quotidienne" généralisé à l'école primaire depuis la rentrée 2022 suscite les critiques des syndicats d'enseignants et dispose d'un bilan encore léger.
À l'occasion de la Semaine olympique et paralympique (SOP), qui se tient du 3 au 8 avril, Pap Ndiaye, ministre de l'Éducation nationale, et Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports, ont effectué plusieurs déplacements à la rencontre de jeunes sportifs. 7.500 écoles et établissements devaient se mobiliser cette année pour cette SOP, contre 5.000 l'an passé, et un million d'élèves devaient être sensibilisés à l'inclusion par le sport, thème retenu en 2023. L'évènement était par ailleurs une occasion de promouvoir le dispositif "30 minutes d'activité physique quotidienne" généralisé depuis septembre 2022 dans les 36.250 écoles primaires de France et qui constitue l'une des priorités des feuilles de route des deux ministres.
Chez les professeurs d'éducation physique et sportive (EPS), l'heure n'est pourtant pas à l'enthousiasme. Dans une tribune commune publiée le 5 avril, le Syndicat national de l'éducation physique (Snep-FSU) et le SNUipp-FSU estiment que "pour l’EPS à l’école primaire, l’héritage [olympique] semble bien terne [et] la situation ne s’est jamais autant dégradée".
Dans leur texte, le principal syndicat des professeurs d'EPS et le syndicat majoritaire chez les professeurs des écoles multiplient les griefs envers le ministère de l'Éducation nationale sur le dossier du sport scolaire. Selon eux, les conseillers pédagogiques en EPS ont été supprimés dans de nombreux endroits ou réquisitionnés pour faire des maths et du français. Ils dénoncent en outre qu'"avec ses deux mesures phares, le savoir rouler à vélo et le savoir-nager (qui sont de la responsabilité de l’école depuis très longtemps), le ministère en profite pour privatiser les formations ou développer des partenariats, sans investir dans l’Éducation nationale".
Atteindre les trois heures prévues au programme
Plutôt que de se limiter à "bouger 30 minutes par jour" – une mesure mise en œuvre notamment à travers des partenariats locaux avec des associations ou des collectivités et uniquement les jours où les élèves ne bénéficient pas d'un enseignement en EPS obligatoire –, les deux syndicats suggèrent au gouvernement "de réorienter toute sa communication et son action sur l’augmentation de l’horaire d’EPS, pour enfin pouvoir atteindre les trois heures par semaine prévues dans les programmes". En 2018, un rapport de la Cour des comptes estimait en effet que le temps réel d'EPS en primaire n'était que d'une heure et demie.
Au-delà de la critique sur le bien-fondé des 30 minutes d'activité physique quotidienne, le bilan du dispositif pose question. S'il est censé avoir été généralisé, il ne serait en réalité que peu répandu, selon plusieurs sources syndicales. De son côté, le ministère de l'Éducation nationale, qui a distribué 17.000 kits permettant d'organiser des activités (sifflets, chasubles, ballons…) aux écoles en ayant fait la demande, ne dispose pas d'une vision globale sur sa mise en place.