30 minutes d'activité physique à l'école : un maigre bilan, selon le Sénat

Une évaluation sénatoriale dresse un bilan très mitigé du dispositif "Trente minutes d'activité physique quotidienne à l'école". Quatre ans après son lancement, moins de la moitié des écoles primaires l'ont mis en œuvre pour la majorité de leurs élèves.

Manque de coordination entre les acteurs, déploiement partiel et interrogations sur les objectifs à atteindre : le rapport d'information des sénatrices Béatrice Gosselin et Laure Darcos dresse un bilan plus que mitigé du dispositif "Trente minutes d'activité physique quotidienne à l'école" (30' APQ).

Lancé en février 2020 sur la base du volontariat, 30' APQ vise à lutter contre la sédentarité des enfants. En pratique, ce dispositif se veut souple. Les écoles peuvent organiser les trente minutes d'activité physique les jours où il n'y a pas d'éducation physique et sportive (EPS) au programme, de façon fractionnée sur la journée ou en une fois, pendant le temps scolaire ou périscolaire, dans les locaux scolaires et aux abords de l'école, etc. Pour faciliter sa mise en œuvre, chaque école volontaire a reçu un kit sportif cofinancé par le ministère des Sports et l'Agence nationale du sport (ANS) contenant du petit matériel, tandis que des ressources pédagogiques étaient mises à disposition des enseignants et qu'un réseau de référents était déployé sur l'ensemble du territoire.

Seules 42% des écoles réellement engagées

En juin 2022, alors que seulement 20% des écoles s'étaient engagées volontairement dans le dispositif, le président de la République annonçait la généralisation de 30' APQ à l'ensemble des écoles primaires à la rentrée suivante. Près de deux ans plus tard, en avril 2024, Emmanuel Macron évoquait plus de 90% des élèves du primaire engagés dans cette demi-heure de sport par jour. 

Or, l'analyse des sénatrices, établie selon une enquête de la Dgesco (direction générale de l'enseignement scolaire) de janvier 2024, présente des résultats beaucoup plus contrastés. Alors que seuls 60,7% des directeurs d'écoles ont répondu à l'enquête, dans 22% des écoles participantes, les 30' APQ concernent moins de la moitié des classes. Globalement, le rapport sénatorial indique que seulement 42% des écoles primaires mettent en œuvre de manière certaine l'APQ pour plus de la moitié de leurs élèves. 

Parmi les raisons de cet échec, la mission pointe "un dispositif présenté tardivement, source de nombreuses interrogations pour les enseignants". La note de service du ministère de l'Éducation nationale généralisant le dispositif est en effet parue au cœur de l'été 2022 et n'a apporté "aucune précision ni aucun moyen supplémentaire aux enseignants pour la mise en œuvre concrète du dispositif", se contentant de reprendre les modalités souples de mise en œuvre de l'appel à manifestation d'intérêt (AMI) initial. Surtout, de nombreux enseignants ont perçu cette déclaration "comme la nécessité d'ajouter trente minutes de sport par jour à un temps scolaire qui n'est pas extensible" dans un contexte où l'EPS au primaire est devenue un enseignement "strapontin". Et cela sans compter les difficultés de livraison du kit sportif, particulièrement dans les écoles maternelles et les regroupements pédagogiques intercommunaux.

Marquer les cours d'école, impliquer les éducateurs périscolaires

Enfin, les rapporteures évoquent "l'absence regrettable d'une évaluation de santé publique" portant sur le dispositif. "Malgré un dispositif existant depuis plusieurs années – quatre ans pour les premières écoles volontaires –, il n'existe à ce jour aucune étude de santé publique sur les effets des 30 minutes d'APQ sur la lutte contre la sédentarité". De plus, à de rares exceptions, les agences régionales de santé (ARS) n'ont pas été associées au déploiement du dispositif. On note toutefois que les enseignants rencontrés ont constaté une amélioration des conditions d'apprentissage quand les 30' APQ étaient bien mises en œuvre.

Pour éviter que le dispositif ne soit abandonné une fois les Jeux olympiques terminés, la commission formule six recommandations. Parmi elles, on retiendra la volonté de renommer le dispositif "PABE" pour "pauses actives et de bien-être", de recourir à un marquage dynamique des cours d'école pour permettre une diversité d'activités physiques et une incitation des enfants à se dépenser, ou encore d'associer les intervenants du temps périscolaire à la mise en œuvre d'activité physique quotidienne.