Technologie - 2010, année cruciale pour les services mobiles sans contact

"Pour les services mobiles sans contact, l'année 2009 a été celle des initiés. Il nous faut faire de 2010 l'année de la conquête des territoires", a lancé Jean-Michel Gadrat, le président nouvellement élu du Forum des services mobiles sans contact. L'association, créée fin 2008 sous l'impulsion de l'Etat pour favoriser l'émergence des services NFC (pour Near Field Communication ou communication à faible distance), a réuni plus de 300 spécialistes, ce 10 février au ministère de l'Industrie à Bercy. Objectifs : présenter les nouveaux usages citoyens du "sans-contact" avec les villes engagées dans des expérimentations puis faire le point sur les modèles économiques en cours d'élaboration entre équipementiers, opérateurs de télécommunications et de services, notamment publics. Point d'orgue de la matinée, Etienne Costes, directeur associé du cabinet Greenwich Consulting, a divulgué en avant-première les résultats de l'Observatoire des projets de villes NFC. Ouvert en octobre dernier avec la Caisse des Dépôts, cet outil de partage de bonnes pratiques a analysé, en détail, quinze projets dans dix territoires : Besançon, Bordeaux, Caen, Grenoble, Marseille, Nice, Rennes, Strasbourg, Toulouse et en Ile-de-France. Ceux-ci couvrent tous les champs applicatifs : transport/billettique, paiement, information et service à la personne. "La première bonne nouvelle, c'est que ça marche pour les utilisateurs et que le périmètre des usages est large, limité seulement par notre imagination", s'est réjoui le consultant. S'il y a bien eu au démarrage quelques problèmes de délais de réponse ou de manque de capacité de batterie des téléphones portables, ceux-ci sont désormais dépassés. Pour preuves, 90% des utilisateurs se déclarent satisfaits. 80% sont prêts à en recommander l'usage. Avec 60% de clients qui utilisent les services au moins une fois par semaine. Même jugement positif du côté des commerçants qui se disent pour 60% d'entre eux prêts à s'équiper de terminaux de paiement par téléphone mobile.

 

Coexistence des bouquets de services publics et privés

"Moins bonne nouvelle, il faut aligner les intérêts et les objectifs parfois contradictoires de nombreux partenaires pour faire fonctionner le système. Les collectivités doivent ainsi y trouver leur compte non seulement en terme d'amélioration de la vie des citoyens mais aussi en gain d'efficacité de leurs propres services", a précisé Etienne Costes. La question du paiement du surcoût des services n'a pas été posée : les administrés sont-ils disposés à payer plus pour la mobilité ? Leurs principales préoccupations concernent la simplicité, l'accessibilité et surtout la sécurité et la confidentialité des données personnelles. Le premier niveau de maintenance n'est pas non plus résolu : est-ce à l'opérateur de télécommunication ou au fournisseur du service qu'incombe ce service après-vente ? "Le transport urbain sera probablement le cas d'usage à favoriser pour faire décoller la technologie du sans-contact", a conclu le consultant. Déjà 70 à 75 réseaux de transports publics utilisent des cartes à puces sans contact en France. Souvent, ce secteur est dominé par un grand acteur (syndicat mixte, opérateur de transport national, etc.). Ensuite, la collectivité n'a plus qu'à ouvrir d'autres services : paiement de la piscine, accès à la bibliothèque, billetterie du musée... Le rapport complet de l'Observatoire des projets menés entre 2007 et 2009 devrait être disponible début mars. Le conseil est désormais de prévoir la mobilité comme un axe de tous les cahiers des charges des nouveaux services des collectivités. "Les collectivités devrait intégrer le potentiel des service NFC dans leur schéma directeur d'aménagement ", a plaidé Karen Le Chenadec, directrice du département Développement numérique des territoires de la Caisse des Dépôts. Et comme pour tous les changements organisationnels profonds dans les collectivités, l'implication politique d'un élu sera nécessaire dans la durée. La ville et l'agglomération de Nice Côte d'Azur seront d'ailleurs en 2010 "le marché test, la répétition générale" puisqu'elles passent au stade de pré-commercialisation grandeur réelle dès avril ou mai prochain, après une expérimentation réussie. Le maire et président de la communauté urbaine, Christian Estrosi, croit à l'avenir du sans-contact. En tant que ministre de l'Industrie, il a ainsi fait distribuer, en fin de rencontre, un communiqué annonçant un nouvel appel à projets doté de 10 millions d'euros pour soutenir ces technologies. Les dossiers de candidature devront être déposés avant le 30 avril. Le Forum des services mobiles sans contact comme la Caisse des Dépôts ont regretté qu'il y ait si peu de représentants des collectivités dans la salle.
 

Luc Derriano / EVS