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Services mobiles - Collectivités et industriels passent des expérimentations à la généralisation

Les technologies mobiles sans contact sont en passe de franchir un nouveau stade de maturité. Les collectivités françaises passent désormais de laboratoires des usages à partenaires des développements de nouveaux services dans les villes.

Un livre blanc, deux observatoires, trois rencontres et des expérimentations qui se généralisent aux quatre coins de France : la filière économique des services sans contact s'est montrée très active fin octobre. Premier à dégainer, en bonne logique, le Forum des services mobiles sans contact, a lancé, le 21 octobre, un observatoire des projets de villes NFC. La Near Field Communication (NFC) désigne cette technologie de communication sans fil à très courte portée (quelques centimètres) permettant de réaliser des échanges sécurisés tels que le paiement, la billettique transport (comme le Passe Navigo de la RATP en Ile-de-France), la sécurité d'accès, etc. Intégrée au téléphone mobile, elle permet d'offrir un portefeuille multi-usages de services pour les utilisateurs dans les domaines aussi variés que le tourisme, la santé, le social ou la culture. Le groupe de travail, constitué de plusieurs membres du Forum - dont la Caisse des Dépôts - et de collectivités (notamment les villes de Caen et de Nice) démarre ses travaux en deux temps : une phase de collecte et d'analyse d'une dizaine de projets réalisés en France et une phase d'accompagnement de nouveaux projets (communauté urbaine de Nice Côte d'Azur, région Basse-Normandie, Ile-de-France ainsi que les autres territoires candidats). Ces travaux seront publiés dans un espace collaboratif ouvert aux collectivités sur le site internet du Forum. L'observatoire sera accompagné dans ses réflexions par le cabinet de conseil en stratégie européen Greenwich Consulting, chargé d'analyser les investissements par domaine d'usage (mobilité, consommation, divertissement, assistance aux personnes, etc.) pour mieux permettre aux citoyens et aux collectivités de bénéficier des avantages des services mobiles NFC.

Rencontres du pôle TES

Le 22 octobre, Jean-Yves Granger, président du Forum, a présenté, en avant-première, son livre blanc intitulé "Liberté, Mobilité, Citoyenneté : le téléphone mobile NFC au service des territoires" (disponible courant novembre), à l'occasion des rencontres du pôle de compétitivité mondial TES (Transactions électroniques sécurisées) "Créé en 2005 en Basse-Normandie autour de cinq entreprises du berceau français de la carte à puce, le pôle regroupe désormais 115 acteurs dont près de 60% dépasse largement le cadre de ce territoire de départ", a précisé Pascal Baisnée, président du pôle. le pôle s'est fixé trois axes de développement : les services sans contact, le e-citoyen et l'administration électronique (sous l'angle de la protection des documents). 68 projets ont été labellisés pour une enveloppe globale d'investissement de 186 millions d'euros. Si les expériences de NFC sont parties de Caen, elles diffusent désormais dans d'autres villes, comme Strasbourg ou Nice. Le projet Must vise ainsi à la création d'un terminal mobile NFC s'appuyant sur le terminal Androïde pour développer des services d'e-tourisme autour du mont Saint-Michel. Il est porté par l'opérateur France Télécom/ Orange, en partenariat avec le conseil général et Manche Numérique. "Nous sommes un pôle à vocation transversale. Notre but n'est pas seulement de créer de applications mais de travailler avec d'autres dans une visée normative", a repris Pascal Baisnée. Le pôle TES collabore donc au niveau technologique avec d'autres pôle de compétitivité français tels que Systematic Paris-région et Solutions Communicantes Sécurisées (SCS en Paca) sur la santé ou Mov'éo pour le transport. Il participe également au développement d'un projet de services mobiles interopérables dans le projet européen Smart Urban Spaces, il a par ailleurs été reconnu par l'Europe "Open Living Lab" (sous le label Normandy Living Lab.). Celui-ci veut notamment permettre à des touristes d'utiliser leur mobile pour le paiement de tickets de bus dans plusieurs pays : France, Finlande, Espagne et Grèce.

Ecoter et la Caisse des Dépôts mobilisent les villes

C'est justement autour des applications de transports que la mission Ecoter a organisé son séminaire "Apports des services mobiles sans-contact pour les collectivités", ce même 22 octobre dans les locaux de la Caisse des Dépôts (Paris). "Il s'agissait de formuler les enjeux notamment économiques autour de notre industrie française de la carte à puce, de positionner l'ensemble des acteurs dont le Forum, puis de donner la parole à des villes et des régions déjà engagées dans des expérimentation", a résumé Catherine Tournier-Lasserve, responsable des programmes Internet - CDC Numérique. Après la présentation de son rapport d'étude sur "Le numérique pour plus de mobilité dans les territoires" autour des solutions de dématérialisation du titre de transport en France et à l'étranger (Tokyo, Séoul, Singapour, Londres et New-York), quatre villes ou leurs prestataires ont donc détaillé leurs démarches. A Caen et Strasbourg ou Rennes, il est déjà possible de payer certaines prestations de services avec son mobile. A Metz, le règlement du stationnement sera prochainement accessible via le téléphone mobile, comme c'était le cas à Issy-les-Moulineaux. "C'est un sujet délicat sur lequel les acteurs privés ont beaucoup d'attentes. Il reste encore des questions de fond à régler autour de la confiance et donc de l'identité numérique (voir ci-dessous). De la mise en place d'une plateforme transversale qui permette à l'usager de retrouver tous ses services sans avoir à contacter les banques, la mairie, le prestataire de transport cas de perte de son mobile. Et enfin de la rétribution du service et de son partage entre les différents acteurs", a conclu Catherine Tournier-Lasserve. Il ne s'agirait pas en effet que le citoyen ou la collectivité ait à reverser un pourcentage à chaque transaction pour le paiement de la cantine de ses enfants, le bus ou son billet au théâtre municipal !

 

Luc Derriano / EVS

 

L'identité numérique : une question de confiance

La Caisse des Dépôts a annoncé, ce 23 octobre au Forum e-démocratie d'Issy-les-Moulineaux, un programme d'innovation sur la gestion et la sécurisation des identités numériques qui devrait démarrer fin novembre. Ce programme rassemblera une trentaine de collectivités (villes moyennes ou grandes, intercommunalités et régions engagées dans le développement de l'e-administration comme la Bretagne et la Bourgogne), les pôles de compétitivité TES, Systematic Paris-Région et SCS, en partenariat avec le consortium FC² (piloté par Gemalto). Objectif : construire une plateforme de gestion de l'identité numérique pour dématérialiser les démarches administratives de bout en bout et sans rupture. Le groupe devrait d'abord établir un premier catalogue de services avec les collectivités. Suivront ensuite trois carrefours dans les territoires en janvier, février et mars prochains pour confronter les collectivités aux start-up et PME du secteur. Pour la CDC, il s'agit également avec ce programme d'identifier les besoins en investissements dans le domaine de la confiance numérique. Contact : maud.franca@caissedesdepots.fr