"100% transition", un bilan mesuré pour cette expérimentation d’accompagnement des Neet

Le Centre d’études et de recherche sur les qualifications (Céreq) publie un décryptage de l’expérimentation "100% transition" qui s’inscrit dans le projet du Plan d’investissement dans les compétences "100% inclusion, de la fabrique à la mobilisation". Un projet qui ambitionne, par le biais de la transition écologique, d’aider les jeunes ni en emploi, ni en formation, ni en études à trouver leur voie.

Le Céreq publie une étude menée par Laure Guyaud intitulée : "Redonner du sens au parcours des jeunes Neet à l’heure de la transition écologique". Ces jeunes qui ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation intègrent difficilement les parcours classiques destinés à accompagner les personnes éloignées de l’emploi. C’est le premier constat de cette étude qui rappelle que les approches traditionnelles s’avèrent souvent insuffisantes pour aider ces jeunes à trouver leur voie. À travers le dispositif "100% transition", l’enjeu a consisté à articuler un parcours d’accompagnement en lien avec la transition écologique pour les amener à envisager différemment leur "horizon professionnel".

S’appuyer sur une transition écologique porteuse de nouveaux métiers

Le programme "100% transition", qui cible un public spécifique, se distingue de l’approche traditionnelle en intégrant les projets d’emploi ou de formation dans la notion plus large de "projets de vie". En parallèle, la transition écologique agit comme "pivot d’un changement systémique" en ouvrant des perspectives professionnelles nouvelles tout en adaptant des pratiques d’accompagnement différentes. La transition écologique, souligne l’étude, est porteuse de nouveaux métiers et de nouvelles compétences "mais aussi de nouveaux critères de réussite professionnelle", en proposant des activités "qui ont du sens plutôt qu’un salaire élevé". Mais cela implique en contrepartie un changement de regard, de représentations et des pratiques d’orientation de la part des professionnels de la formation et de l’emploi eux-mêmes.

Déployé sur quatre régions (Nouvelle-Aquitaine, Auvergne-Rhône-Alpes, Bretagne et Guyane), l’expérimentation a concerné huit territoires urbains et ruraux entre 2020 et 2023. Soit au total 306 jeunes accompagnés. Des jeunes peu ou pas qualifiés, dont certains en situation de handicap (6%), d’autres vivants en quartier prioritaire de la ville (12%) ou encore en zone de revitalisation rurale (30%). Engagés pendant 6 à 9 mois, ils ont bénéficié de 3 jours d’accompagnement hebdomadaires en exerçant une activité en collectivité ou dans une structure de l’ESS. À l’issue de cette période, 76% d’entre eux étaient en situation de reprise d’études, en formation ou en emploi. 54% ayant des projets en lien avec la transition écologique.

Une "ambition systémique" pas totalement atteinte

L’étude précise que 45% des candidats à cet accompagnement spécifique ont repris une formation qualifiante et pour 3% non qualifiante. 21% avaient retrouvé une activité professionnelle en sortie de dispositif (4% en CDI, 3% en CDD de + 6 mois, 7% en intérim...) et 26% seulement 3 mois après la fin du programme.

L’étude relève néanmoins que la sortie du programme a pu replonger certains d’entre eux dans leurs "cadres initiaux et impasses" au point de les fragiliser. L’autrice conclut ainsi que "l’ambition systémique de cette expérimentation n’a pas totalement réussi", même si elle a contribué à transformer les participants. Elle signale également que la mobilisation des professionnels a été inégale selon les territoires : "Sur trois des huit territoires, les équipes des missions locales, maisons de l’emploi, etc. sont restées repliées sur les collaborations existantes."