100 jours pour bâtir le "pacte européen pour l'industrie propre"

La nouvelle Commission européenne, approuvée par le Parlement le 27 novembre, prendra ses fonctions le 1er décembre. Devant les députés, Ursula von der Leyen a présenté sa "boussole" pour la compétitivité, reposant sur trois piliers : innovation, décarbonation, sécurité. Alors que l'industrie européenne est en proie à de sérieux doutes, elle a confirmé un "pacte pour une industrie propre" dans un délai de cent jours. Elle pilotera par ailleurs directement un "dialogue stratégique sur l'avenir de l'industrie automobile", aujourd'hui en grande difficulté.

"Ce vote montre que le centre résiste", s'est félicitée la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, à l'issue du vote du Parlement approuvant son nouveau collège de commissaires, mercredi 27 novembre (avec 370 voix pour, 282 contre et 36 abstentions). La nouvelle Commission pourra se mettre au travail "dès le 1er décembre".

"La première initiative majeure de la nouvelle Commission sera une boussole pour la compétitivité", a-t-elle expliqué un peu plus tôt, avant le vote des députés. Cette boussole, qui sera le cadre de son mandat, s'appuiera sur "les trois grands piliers qui se dégagent du rapport Draghi" publié en septembre, visant à combler l'écart qui sépare l'UE des États-Unis et de la Chine : innovation, décarbonation et sécurisation des chaînes d'approvisionnement.

Comme elle l'avait annoncé le 18 juillet lors de sa réélection devant cette même assemblée (voir notre article du 18 juillet), Ursula von der Leyen compte ainsi lancer un "pacte pour une industrie propre", "au cours des 100 premiers jours du mandat". "L'ensemble du collège" y sera associé, même si trois commissaires seront en première ligne : l'Espagnole Teresa Ribera Rodríguez, première vice-présidente exécutive pour une Transition propre, juste et compétitive, le Français Stéphane Séjourné, vice-président exécutif pour la Prospérité et la Stratégie industrielle, et le Néerlandais Wopke Hoekstra, commissaire au Climat, à la Neutralité carbone et à la Croissance propre… Ce dernier, qui était déjà aux manettes du "Net Zero Industry Act", envisage de réduire les émissions de carbone dans l'UE de 90% pour 2040. Alors que l'industrie européenne souffre des prix de l'énergie en Europe, on mesure les enjeux derrière ce nouveau pacte. "Nous savons que le défi le plus important est celui des prix élevés de l'énergie", a reconnu Ursula von der Leyen. "Les prix de l'énergie doivent baisser encore", a-t-elle dit, appelant dans le même temps à "remplacer les importations de gaz naturel liquéfié russe". Mais Ursula von der Leyen entend "tenir le cap" de la transition entamée il y a cinq ans avec son "Pacte vert". Ce qui signifie "mieux accompagner les citoyens et les entreprises tout au long du processus". 

Un dialogue stratégique sur l'automobile

La responsable allemande a d'ailleurs annoncé l'organisation d'un "dialogue stratégique sur l'avenir de l'industrie automobile en Europe", directement placé sous sa direction. "Des millions d'emplois en dépendent. Et ensemble, nous devons veiller à ce que l'avenir de l'automobile continue de s'écrire en Europe", a-t-elle dit, alors que la fin de la vente des véhicules thermiques neufs en 2035 suscite de nombreuses craintes. La faillite du géant suédois de la batterie électrique Northvolt est ressentie comme un coup de semonce pour l'industrie européenne confrontée à la baisse des ventes de véhicules électriques et à la concurrence exacerbée de la Chine. Or 2025 sera l'année du durcissement des normes dites Cafe (Corporate Average Fuel Economy) sur les émissions de dioxyde de carbone, assorties de lourdes amendes contre les constructeurs qui ne respecteraient pas les quotas imposés. L'annonce de ce dialogue stratégique vise à répondre à ces inquiétudes, comme cela avait le cas en début d'année avec l'agriculture.

Les trois piliers de sa boussole nécessiteront par ailleurs "une impulsion majeure en matière d'investissements, de simplification et de compétences". La Portugaise Maria Luís Albuquerque se voit chargée d'élaborer "l'union européenne de l'épargne et de l'investissement". Et le Letton Valdis Dombrovskis, qui reçoit le portefeuille de l’Économie, de la Productivité, de la Mise en œuvre et de la Simplification, travaillera de son côté à un nouveau règlement "omnibus" sur la simplification des normes qui entravent la vie des entreprises.

"Liberté de rester"

La présidente de la Commission est passée assez vite sur les autres politiques de l'Union européenne, notamment la politique de cohésion au sujet de laquelle elle a surtout insisté sur la "liberté de rester" où l'on vit, telle que défendue dans le rapport d'Enrico Letta sur l'avenir du marché intérieur.

Saluant l'installation de cette nouvelle Commission, le président du Comité des régions, Vasco Alves Cordeiro, a souligné l'importance des collectivités dans la "capacité à relever ces défis" dans la mesure où "elles mettent en œuvre plus de 70% de la législation de l'UE et sont responsables de la moitié des dépenses publiques dans l'UE". "Pour continuer à le faire, les régions et les villes auront besoin d'une politique de cohésion plus forte et renouvelée, construite avec toutes les régions", a-t-il une nouvelle fois souligné, comptant sur "l'engagement du nouveau vice-président exécutif pour la cohésion et les réformes", Raffaele Fitto.