Pas de carton rouge pour les nouveaux commissaires européens
Cette fois, il n’y aura finalement pas eu de drame : le Parlement européen n’a sorti aucun carton rouge aux membres désignés de la nouvelle Commission européenne (voir notre article du 17 septembre), comme cela avait le cas en 2019 avec pas moins de trois candidatures invalidées, dont la Française Sylvie Goulard.
À nouveau, trois candidats étaient pourtant particulièrement en balance. D’une part, le commissaire sortant Olivér Várhelyi, désigné pour prendre en charge la santé et le bien-être animal dans la nouvelle Commission, candidat du Hongrois Victor Orbán. D’autre part, un improbable duo : l’Italien Raffaele Fitto, vice-président exécutif chargé de la politique de cohésion et des réformes, soutenu par le groupe des Conservateurs et réformistes européens (CRE), et l’Espagnole Teresa Ribera, vice-présidente exécutive chargée de la "transition propre, juste et compétitive", promue par l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates (S&D), aux destins liés.
Hostile à la nomination d’un allié de Georgia Meloni à un poste de vice-président de la Commission, le groupe S&D avait d’emblée menacé de mettre son veto à la candidature de l’Italien, d’ailleurs quelque peu malmené lors de son audition. Mais pour conjurer le sort, le parti populaire européen (PPE) et le CRE promettaient alors d’invalider à leur tour la candidature de l’Espagnole. Poussant leur avantage, ces derniers avaient même dernièrement exigé de l’Espagnole qu’elle se rende à Canossa en acceptant d’être auditionnée par les parlementaires de son pays sur son rôle dans la gestion de la catastrophe due aux inondations à Valence – ce qu’elle fit le 20 novembre dernier. Ancienne secrétaire d’État au changement climatique de l’Espagne entre 2008 et 2011, Terasa Ribera exerce en effet les fonctions de ministre espagnole de la transition écologique sans discontinuer depuis 2018.
Au terme de plusieurs jours de négociations, les présidents des groupes PPE, S&D et Renew sont finalement parvenus ce 20 novembre à un accord de coopération pour la nouvelle législature, débloquant la situation. Reste désormais au Parlement à voter favorablement la nomination du collège dans son ensemble ce 27 novembre. Cette formalité remplie, la Commission pourra entrer en fonction le 1er décembre prochain comme prévu, et comme le souhaitait ardemment sa présidente, Ursula von der Leyen.