Ursula von der Leyen présente ses nouveaux commissaires

La présidente de la Commission européenne a dévoilé ce 17 septembre la composition de sa nouvelle Commission européenne – dont les membres doivent encore être approuvés par le Parlement européen. Dans le sillage du rapport Draghi, l’accent est mis sur la compétitivité, qui devra être conduite de pair avec la poursuite du pacte vert. Un temps menacée, la politique de cohésion est confiée à l’un des six vice-présidents exécutifs désignés : l’Italien Raffaele Fitto, proche de Giorgia Meloni.

Cette fois c’est la bonne. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a présenté ce 17 septembre les contours de son nouveau collège des commissaires. Prévue le 11 septembre dernier, mais reportée in extremis du fait du changement de dernière minute du candidat slovène, la présentation aurait de nouveau pu être décalée, avec la démission tonitruante, hier, du commissaire français Thierry Breton, qui devait pourtant conserver son siège. Mais les mauvaises relations entretenues par l’ancien ministre de l’Économie de Jean-Pierre Raffarin avec Ursula von der Leyen – qu’il se serait bien vu remplacer – auront visiblement eu raison de ses ambitions, le président Macron profitant du deal proposé par l’Allemande pour le remplacer par son ancien ministre de l’Europe et des Affaires étrangères et soutien de toujours, Stéphane Séjourné.

La compétitivité en toile de fond

"C’est le contenu qui définit la structure", affirme Ursula von der Leyen en dévoilant sa nouvelle équipe. Le nouveau collège se veut donc le reflet des priorités arrêtées, "construites autour de la prospérité, de la sécurité, de la démocratie", avec "en toile de fond la compétitivité dans la double transition", écologique et numérique, dont le récent rapport Draghi a souligné l’impérieuse nécessité (voir notre article du 10 septembre) et sur laquelle "tout le Collège" doit s’engager. Pour preuve, l’Espagnole Teresa Ribera (S&D) se voit confier le poste de "vice-présidente exécutive d’une transition propre, juste et compétitive". Outre la mise en œuvre du Pacte vert, elle sera ainsi "responsable de la politique de concurrence", "pour que nous décarbonions et industrialisions notre économie en même temps", souligne Ursula von der Leyen.

Plusieurs commissaires au chevet de l’environnement

Côté environnement, il faut en outre compter sur la Suédoise Jessika Roswall (PPE), chargée "de l’environnement, de la résilience en matière d’eau et d’une économie circulaire compétitive", l’eau étant érigée au rang de "grande priorité pour les années à venir", précise Ursula von der Leyen. Mais aussi sur le Hollandais Wopke Hoekstra (PPE), chargé "du climat, de la neutralité carbone et de la croissance propre" et "également responsable de la fiscalité". Parmi les nouveautés, signalons également la création d’un commissariat chargé "de l’état de préparation et de la gestion de crise", confié à la Belge Hadja Lahbib. "Elle se penchera sur la résilience, l’état de préparation et la protection civile", précise la présidente. Ou encore "le tout premier commissaire au logement", souligne Ursula von der Leyen, à savoir le Danois Dan Jørgensen (S&D). Il est également chargé de l’énergie, avec pour objectif de "faire baisser les prix, d’investir dans les énergies propres et de réduire nos dépendances". L’ancien président grec du Comité européen des régions, Apostolos Tzitzikostas (PPE), est lui nommé commissaire chargé du transport et du tourisme durables, "secteurs essentiels pour notre compétitivité mais aussi pour nos transitions, pour connecter les gens et pour la stimulation des économies locales".

Un Français parmi les six vice-présidents exécutifs

Un collège qui se veut par ailleurs "allégé, plus interactif et interconnecté", doté de six vice-présidents exécutifs (contre trois précédemment), mais sans autre vice-président (ils étaient six dans la précédente commission). Parmi eux, le Français Stéphane Séjourné, chargé de la "prospérité et de la stratégie industrielle". Le périmètre de son portefeuille épouse en partie celui que détenait Thierry Breton, puisqu’il sera chargé de l’industrie, des PME et du marché unique. Lui échappe en revanche les questions liées à la défense – secteur qui échoit au lituanien Andrius Kubilius (PPE), dont le pays est fortement impliqué dans la guerre en Ukraine – ou au numérique, domaine attribué à la finlandaise (PPE) Henna Virkkunen, vice-présidente chargée de la souveraineté technologique, de la sécurité et de la démocratie.

La politique de cohésion aura bien son commissaire

Sur la sellette (v. notre article du 24 juin), la place de la politique de cohésion semble finalement renforcée, puisqu’elle sera pilotée par l’un des six vice-présidents exécutifs désignés, Raffaele Fitto, actuel ministre italien chargé des affaires européennes, issu du même parti que Giorgia Meloni. Officiellement chargé "de la cohésion et des réformes", il sera notamment responsable du "développement régional et des villes" – le terme "rural" n’apparaissant, lui, nulle part. 

L’agriculture confiée à un Luxembourgeois

Pour la seconde fois (après René Steichen dans la commission Delors III), le portefeuille de l’agriculture et de l’alimentation est confié à un Luxembourgeois : Christophe Hansen (PPE), que d’aucuns voyaient plutôt chargé de l’emploi et des droits sociaux – portefeuille qui échoit à la roumaine (S&D) Roxana Mînzatu, l’une des 4 femmes nommées vice-présidentes exécutives. Président de l’Union des sociétés avicoles du Grand-Duché de Luxembourg, Christophe Hansen était jusqu’ici membre des commissions de l’environnement et du commerce international du Parlement européen. Il était le rapporteur du Parlement européen pour les relations post-Brexit entre l’UE et le Royaume-Uni. Le chypriote Kostas Kadis (Indépendant) sera lui chargé de la pêche et des océans.

Et l’élargissement à une Slovène

Parmi les autres postes, soulignons que l’épineux dossier de l’élargissement devrait – son parlement national doit encore être consulté – être confié à la Slovène Marta Kos (Renew). Elle devrait également être chargée du "voisinage oriental", alors que la Croate Dubravka Suica (PPE) sera "la commissaire pour la Méditerranée", et du "voisinage sud au sens large". L’Autrichien Magnus Brunner (PPE) sera, lui, "chargé de l’intérieur et de la migration". Outre la mise en œuvre du Pacte sur l’asile et la migration, il devra notamment élaborer "une nouvelle stratégie de sécurité intérieure". Le budget, la lutte antifraude et l’administration publique seront confiés au Polonais Piotr Serafin (Indépendants). Il lui est demandé de "se concentrer notamment sur la préparation du budget à long terme". Un travail qui, assurément, ne manquera pas de l’occuper très rapidement.

Équilibres

La composition est également question d’équilibres, comme l’a relevé Ursula von der Leyen.

Entre les femmes – qui représentent 40% des commissaires – et les hommes. "Cela montre que malgré tout ce que nous avons accompli, il reste encore beaucoup de travail à faire", souligne-t-elle, en rappelant qu’avec la première série de candidatures qu’elle avait reçue, "nous nous dirigions vers une composition composée d’environ 22% de femmes".

Équilibre "géographique" également. L’Allemande fait observer que parmi les six vice-présidents exécutifs proposés, "trois sont issus d’États membres ayant adhéré avant la chute du rideau de fer" (l’Espagne, l’Italie et la France) et "trois ont adhéré après la réunification de l’Europe" (la Finlande, la Roumanie et l’Estonie, avec la haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères Kaja Kallas - Renew).

La présidente de la Commission a en revanche tu l’équilibre politique, reflet des exécutifs européens et des dernières élections européennes. Avec Ursula von der Leyen, le PPE compte 12 représentants. Renew en compte 5, et Les Sociaux & démocrates 4 (5 si l’on retient Maroš Šefčovič, commissaire chargé du commerce et de la sécurité économique, dont le parti a toutefois été suspendu par le Parti socialiste européen). S’y ajoutent 4 indépendants et donc 1 représentant des Conservateurs et réformistes européens (CRE), à qui l’on promet d’ores et déjà une audition musclée au Parlement.

 

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