Industrie, épargne, logement, cohésion, agriculture… ce que prépare Ursula von der Leyen pour son nouveau mandat

Réélue à la tête de la Commission européenne, Ursula von der Leyen a exposé devant les députés, jeudi 18 juin, les grandes lignes de son programme pour les cinq ans à venir. Dans la continuité de son Pacte vert, elle présentera dans les cent jours un "Pacte pour une industrie propre". L'avenir de la politique de cohésion n'est pas scellé, même si la présidente de la Commission a promis de "défendre une politique de cohésion forte, conçue en partenariat avec les régions et les pouvoirs locaux".

Ce n'était pas gagné d'avance mais Ursula von der Leyen a su trouver une majorité de députés européens pour voter sa reconduction à la tête de la Commission européenne, jeudi 18 juillet, avec 401 voix sur 719, soit 41 de plus que la majorité requise. Malgré ses démêlés avec la justice européenne sur les contrats d'achats de vaccins, la candidate PPE a su convaincre la quasi-totalité du bloc central (PPE, S&D et Renew), en dépit de quelques défections. La gauche sociale et écologiste, qui craignait d'autres candidats "plus conservateurs", lui a apporté son soutien après avoir obtenu la garantie d'un "cordon sanitaire" face à l'extrême droite. Dans le discours prononcé en amont de ce vote à bulletin secret, Ursula voin der Leyen a assuré qu'elle n'accepterait "jamais que les démagogues et les extrémistes détruisent notre mode de vie européen". S'en est suivie la présentation de son programme pour les cinq prochaines années. 

Pacte pour l'industrie propre

Louant les progrès accomplis par son "Pacte vert", pierre angulaire de son premier mandat, elle a assuré vouloir "maintenir le cap" sur les objectifs fixés pour 2030 et 2050. Elle proposera dans les cent jours "un Pacte pour une industrie propre" qui "orientera les investissements vers les infrastructures et l'industrie, en particulier les secteurs à forte intensité énergétique". "Dans cette optique, nous inscrirons notre objectif de réduction des émissions de 90% à l'horizon 2040 dans notre loi européenne sur le climat. Nos entreprises doivent dès aujourd'hui planifier leurs investissements pour la décennie à venir", a-t-elle déclaré. Ce pacte pour l'industrie propre contribuera à réduire les "fractures énergétiques", a-t-elle assuré. Ne craignant pas les paralogismes, Ursula von der Leyen a une fois de plus dénoncé le "chantage de Poutine (…) lorsqu'il a coupé notre approvisionnement en combustibles fossiles russes", sans un mot sur l'affaire NordStream qui semble bien tombée aux oubliettes.

Son mandat sera donc placé sous le signe de "l'investissement". La présidente de la Commission entend achever l'Union des marchés de capitaux ou plutôt une "Union de l'épargne et des investissement" en mobilisant l'épargne des Européens, comme le préconise Christian Noyer dans son rapport remis au gouvernement fin avril. Elle a évoqué les "300 milliards d'euros" d'épargne qui quittent l'Europe chaque année pour les marchés étrangers. "Il faut que cela change. Nous devons tirer parti de cette énorme richesse pour créer de la croissance ici en Europe", a-t-elle déclaré. 

Fonds européen pour la compétitivité

Elle entend aussi mobiliser davantage l'investissement public et souhaite la création d'un "fonds européen pour la compétitivité" axé "sur des projets européens communs et transfrontaliers" en soutien au Pacte pour une industrie propre. Si des inquiétudes se sont fait jour ces dernières semaines sur sa volonté de créer une grande direction de l'investissement qui engloberait la politique de cohésion (voir notre article du 24 juin), Ursula von der Leyen s'est voulue rassurante. "Je m'engage à défendre une politique de cohésion forte, conçue en partenariat avec les régions et les pouvoirs locaux", a-t-elle assuré. On n'en saura pas plus à ce stade.

Au-delà de l'IA et des technologies propres, Ursula von der Leyen place la défense européenne au premier rang de ses priorités d'investissements et appelle à la sempiternelle création d'une Union européenne de la défense, comprendre plutôt un "marché européen de la défense", l'Otan étant amenée à rester "le pilier de notre défense collective".

Quelques mois après la profonde crise agricole européenne, qui avait conduit au lancement d'un "dialogue stratégique sur l'avenir de l'agriculture en Europe (voir notre article du 24 janvier), Ursula von der Leyen a annoncé une "nouvelle stratégie européenne pour notre agriculture et notre secteur alimentaire", promettant de vouloir faire "tout ce qui est en [son] pouvoir pour assurer un revenu équitable aux agriculteurs". Elle a également évoqué un plan d'adaptation de l'agriculture au changement climatique, accompagné d'une "stratégie pour une gestion durable de la ressource précieuse que constitue l'eau".

Un commissaire au logement

Elle a par ailleurs indiqué qu'elle nommerait pour la première fois un commissaire au logement qui sera chargé d'élaborer "un plan européen pour des logements abordables".

On retiendra enfin sa proposition de "bouclier européen de la démocratie" qui se traduira par une "structure dédiée à la lutte contre les manipulations de l'information et les ingérences étrangères".

"La présidente élue de la Commission va maintenant envoyer des lettres officielles aux chefs d'État et de gouvernement des États membres pour les inviter à présenter leurs candidats aux postes de commissaires européens", a rappelé dans un communiqué le Parlement européen qui auditionnera chacun de ces candidats "après l'été". 

 

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