ZFE à Toulouse : les véhicules Crit'Air 3 vont pouvoir continuer à rouler
Le conseil métropolitain de Toulouse a adopté ce 12 octobre une délibération permettant aux véhicules portant une vignette Crit'Air 3 de continuer à circuler dans sa zone à faibles émissions (ZFE), alors qu'ils devaient être interdits au 1er janvier 2024. Cette mesure, qui concerne les véhicules essence immatriculés avant le 1er janvier 2006 et les moteurs diesel immatriculés avant le 1er janvier 2011, a pu être prise car la qualité de l'air s'est améliorée dans la Ville rose en 2022. Les véhicules plus polluants, les Crit'Air 4, 5 et hors catégorie, restent, eux, interdits d'accès à la ZFE, même s'ils peuvent disposer d'un pass dérogatoire de 52 jours par an.
Le ministère de la Transition écologique avait indiqué en juillet que Toulouse ne dépassait plus régulièrement le seuil réglementaire de dioxyde d'azote (NO2), qui est de 40 µg/m³, et basculait "en zone de vigilance", comme Grenoble et Reims, ce qui lui permet de "décider de suspendre les prochaines étapes de son calendrier de restrictions". La mesure devra néanmoins être réexaminée si de nouveaux dépassements de seuil sont constatés sur trois années minimum, pendant une période de cinq ans.
Le non-dépassement du seuil ne signifie pas pour autant que l'air est sain : Toulouse, comme presque toutes les agglomérations françaises, dépasse encore largement les valeurs recommandées par l'OMS, de 10 µg de NO2/m3. "Vous faites le choix d'abandonner les populations les plus exposées" à la pollution de l'air, a déclaré lors des débats Thomas Karmann, conseiller métropolitain écologiste, tandis que Caroline Honvault, du groupe d'opposition Alternative pour une métropole citoyenne, dénonçait une "politique de l'autruche".
Le débat sur la mise en place des ZFE est devenu explosif début 2023, sur fond de crise du pouvoir d'achat car les véhicules moins polluants, hybrides ou électriques, sont plus chers à l'acquisition. Une consultation organisée par le Sénat, dont les résultats ont été présentés fin mai, a montré que 86% des particuliers et 79% des professionnels se disaient opposés au déploiement des ZFE (lire notre article) et une mission d'information "flash" du Sénat a présenté des propositions à la mi-juin pour désamorcer la grogne sociale (lire notre article). Dans la foulée, une proposition de loi a même été déposée.
Le ministère de la Transition écologique a de son côté promis de présenter à l'automne des mesures d'"acceptabilité" sociale pour la mise en place des ZFE. Il doit s'inspirer d'un rapport de l'association France urbaine - dont le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, est le premier vice-président - qui propose notamment de doubler les aides de l'État pour l'achat de véhicules moins polluants.