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Vingt-trois grands ponts du réseau routier français ont besoin de travaux

Vingt-trois des principaux ponts du réseau routier national ont besoin de travaux plus ou moins urgents, selon une première liste de l'état des 164 plus grands ouvrages du pays, publiée ce 26 septembre par le ministère des Transports.

La ministre des Transports Elisabeth Borne avait promis la publication de la liste de l'état des plus grands ponts du réseau routier national, après l'effondrement du viaduc autoroutier de Gênes, en Italie, qui a fait 43 morts le 14 août. C'est chose faite depuis ce 26 septembre, sur le site internet du ministère. La liste ne concerne pour l'instant que 164 ouvrages importants - 42  directement entretenus par l'Etat et 122 autres confiés aux sociétés d'autoroutes - et a vocation à être progressivement étendue.
L'état des ouvrages est classé en cinq catégories, du 1 très satisfaisant aux 3 et 3U nettement plus préoccupants. "Cette classification de l'état des ponts est un outil pour indiquer le niveau des réparations nécessaires et leur degré d'urgence. Elle ne traduit pas de risque de sécurité", a souligné le ministère dans un communiqué. "Le réseau est sûr en France, y insiste-t-on. Il est vraiment sous surveillance renforcée !". En cas de problème, les autorités n'hésiteront pas à limiter la vitesse ou le poids des véhicules autorisés, voire à fermer préventivement l'ouvrage.

Deux ouvrages dont la structure est "gravement altérée"

Dans la liste publiée ce jeudi, un seul ouvrage est classé en catégorie 1, "en bon état apparent". Classés bizarrement hors catégorie, le viaduc de Millau (sur l'autoroute A75, dans l'Aveyron) et le pont de Normandie (N1029, entre la Seine-Maritime et le Calvados) sont aussi en très bon état. La plupart des ponts sont en catégorie 2, avec des "défauts mineurs", ou 2E, sous-catégorie de la précédente "dont les risques d'évolution des désordres peuvent à court terme affecter la structure". La catégorie 3, celle des "ouvrages dont la structure est altérée et nécessite des travaux de réparation, sans caractère d'urgence", comprend 21 ponts.
Enfin, la catégorie 3U comprend deux "ouvrages dont la structure est gravement altérée et nécessite une intervention urgente" : le viaduc de Caronte sur l'A55 à Martigues (Bouches-du-Rhône) et celui d'Echinghen près de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) sur l'A16. Les deux ouvrages sont en travaux. Le premier est déjà sorti de la catégorie 3U mais il faudra une nouvelle inspection pour confirmer cette amélioration, a précisé le ministère des Transports. Après de premiers travaux de réparation à l'automne 2017, des travaux complémentaires ont été programmés sur le viaduc d'Echinghen. Ils devraient être achevés fin 2019.
Quant au viaduc de Gennevilliers sur l'A15 (entre les Hauts-de-Seine et le Val-d'Oise), dont un mur de soutènement s'est affaissé en mai, il est classé en 2E.
De fait, la classification des ouvrages est parfois un peu datée, puisque les visites d'évaluation ont lieu tous les trois ans en moyenne. Elles s'intercalent entre des contrôles annuels et des inspections détaillées tous les six ans (les actions de surveillance étant plus fréquentes en cas de problème).
 

800 millions d'euros consacrés à l'entretien

"On a des ponts qui ne sont pas tous tout neufs", a sobrement commenté Elisabeth Borne, ce mercredi matin sur CNews. "Je n'ai pas attendu la catastrophe de Gênes pour agir sur l'entretien, la remise en état du réseau national". Un audit indépendant du réseau non concédé qu'elle a commandé l'an dernier en arrivant au gouvernement montre en effet qu'il faut refaire plus de la moitié des chaussées et qu'un tiers des ponts doivent être réparés, même s'il ne s'agit souvent que de petites réparations destinées à prévenir l'apparition de plus gros problèmes. Dans 7% des cas, les dommages ont été jugés plus sérieux, présentant un risque d'effondrement à terme si rien n'est fait. L'audit préconisait d'augmenter le budget consacré à l'entretien du réseau à environ 1 milliard d'euros par an. Le gouvernement entend le faire passer de 700 à 800 millions d'euros "dès cette année" et à 930 millions d'ici 2023.

Les collectivités invitées à compléter le diagnostic

Quant aux très nombreux ponts entretenus par les collectivités sur les routes départementales et communales, Elisabeth Borne a dit être en contact avec elles "pour voir si elles ont bien toutes les ressources pour faire les diagnostics sur ces ouvrages". Le gouvernement les invite "à achever au plus vite la mise en commun des données relatives aux principaux ouvrages d'art", a indiqué le ministère. "Et puis on aura à réfléchir avec elles sur les moyens de remettre en état, le cas échéant, ces ponts", a promis Elisabeth Borne.