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Couverture numérique - Vers une France 100% numérique ?

Couverture en téléphonie mobile, ADSL, wimax et télévision numérique terrestre : le gouvernement met les bouchées doubles pour tenir ses engagements d'un pays 100% numérique à la fin de l'année 2007, avec l'appui des collectivités. De l'accès à ces technologies dépendent l'attractivité des territoires ou leur déclin dans une compétition à l'échelle régionale, européenne, voire internationale.

Au 31 décembre 2006, plus de la moitié du programme de couverture des 3.073 communes en zone blanche recensées dès 2003 a été réalisée : 1.071 sites ont été déployés couvrant 1.683 communes, dont près des deux tiers sur la seule année 2006. Christian Estrosi, ministre délégué à l'Aménagement du territoire, s'est félicité de ce bilan, le 17 janvier 2007 au ministère de l'Intérieur, aux côtés de Frank Esser, PDG de SFR, Philippe Montagner, PDG de Bouygues Telecom, Jean-Noël Tronc, directeur général d'Orange France, et de Thierry Carcenac, président du conseil général du Tarn et de la commission TIC de l'Assemblée des départements de France (ADF). "Je tiens à rendre un hommage appuyé aux conseils généraux qui ont réalisé près des trois quarts des pylônes dont ils avaient la charge. Je remercie également les opérateurs de téléphonie mobile qui ont équipé les sites mis à disposition par les départements en moins de trois mois en moyenne", a insisté le ministre. Après quelques "tergiversations" au démarrage (91 communes couvertes en juin 2005, 577 fin 2005), le programme est donc en voie d'achèvement. Unique en Europe, ce plan de couverture en deux phases - une avec l'aide de fonds publics, l'autre à la seule charge des opérateurs - est cofinancé par l'Etat (64 millions d'euros dont 20 millions de fonds de compensation de la TVA), les opérateurs (150 millions d'euros chacun), les collectivités et des fonds européens. "Le calendrier de déploiement s'est beaucoup accéléré. Cela peut paraître long mais la réalisation concrète des études, l'installation puis l'activation des antennes nécessitent 24 mois en moyenne", a reconnu Thierry Carcenac au nom de l'ADF, acteur solidaire de cette opération. Pour aller plus vite et économiser (150.000 à 200.000 euros d'investissement par site), les opérateurs mobiles ont appris à travailler ensemble, en se répartissant l'installation technique des antennes relais, grâce au système d'itinérance locale (un seul équipement pour accueillir les trois réseaux, dans 70% des cas) ou par mutualisation (les équipements des trois réseaux sur un même pylône). En outre, "les opérateurs ont joué le jeu en lançant à grande échelle, la phase 2, avant que 50% des sites cofinancés de la phase 1 ne soient effectivement en place, comme le prévoyait nos accords", a convenu Christian Estrosi.

Couverture de 300 communes supplémentaires et des axes routiers prioritaires

Satisfait, le ministre a profité de ce bilan pour annoncer deux nouvelles mesures en faveur de la couverture GSM des territoires. La première vise à desservir environ 300 communes "laissées pour compte " lors du recensement de 2003 : "Cela sera fait à volume de sites et donc à volume financier constants pour tous les partenaires grâce à l'optimisation du déploiement déjà réalisé qui a permis d'économiser environ 10%", a précisé Christian Estrosi. Une consultation locale est en cours sous l'égide des préfets de région pour déterminer les communes concernées. La seconde mesure s'attaque à la couverture des axes de transport prioritaires, déjà inscrite dans les obligations des licences des opérateurs qui viennent ou sont en cours d'être renouvelées. Il s'agira notamment de couvrir "les axes routiers où le trafic est supérieur à 5.000 véhicules par jour", a dévoilé le ministre. Des concertations sur le sujet sont prévues "dans les prochaines semaines" avec les opérateurs, les associations d'élus, l'Autorité de régulation des communications électroniques (Arcep) et Patrice Martin-Lalande, député du Loir-et-Cher, qui a déposé une proposition de loi en ce sens. Ces deux nouvelles mesures devraient être validées au cours du prochain Comité interministériel à l'aménagement et au développement du territoire prévu au premier trimestre 2007.

Haut débit et télévision numérique terrestre

Tout ne va pourtant pas pour le mieux dans le meilleur des mondes... Car si le plan de couverture en téléphonie mobile pourrait effectivement être achevé d'ici fin 2007, les efforts des opérateurs ne concernent que la voix et pas la "3G" (troisième génération : Edge, GPRS ou UMTS) et encore moins la télévision sur le mobile. Déjà "certains services ne sont pas accessibles dans les sites en cours d'équipement du fait de l'itinérance locale", a reconnu Jean-Noël Tronc pour Orange France. Il convient également de mentionner que quelques Conseils généraux (entre quatre et huit selon les services du ministre) semblent traîner des pieds pour entrer dans le dispositif. Quant aux zones grises, c'est-à-dire ces bourgs centres ou villages desservis par au moins un opérateur de téléphonie mobile, elles devront attendre le bon vouloir des opérateurs pour profiter d'offres concurrentes. "Sur le principe, les opérateurs sont prêts mais il reste à définir les modalités, dans le respect de la concurrence et du dialogue avec l'Arcep", a précisé le ministre. 200 sites en 2006 et le même nombre en 2007 devraient être concernés. De même du côté du déploiement de l'ADSL, "les progrès sont considérables" et "nous approchons aujourd'hui les 98% de couverture par l'ADSL", s'enthousiasme Christian Estrosi. Mais des zones blanches subsistent. Les dernières cartes mises en ligne sur le site de la Délégation interministérielle à l'aménagement et à la compétitivité des territoires, en établissent le constat, notamment pour ce qui concernent les petites et moyennes entreprises. "Les déploiements du wimax (deux licences attribuées par région) vont s'intensifier en 2007, ce qui permettra d'atteindre une couverture haut débit cumulée de plus de 99%", espère le ministre. "Moins de deux ans après son lancement en mars 2005, la télévision numérique terrestre (TNT) couvre aujourd'hui deux Français sur trois. En 2007, le déploiement sera poursuivi pour atteindre 80% de la population, avec notamment une nouvelle phase de déploiement dès le mois de mars", précise Christian Estrosi.
"Aujourd'hui, l'attractivité et le développement économique d'un territoire ne peuvent plus se concevoir sans l'accès à ces nouvelles technologies. C'est pourquoi j'ai l'ambition que d'ici fin 2007, la France devienne un territoire 100% numérique", a conclu le ministre. De leur côté, les élus locaux, ruraux ou périurbains, constatent encore, chaque jour, face aux attentes de leurs électeurs et sur le terrain, des écarts persistants entre couverture statistique et couverture effective des territoires.


Luc Derriano / EVS