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Décentralisation - Vers des "communautés métropolitaines" de rayonnement européen

Reçus à Matignon le 7 novembre, les représentants des grandes villes ont obtenu quelques précisions sur le futur statut de "communautés métropolitaines".

"C'est là où très largement se joue l'économie de la France", a déclaré le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, qui recevait les maires de grandes villes, le 7 novembre à Matignon. Selon l’ancien maire de Nantes, les grandes villes concentrent "40% de l’économie productive" (les villes moyennes, elles, revendiquent 60% de la richesse productive, ce qui laisse songeur sur le reste du territoire...).
Le but de cette réunion était notamment de discuter du statut des futures métropoles de dimension européenne qui figurera dans le projet de loi sur la décentralisation. Dans la foulée d’une précédente réunion du président de la République avec les représentants de l’Association des maires de grandes villes (AMGVF) et de l'Assemblée des communautés urbaines (Acuf), le 30 octobre dernier, le gouvernement s’oriente vers la création "communautés métropolitaines" qui se substitueraient aux actuelles métropoles de la loi du 16 décembre 2010 jugées trop rigides. A noter que Paris, Lyon, Marseille, voire Lille (si elle le souhaite), auraient un statut à part.
 

Rayonnement européen

La réunion n’a pas permis d’arrêter le nombre potentiel de ces nouvelles communautés. La ministre de la Décentralisation Marylise Lebranchu en avait désigné une dizaine le 19 octobre, lors du congrès des régions, mais d’autres préfèreraient une sélection plus étroite. Quoi qu’il en soit, à l’inverse des métropoles, le critère ne sera pas démographique (au moins 500.000 habitants), mais bien celui du rayonnement européen : grands aéroports, universités, laboratoires de recherche, centres hospitaliers… Quatre fonctions stratégiques devraient ainsi être définies : la mobilité et les transports, le logement, la transition énergétique et le développement économique incluant le numérique.
Les communautés urbaines auraient de fait vocation à prendre ce nouveau statut. Dans le même temps, les communautés d’agglomération deviendraient, elles, des communautés urbaines.
Les pôles métropolitains créés par la réforme de 2010 seront maintenus. Il s’agit ici non pas de collectivités à statut particulier mais de réseaux d’échanges entre aires urbaines proches. Huit de ces pôles ont été créés à ce jour.
"L’idée est de tirer tout le monde vers le haut", explique-t-on à l’AMGVF. L’articulation se fera à travers les pactes de cohérence territoriale préparés au sein des conférences des exécutifs locaux, sachant que les régions vont voir leur rôle renforcé avec de nouveaux transferts de l’Etat. "On prendrait en compte les différences territoriales, les contraintes de chacun sachant que la clause générale de compétence sera rétablie pour tous. Il faudra contractualiser", poursuit la même source. La notion de chef de filat étant amenée à disparaître, il sera difficile de faire taire les rivalités entre les différents niveaux… En cas de mésentente, l’Etat a déjà fait savoir qu’il aurait le dernier mot. 

Michel Tendil

 

Les métropoles européennes veulent plus de reconnaissance de Bruxelles

Les représentants des maires de 140 grandes villes d'Europe réunies au sein du réseau Eurocities ont exprimé à Nantes mercredi 8 novembre leur volonté de voir leur poids et leur rôle politique mieux reconnu au sein des institutions de l'Union européenne.
"Nous sommes le niveau d'action le plus près des citoyens, nous voulons jouer un rôle plus important dans le futur de la communauté des Européens", a souligné le maire de Gand (Belgique), Daniel Termont, lors d'une conférence de presse commune de plusieurs des maires. "Nous devons parvenir à jouer un rôle plus important au sein de l'Europe", a-t-il ajouté.
"Aujourd'hui, l'Europe, ce sont des mesures techniques qui deviennent des abstractions : comment nous, avec l'Europe, nous pouvons construire une nouvelle citoyenneté européenne, donner le goût de l'Europe par des exemples", s'est interrogé le maire de Nantes, Patrick Rimbert, en soulignant que l'ensemble des villes d'Eurocities représentaient à elles seules 130 millions de personnes en Europe.
"Le fait urbain a été reconnu par l'Europe: nous demandons qu'il se traduise par des programmes que nous puissions maîtriser dans nos villes et (nous demandons) aussi d'avoir des relations avec le Parlement européen", a ajouté Patrick Rimbert.
Créé en 1986 pour favoriser les échanges d'expérience, Eurocities, présidé depuis deux ans par le maire de Copenhague, Frank Jensen, réunit quelque 140 agglomérations européennes de plus de 250.000 habitants. La réunion d'Eurocities à Nantes, entamée mercredi, doit s'achever samedi.
AFP