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Vélo : un plan national pour passer à la vitesse supérieure

Inédit dans son volet infrastructures, le plan de développement du vélo annoncé fin 2017 et enfin dévoilé ce 14 septembre par Édouard Philippe doit notamment permettre d'accélérer le cofinancement de projets cyclables. Le gouvernement entend tripler la part de la bicyclette dans les déplacements quotidiens d'ici à 2024.

Jamais deux sans trois ! Le 14 septembre, lors d'un déplacement à Angers (Maine-et-Loire), le Premier ministre, Édouard Philippe, a détaillé, aux côtés des ministres Élisabeth Borne (Transports) et François de Rugy (Transition écologique), la vingtaine de mesures contenues dans ce troisième plan national de développement du vélo. Inscrit dans un projet plus large, avec la future loi d'orientation des mobilités (LOM), qui doit être présentée en octobre avant un passage l'an prochain devant le Parlement, ce plan est assorti, à la différence des deux précédents plans de 2012 et 2014 (voir notre article dans l'édition du 6 mars 2014), d'objectifs, de financements dédiés et même d'un appel à projets de l'Ademe.

Cibler la résorption des discontinuités cyclables

Le plan acte la création d'un fonds qui sera intégré à la trajectoire pluriannuelle de l'Agence de financement des infrastructures de transport de France (Afitf) et destiné à aider les territoires à se doter de réseaux structurants de pistes cyclables. Entre les communes, les départements et les régions, le cofinancement est de mise pour financer ces infrastructures. Et l'enjeu de résorption des coupures et de discontinuités des itinéraires est connu. Ponts, tunnels, échangeurs autoroutiers... Cet enjeu est documenté mais pas assez, même s'il existe des cartes des discontinuités cyclables (par exemple en Île-de-France). "Or ces discontinuités créent un sentiment d'insécurité", pointe Édouard Philippe. Les corriger nécessitera, on le devine, des travaux importants. Les premiers appels à projets visant à identifier ces coupures et discontinuités seront lancés en 2019. "L'accompagnement de l'État sur cet enjeu est une première."
Doté de 350 millions d'euros sur sept ans, soit 50 millions d'euros par an, il aidera donc les collectivités locales à cofinancer les travaux en vue d'améliorer le maillage cyclable. Des associations qui préconisaient la création d'un fonds à hauteur de 200 millions d'euros par an estiment l'enveloppe insuffisante. Le Conseil d'orientation des infrastructures (COI), chargé de conseiller le gouvernement, s'en était rapproché en fixant une enveloppe vélo de 350 millions d'euros pour quatre ans. Ce sera finalement sur sept ans. Pour les associations du Réseau Action Climat (FNH, FNE, WWF, FUB, FNAUT, Greenpeace), le compte n'y est pas au vu du retard significatif à rattraper : "50 millions d'euros par an pendant sept ans, c'est 7 centimes d'euros par habitant par an. Soit quatre fois moins que les besoins annuels réels pour résorber ce retard", regrettent-elles.

Généraliser le contre-sens cyclable

Le gouvernement martèle aussi son ambition de tripler la part de la bicyclette dans les déplacements quotidiens des Français pour atteindre 9% en 2024 et pour dépasser la moyenne européenne de 7% "qui est elle-même constituée d'écarts importants", a ajouté Édouard Philippe : "La part française de 3% est trop faible, nous ne sommes pas très bons, reconnaissons-le." Pour l'améliorer, l'accent est mis sur la sécurité des cyclistes : "Chacun doit pouvoir prendre un vélo sans avoir le sentiment de se mettre en danger." Sauf en cas de danger avéré, le contre-sens cyclable sera généralisé : déjà obligatoire dans les zones à 30 km/h, il sera étendu à toutes les rues à 50 km/h en agglomération. Une mesure qui vise directement les collectivités et donnera certainement à leurs services du fil à retordre !
Le plan prévoit également la systématisation en ville des sas vélos en amont des feux tricolores. Ils devraient être rendus obligatoire pour les nouveaux équipements à compter de l'année prochaine. Autre mesure concrète mais pas si nouvelle (annoncée début 2018 dans un comité interministériel à la sécurité routière) : améliorer pour les cyclistes la visibilité aux passages piétons, souvent réduite en amont par des emplacements de stationnement automobile. Le plan mise aussi sur la pédagogie, avec un volet éducatif et la généralisation d'ici à 2022 d'un apprentissage de la mobilité à vélo avant l'entrée au collège (déjà appliqué dans certaines académies). Il comporte aussi des mesures visant à lutter contre le vol et le recel de vélos (généralisation du marquage des vélos neufs).

Encourager les trajets domicile-travail

Pour remplacer l'indemnité kilométrique vélo (IKV), "un bon dispositif mais trop complexe à mettre en œuvre" estime Édouard Philippe, le gouvernement propose un dispositif forfaitaire, plus simple mais qui restera facultatif pour les collectivités et entreprises. Grâce à ce "forfait mobilité durable", elles pourront proposer à leurs salariés une indemnité atteignant 400 euros par an. "Soit un plafond deux fois plus élevé que le précédent dispositif facultatif", souligne-t-il. Par souci d'exemplarité, l'État employeur va de son côté instaurer en 2020 un forfait de 200 euros pour l'ensemble de ses agents. Enfin, le plan promet des mesures de soutien à l'achat de vélos à assistance électrique et d'aide au déploiement de flottes de vélos par les entreprises.