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Mobilité - Véhicules sans conducteur : une route encore semée d'embûches

Depuis quelques années, des tests de navettes autopilotées sont menés dans plusieurs villes de France. Aujourd'hui, le rythme s'accélère. La Rochelle, ville pionnière en la matière, entre dans la seconde phase du projet européen CityMobil. Alors que Strasbourg teste les navettes Navia. Mais un frein persiste : l'homologation de ces nouveaux types de véhicules.

De novembre 2014 à avril 2015, la communauté d'agglomération de La Rochelle va tester six véhicules électriques de dix places, sans conducteur, dans l'espace urbain. La première expérimentation remonte à 2008, en circuit fermé. La deuxième étape s'est déroulée pendant trois mois, de mai à juillet 2011 : deux Cybercars ont roulé sur une distance de 800 m à une vitesse de 10 km/h sur un circuit ouvert aux piétons, aux cyclistes et à un faible trafic automobile. Construits à partir d'un véhicule électrique Yamaha, ces deux prototypes de Cybus avaient été mis au point par l'Inria (Institut national de recherche en informatique et en automatique). Ils étaient munis de deux scanners laser de 180° et d'odomètres pour la localisation et la détection d'obstacles. Résultat : plus de 1.000 passagers ont effectué un trajet à bord du Cybus. Dans la continuité de cette expérimentation, la Rochelle est donc à nouveau retenue pour participer à CityMobil2, aux côtés de douze autres sites européens. Conçus par Robosoft (start-up d'Inria), les véhicules automatisés seront équipés de technologies laser et GPS pour détecter les obstacles. Ils circuleront sur 1,7 km avec un opérateur. Car pour l'instant, le code de la route rend obligatoire la présence humaine à bord.

Un travail d'homologation

Les aspects réglementaires sont en effet loin d'être démêlés, comme a pu le constater la communauté urbaine de Strasbourg (CUS), lancée également dans un projet européen de mobilité. "Nous avons finalement pu trouver une solution provisoire pour l'expérimentation avec le ministère des Transports et celui de l'Intérieur", expose Céline Oppenhauser, chef de projet Mobilité innovante à la CUS. Mais le marché n'existe pas en France, car l'homologation des véhicules est actuellement impossible. Le travail réglementaire sur ce dossier est donc capital. "L'un des objectifs du projet est d'apporter des éléments d'informations pour pouvoir faire avancer la législation nationale", ajoute Max Lefèvre, directeur Marketing du constructeur Induct.

Navia en test à Strasbourg

Le projet City Alternative Transport System (Cats) se déroule sur 2010-2014 et vise à diminuer le nombre de voitures en ville (enveloppe totale de 2,9 millions d'euros). La communauté urbaine a pris à sa charge la réalisation des infrastructures (deux stations et quatre arrêts) pour un coût de 120.000 euros. Le financement des véhicules est entièrement européen. "Dans notre cas, il s'agit de rabattre les usagers vers le réseau de tram et de bus. L'objectif est de développer la complémentarité des moyens de transport et trouver une solution pour le dernier kilomètre. C'est déjà le cas avec le vélo. La navette est une alternative au vélo et à la marche à pied. Nous étions partis sur un projet différent (Cristal) qui a dû être abandonné en 2013 par défaut de l'industriel partenaire (Lorh industrie). Le coordonnateur européen de Cats a ensuite sélectionné le constructeur Induct et nous a proposé de tester la navette Navia", explique la chef de projet.

Marche à blanc

Le test s'effectue depuis novembre (avec une interruption de deux mois) au parc d'innovation d'Illkirch-Graffenstaden (site ouvert, sans transit, 5.000 emplois) sur une boucle de 2,3 km qui dessert le tram avec quatre véhicules. La navette peut transporter huit personnes et dispose d'une autonomie de sept heures (rechargement par induction aux arrêts). Aux heures de pointe, les navettes pourraient fonctionner en convoi (sans attelage). Elles pourraient également répondre au transport à la demande, via une borne, internet ou un smartphone.

Ombre au tableau

Pour l'instant, c'est un test à blanc, sans passagers, permettant d'améliorer le produit. "Il est actuellement difficile d'atteindre les 15 km/h à cause de l'hypersensibilité des équipements aux mouvements dynamiques", note Céline Oppenhauser. Prévu jusque fin mars, le test devait se poursuivre avec des passagers préinscrits. Mais le tribunal a prononcé le 27 mars la liquidation judiciaire d'Induct, qui est en attente d'un repreneur.

 

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