Vaccination contre le papillomavirus : qui va s'en charger ? s’interroge Départements de France
Emmanuel Macron, accompagné des ministres de la Santé et de l'Education, François Braun et Pap Ndiaye, a annoncé mardi 28 février 2023 une campagne de vaccination "généralisée" contre le papillomavirus dans les collèges pour les élèves de 5e à partir de la rentrée 2023. La vaccination ne sera pas obligatoire - pour le moment - et un accord parental sera nécessaire. Le chef de l’Etat a ajouté que "la prescription et la vaccination contre le HPV (papillomavirus) pourront être réalisées par les pharmaciens, sages-femmes et infirmiers", sans préciser qui, dans les collèges, s’en chargera concrètement.
"La question des moyens humains mobilisables devra être résolue", a réagi François Sauvadet, président de Départements de France dans un communiqué de presse du 1 mars 2023, espérant que "l'État s’apercevra de la grande misère de la médecine scolaire et du type de prévention de la santé de l’enfant à partir de 6 ans qui en résulte". A cette occasion, il a rappelé que les départements, en charge de la protection maternelle et infantile, assurent le suivi prénatal et post natal des futures mères et la santé de leurs enfants de la naissance à l’âge de 6 ans. La médecine scolaire fonctionnant avec un ratio d’un médecin pour 13.300 élèves, "il est peu envisageable de s’appuyer sur la médecine scolaire", estime l'association. Cela dit, elle se déclare prête "à étudier avec l’État les moyens d’investir dans le suivi et la prévention de la santé des jeunes Français". Il faut "pour cela organiser le transfert, non pas de ce qu’est devenue la médecine scolaire, mais bien de ce qu’elle devrait être si l’Éducation nationale ne s’en était pas totalement désintéressée depuis 30 ans", prévient Départements de France. Parmi ses 102 propositions "pour mieux agir au service des Français" adoptées en 2021, l'une d'elle portait, précisément, sur le transfert, aux départements de la médecine scolaire, afin de permettre une continuité dans le suivi de la santé de nos jeunes, de leur naissance à leur majorité.
Rappelons que les infections du HPV (papillomavirus) sont la plupart du temps bénignes. Toutefois si elles persistent, elles peuvent aboutir à un cancer : les HPV sont responsables de 2.900 cancers du col de l'utérus provoquant environ 1.000 décès par an, 1.500 cancers de la sphère ORL, 1.500 cancers de l'anus, 200 cancers de la vulve ou du vagin et une centaine de cancers du pénis. Fin 2021, 45,8% des jeunes filles de 15 ans avaient reçu une dose de vaccin, et seulement 6% des garçons du même âge, alors que la stratégie décennale de lutte contre les cancers 2021-2030 vise un objectif de 80% d'ici sept ans. La vaccination est aujourd'hui recommandée pour les filles et les garçons entre 11 ans et 14 ans. Une expérimentation en milieu scolaire menée dans le Grand Est pendant deux ans a montré de bons résultats chez les jeunes scolarisés en 5e : le taux de vaccination est passé de 9% à 27% la première année et de 14% à 31% la seconde.