Une stratégie nationale pour structurer et transmettre les métiers d'art
La stratégie nationale en faveur des métiers d'art vient d'être dévoilée. Elle met l'accent sur l'information, l'orientation et la formation des jeunes, mais aussi sur la consolidation des professionnels sur tout le territoire et leur développement à l'international.
La ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, et la ministre déléguée chargée des petites et moyennes entreprises, du commerce, de l'artisanat et du tourisme, Olivia Grégoire, ont présenté le 30 mai la stratégie nationale en faveur des métiers d'art. Le but ? Mieux préserver et transmettre ces métiers. Le gouvernement estime en effet que ce secteur, composé d'"entreprises uniques qui détiennent un savoir-faire d'excellence alliant tradition et innovation" souffre "de son éclatement, d'un manque de structuration en tant que filière, d'un manque de lisibilité et de visibilité, que ce soit en France ou à l'international".
340 millions d'euros seront consacrés, ces trois prochaines années, à un plan d'actions structurant en cinq axes : jeunesse, formation, territoires, innovation et développement international. Il s'appuiera sur les manufactures nationales ainsi que sur l'Institut national des métiers d'art, les chambres des métiers et de l'artisanat, Bpifrance et la Banque des Territoires.
Susciter des vocations, renforcer les formations
"Insuffisamment valorisés auprès des jeunes", les métiers d'art vont tout d'abord faire l'objet de mille offres de stage en classe de troisième partout en France dès la fin 2023. De plus, les fiches d'orientation de l'Onisep sont en cours de réécriture afin de les rendre plus accessibles et plus conformes à la réalité des métiers et des formations. Cette volonté de susciter des vocations va encore se traduire par l'organisation sur tout le territoire, via l'Institut national des métiers d'art (Inma), d'ateliers pratiques de découverte des métiers d'art en direction des collégiens et par la mise en place d'un référent "découverte des métiers" dans chaque collège. La jeunesse est encore visée l'ouverture du Pass culture à 730 nouvelles activités pour permettre de découvrir les métiers d'art par la pratique.
Cette même logique visant à attirer les jeunes talents va être déployée dans les lycées professionnels, où 15.000 élèves se forment aux métiers d'art. Parmi les mesures-clés, on relève le versement d'une allocation de stage durant les périodes de formation en entreprise. Pour les métiers d'art, ce sont environ 20 millions d'euros supplémentaires qui seront mobilisés chaque année. Les formations vont par ailleurs être repensées. Un comité interministériel sera créé pour engager la réflexion sur certains diplômes et mieux répondre aux aspirations des jeunes et aux besoins des entreprises. Le gouvernement évoque déjà une piste : renforcer les aspects pratiques des formations.
En termes de formation toujours, le plan prévoit la création de cinq postes de délégués territoriaux au sein de l'Inma afin que les centres de formation bénéficient d'un accompagnement dans leurs démarches de reconnaissance auprès de France Compétences et sécurisent ainsi leur financement.
Faire vivre les métiers d'art sur tout le territoire
Côté aménagement du territoire, le plan rappelle que dans le cadre de France 2030, 46,8 millions d'euros sont dédiés à la création de pôles territoriaux des industries culturelles et créatives, en majorité centrés sur les métiers d'art. Ainsi, à l'occasion du premier appel à manifestation d'intérêt, 80 dossiers concernaient les métiers d'art. Les projets retenus devront affiner leurs propositions en vue d'une sélection finale à la rentrée 2023.
En outre, les artisans d'art pourront désormais bénéficier d'une allocation d'installation d'atelier ou d'achat de matériel via les directions générales des affaires culturelles (Drac), et dix nouvelles manufactures de proximité seront lancées en 2024. Le "tourisme de savoir-faire" n'est pas oublié : pendant deux ans, une expérimentation va mettre en avant les lieux d'intérêts patrimoniaux et artisanaux dispersés en les structurant sous forme de circuits. De même, un fonds de soutien aux métiers d'art, mis en œuvre par la Fondation du patrimoine, soutiendra les projets locaux qui mobilisent les métiers du patrimoine les plus fragiles, et une mission sera créée pour développer les indications géographiques artisanales, qui ne sont qu'au nombre de treize actuellement.
Au chapitre recherche et innovation, le plan prévoit de cartographier les aides à l'innovation, de développer la recherche appliquée ou de conserver les métiers d'art en voie de disparition par la numérisation des gestes. Quant à l'ouverture à l'international, elle mobilisera notamment l'Institut français et Team France Export autour de plusieurs programmes afin de valoriser l'excellence française à l'étranger.
Une filière stratégique d'ici 2025
Enfin, l'enjeu est de conclure, d'ici 2025, en lien avec les acteurs privés, un contrat stratégique de filière "qui permettra de déployer en faveur des métiers d'art une grande politique économique et culturelle cohérente et durable".
281 métiers d'art regroupent des domaines aussi différents que le verre et le cristal, la céramique, le spectacle, le textile, la facture instrumentale, etc. Ils représentent plus de 60.000 entreprises et 150.000 professionnels pour un chiffre d'affaires cumulé estimé à 19 milliards d'euros en 2019, dont 8 milliards à l'export.