Une majorité de piscines s'apprête à investir pour réduire les factures d'énergie

Selon une enquête d'Asporta, près de six gestionnaires de piscines sur dix envisagent des investissements pour réduire la facture énergétique de leurs installations. Parallèlement, des mesures à court terme sont d'ores et déjà à l'œuvre.

Une large majorité de piscines publiques prévoit des investissements pour réduire les factures d'énergie, selon le dernier volet d'une enquête pilotée par Asporta (Association sport et agglomérations), l'Observatoire du sport français et l'université de Poitiers, et réalisée en collaboration avec, entre autres, l'Andes et Sports et territoires.

Pourquoi une telle décision ? Parce que, selon Asporta, l'envolée actuelle du coût de l'énergie a "un fort impact sur le fonctionnement des équipements aquatiques". D'autre part, le plan de sobriété proposé par le gouvernement dans le secteur du sport (lire notre article du 13 octobre) doit "inciter à prendre, sans plus tarder, à bras le corps le sujet".

Alors que le premier volet de l'enquête mettait en avant "une explosion du coût de l'énergie et son impact sur le fonctionnement des piscines" (lire notre article du 21 juillet), la suite cherche à répondre à la question "comment adapter au mieux votre centre aquatique face à la crise énergétique ?".

L'enquête, menée de février à octobre 2022, s'adressait aux exploitants de baignades d’accès payant (piscines, centres aquatiques, parcs aquatiques). Parmi les répondants, on recense 74,07% issus d'établissements en régie et 16,48% d'installations en délégation de service public.

Les outils de pilotage plébiscités

Les premiers constats confirment les résultats précédemment publiés. Ainsi, le gaz est de loin la source d'énergie la plus utilisée pour chauffer les piscines, devant l'électricité. Parmi les énergies renouvelables, très minoritaires, la biomasse est la plus utilisée (à travers le bois) devant le solaire photovoltaïque.

Au titre des points nouvellement abordés, on retiendra plus particulièrement les réponses concernant l'avenir. Ainsi, à la question "avez-vous prévu des investissements permettant de réduire la facture d'énergie ?" la réponse est "oui" pour 58,43% des gestionnaires.

Pour ceux-là, l'investissement le plus souvent envisagé est un outil de pilotage et d'optimisation des consommations (43,27% des répondants), devant une couverture thermique des bâtiments (25%) et un changement de l'énergie source (20,19%). Les autres investissements envisagés portent sur l'éclairage (6,73%) ou la géothermie (2,88%).

Baisser les températures… et repousser la vidange

En attendant, et c'est là un autre apport de l'enquête, des mesures touchant au fonctionnement des piscines ont déjà été prises afin de réduire les consommations d'énergie. Dans le cadre de la préparation budgétaire 2023, il a par exemple été demandé à 39,76% des gestionnaires ayant répondu de réduire la température de l'air dans les halles des bassins et à 50% d'entre eux de baisser celle de l'eau.

Pour réaliser des économies, d'autres actionneront le levier de la vidange. 31,46% des répondants ont en effet déclaré avoir reçu de la part de leur ARS (agence régionale de santé) une demande afin de repousser la vidange obligatoire prévue à l'été ou à la rentrée 2022. Certains ont déjà reporté cette échéance au dernier trimestre 2022 (25%), à l'hiver 2023 (12,50%) ou au printemps 2023 (3,57%), mais pour une large majorité (59,93%), aucune date précise n'a encore été retenue.

Pour Asporta, "les enjeux sont donc importants et les solutions à trouver immédiates mais elles doivent aussi s’inscrire dans la durée et imposer un changement de comportement collectif de la part des exploitants, des élus mais aussi des usagers." Et pour mieux sensibiliser le public, 28,32% des répondants envisagent une hausse des tarifs tandis que 34,10% ne savent pas encore s'ils opteront ou non pour cette solution.

  • Coûts de l'énergie dans les équipements sportifs : France urbaine tire la sonnette d'alarme

2,5 millions d’euros pour le Grand Nancy, 1,5 million d’euros à Dijon et Rouen, 700.000 euros à Bourges, 355.000 euros pour la communauté d’agglomération du Pays basque, tels sont les surcoûts actuellement liés à l’augmentation des fluides sur les budgets des sports, selon France urbaine.

Pour mesurer les répercussions de la crise énergétique sur l’ouverture des équipements et la gestion des budgets sportifs, l'association a sondé ses collectivités adhérentes.  Il en ressort que deux collectivités sur trois envisagent de maintenir l’ouverture de leurs équipements sportifs tout en alertant "du caractère précaire et fragile des décisions, tributaires de l’évolution de la crise énergétique et des mesures prises aux niveaux national et européen". Autrement dit, la perspective d’une fermeture doit "être prise au sérieux par les pouvoirs publics". 

Sans surprise, les fermetures totales ou partielles envisagées concernent prioritairement les piscines, mais d’autres mesures ont été prises ou sont en cours de discussion dans une majorité de grandes villes, agglomérations et métropoles : restriction des créneaux horaires pour les gymnases et terrains de plein air ou réduction des éclairages.

Par ailleurs, la crise actuelle met en lumière "le caractère énergivore des équipements sportifs, considérés comme passoires thermiques", et permet d’amplifier le message visant à un besoin d’investissements massifs et pluriannuels. Cependant, si les deux tiers des collectivités répondantes souhaitent le maintien voire la requalification à la marge de leurs investissements sportifs, d’autres attendent encore des arbitrages budgétaires pour avancer.

Enfin, côté fonctionnement et aides aux clubs, plus de la moitié des collectivités déclarent que les budgets seront sanctuarisés en 2023, tandis que d’autres annoncent des baisses jusqu'à -10%.