Une géographie de l'école souligne les disparités territoriales
Des écoles présentes partout, les lycées beaucoup plus rares, et une "valeur ajoutée" en deçà des attentes dans plusieurs départements ruraux, c'est ce que révèle une étude récente portant "un regard sur la diversité des écoles, collèges et lycées de France".
Parue au cœur de l'été 2023, une étude de la Depp (direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance du ministère de l'Éducation nationale) et du Conseil d'évaluation de l'école dresse un portrait sociogéographique des 59.260 établissements scolaires publics et privés sous contrat, s'attardant notamment sur les disparités territoriales. Disparités qu'il s'attache à montrer à un niveau aussi inhabituel que pertinent : le bassin de vie, autrement dit, "le plus petit territoire sur lequel les habitants ont accès aux équipements et services les plus courants".
Plus de la moitié des bassins de vie sans lycée
En ce qui concerne les 48.580 écoles primaires de France, si l'étude estime d'emblée qu'il y en a "sur tout le territoire", la moitié des 1.664 bassins de vie en comptent moins de 15 alors que la moyenne nationale s'établit à 29 par bassin de vie.
Contrairement aux écoles, les 6.960 collèges ne sont pas présents dans tous les bassins de vie. En effet, 3% d'entre eux (soit 51), ne disposent d'aucun collège, tandis que 65% (1.080 bassins de vie) n'en possèdent qu'un ou deux. De quoi relativiser l'affirmation de l'étude selon laquelle "les collèges offrent un service de proximité sur l'ensemble du territoire".
L'implantation des 3.720 lycées laisse apparaître ce que l'étude nomme avec raison "une répartition géographique très contrastée". Et pour cause : plus de la moitié des bassins de vie n'en ont aucun, et seuls 12,5% d'entre eux (209 bassins de vie) en dénombrent plus de trois.
Performances des lycées : les hauts et les bas de la ruralité
Exploitant les données issues de la publication à l'automne 2022 de l'Indice de position sociale (IPS, qui résume les conditions socioéconomiques et culturelles des familles des élèves) des établissements, l'étude confirme que le secteur privé sous contrat compte une part plus importante de collèges et de lycées ayant un IPS élevé que dans le secteur public. On note toutefois que plus un collège ou un lycée a un profil social défavorisé, plus les moyens d'enseignement y sont importants. Ce qui ne suffit toutefois pas à réduire les écarts de réussite puisqu'au sein des 10% des collèges ayant les IPS les plus faibles, le taux de réussite moyen au brevet est de 80%, contre 97% pour les 10% des collèges présentant les IPS les plus élevés.
Quant aux trois départements présentant plus de 40% de lycées ayant une valeur ajoutée (capacité à accompagner les élèves de la seconde jusqu'à l'obtention du baccalauréat compte tenu des caractéristiques scolaires et sociales de élèves) en deçà des attentes en voie générale et technologique, ils sont ruraux : Aube (60%), Aisne (41%) et Gers (40%)… tout comme l'est le département le plus "performant" en la matière : la Lozère affiche 43% de lycées dans lesquels les résultats vont au-delà des attentes, à égalité avec la Seine-Saint-Denis. Ces deux départements se distinguent par ailleurs sur un autre registre : la Seine-Saint-Denis fait partie des territoires dans lesquels l'éducation prioritaire est la plus développée – avec la Réunion, Mayotte et la Guyane –, tandis que la Lozère, comme le Cantal, la Haute-Loire et le Lot, ne compte aucun établissement en éducation prioritaire.