Une étude souligne les liens entre chômage et santé mentale

Dans le cadre d’un appel à projets de recherche lancé par la Dares sur le thème "Santé mentale, expérience du travail, du chômage et de la précarité", l’Institut de psychodynamique du travail (IPDT) publie une étude qui cherche à préciser l’impact sur la santé mentale de "l’expérience du chômage".

Partant du constat que les chômeurs constituent "une population à risque insuffisamment identifiée sur le plan des politiques de santé publique" en général, l’IPDT a choisi de resserrer la focale en s’intéressant au sujet de "l’évolution dynamique" de la santé mentale face à une situation de chômage. L’enquête a été menée à travers des échanges menés dans différentes agences de France Travail dans le sud de la France, avec des conseillers, des psychologues ainsi que des demandeurs d’emploi. Des contacts dont il ressort en premier lieu "que les questions de santé mentale et du chômage sont intrinsèquement liées aux expériences professionnelles antérieures des demandeurs d’emploi".

Des études plus anciennes en France comme à l’étranger ont pu déterminer que les emplois les plus précaires sont plus à risque de mauvaise santé que les emplois stables et que les demandeurs d’emploi "encourent eux-mêmes plus de risques que les actifs", d’autant plus que la période de chômage dure dans le temps. La Dares et la Drees pointaient déjà dans une autre étude datant de 2018 que "les parcours professionnels caractérisés par un déclassement social, des épisodes de chômage ou d’inactivité, des changements d’emplois fréquents ou des conditions de travail difficiles, sont plus fréquemment associés à un état de santé dégradé". Sans parler du lien entre chômage et surmortalité également pointé par les auteurs de l’étude.

Le travail comme médiateur entre l’individu et l’organisation sociale

Ce que révèle, paradoxalement, l’étude de l’IPDT, c’est que la situation de chômage "peut représenter un soulagement momentané", a fortiori lorsqu’elle intervient à l’issue d’une expérience de travail difficile. "Il est alors possible, dans un premier temps, d’observer une amélioration de la santé des chômeurs qui se détériore au fur et à mesure que la période de chômage se prolonge". Et d’ajouter que "ces difficultés peuvent se traduire par la réapparition de troubles qui avaient été compensés par le travail". Signe que le travail, rappelle l’étude, contribue "à l’accomplissement de soi". La psychodynamique du travail établit que celui-ci est un "médiateur entre l’individu et l’organisation sociale" et qu’il est à ce titre fondamental dans l’équilibre de la santé mentale des individus. La clé, pour certains, réside dans leur capacité à maintenir une activité pendant leur période de chômage qui leur permet de mieux faire face à la souffrance que peut provoquer la perte d’emploi. Une activité qui maintient une certaine forme de confiance en soi ainsi qu’un sentiment "d’utilité" chez les personnes concernées, même si "elle ne peut jamais remplacer le travail".

Face à ce constat, les conseillers de France Travail interviennent à deux niveaux : le premier, essentiel, consiste à encourager les demandeurs d’emploi à la recherche active, à construire un projet professionnel "en faisant en partie abstraction de leurs difficultés ou de leurs souffrances". Les auteurs évoquant même un effet négatif de cette action de recherche d’emploi sur la santé mentale des personnes concernées. Le second niveau d’action consiste à mettre en place "une écoute" des chômeurs pour mieux comprendre leurs difficultés et ainsi "préserver leur dignité". Les conseillers et les psychologues interrogés dans le cadre de cette étude reconnaissent à ce titre favoriser "le registre de l’écoute" plutôt que celui de "l’activation des chômeurs".

 

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