Archives

Une carte interactive sur l'utilisation des pesticides dans chaque commune

Pouvoir visualiser d'un seul coup d'œil la fréquence d'utilisation des pesticides dans chaque commune métropolitaine : c'est ce que propose une carte interactive baptisée "Adonis", conçue par l'association Solagro. Au niveau national, cet outil permet également de repérer facilement les territoires où la pression des pesticides est faible (zones vertes) et à l’inverse ceux où la pression est forte (zones rouges) du fait de la nature des cultures et de l’intensité des pratiques agricoles.

Mise en ligne ce 22 juin par l'association Solagro, spécialisée dans les transitions énergétique, agroécologique et alimentaire, une carte interactive propose de visualiser soit en saisissant le nom d'une commune, soit en zoomant, l'usage ou non de pesticides au travers d'un indicateur, l'indice de fréquence de traitement phytosanitaire des surfaces agricoles (IFT). Au niveau communal, l'IFT, qui s'échelonne de 0 à 18,48, estime le niveau d'utilisation des pesticides sur la base de l'assolement de la commune, du type de pratique (conventionnelle ou bio) et des IFT régionaux de référence issus de données statistiques ou locales. Il peut être décomposé par type de produits : herbicides, hors herbicides (insecticides, fongicides, traitements de semences et autres traitements), produits de biocontrôle.

La carte permet de localiser facilement les communes où la pression des pesticides est faible (zones vertes) et à l’inverse celles où la pression est la plus forte (zones rouges) du fait de la nature des cultures et de l’intensité des pratiques agricoles. Elle donne ainsi aux collectivités une information très utile concernant la protection de leurs ressources en eau et les risques pesant sur la santé de leurs habitants.

Une carte très contrastée

"Il ressort clairement de cette première carte, la présence de territoires très protégés par rapport à l’usage des pesticides et situés principalement dans les zones de montagne, et les marais côtiers, où les systèmes de polyculture élevage de ruminants dominent avec une forte présence de surfaces en herbe qui ne sont généralement pas traitées, analyse Solagro. Ces systèmes mettent en place, sur la partie labourable des terres, des rotations longues qui associent des prairies temporaires et des cultures généralement autoconsommées permettant une réduction de l’usage des produits phytosanitaires. À l’inverse dans les zones agricoles spécialisées, grand bassin parisien, vallée de la Garonne, couloir rhodanien, Limagne, territoires viticoles et arboricoles, que ce soit en viticulture, en arboriculture fruitière ou en grandes cultures, on observe une pression phytosanitaire élevée du fait d’un assolement peu diversifié et de pratiques agricoles plus intensives."
La carte territorialisée de l’usage des pesticides, si elle offre l’avantage d’en mesurer l’intensité sur des territoires bien définis en lien avec des enjeux de reconquête de la qualité de l’eau, ne raisonne cependant pas en empreinte qui intégrerait l’alimentation importée des troupeaux, relativise toutefois l'association. En effet, une majeure partie des élevages de ruminants mais surtout de porcs et de volailles importent une partie de ses aliments d’autres régions en France (zones de grandes cultures comme le bassin parisien) ou de l’étranger (notamment le soja du Brésil). Et la production de ces aliments a nécessité l’usage de pesticides (comme le glyphosate pour la culture du soja OGM au Brésil) qui n’est pas pris en compte dans les territoires qui les consomment.

Lien avec le développement du bio

"Cette cartographie permet aussi de pointer les territoires et les communes qui ont engagé une politique volontariste de réduction des produits phytosanitaires notamment en développant l’agriculture biologique", souligne Solagro. Parmi les territoires fortement engagés dans la sortie des pesticides, l'association comptabilise 1.972 communes avec un IFT nul principalement localisées en montagne où l’herbe domine intégralement, 3.532 communes qui dépassent 25% de bio et 807 50%.

Parmi les départements situés en vert, celui de de la Drôme qui compte, 23% d’agriculture biologique (31,6% de la surface agricole utile ou SAU hors pâturages collectifs) a un IFT de 2,14, celui du Gers avec 22% d’agriculture biologique a un IFT de 2,4 et celui de la Manche qui a su préserver son élevage à l’herbe et son bocage a un IFT de 1,41 et 8% de surface en bio. "Cela contraste avec les départements spécialisés en grandes cultures du nord de la France avec très peu de surfaces en bio comme le département de la Somme avec un IFT de 6,88 et 2% de surface en bio, le département de l’Aisne avec un IFT de 4,8 et 2 % de surface en bio ou le département de l’Eure-et-Loir avec un IFT de 4,89 et 3% de surface en bio", relève l'association.

Coté régions,  l'Occitanie a dépassé 14% de surface en bio (18% de la SAU hors pâturages collectifs) et affiche un IFT moyen de 2,23 qui contraste avec les Hauts-de-France qui, avec seulement 2% de bio ont un IFT moyen de 4,93.

Autres territoires et communes qui se distinguent par leur politique volontariste de réduction des produits phytosanitaires et le recours accru au bio :  l’impluvium de Volvic qui s’étend sur 4 communes (Volvic, Charbonnières-les-Varennes, Pulvérières et Saint-Ours-les-Roches), la commune de Correns dans le Var, celle de Bazens dans le Lot-et-Garonne (47% en bio sur une surface agricole de 683 ha), les communes d’Arles et de Sainte-Marie-de-la-Mer dans les Bouches-du-Rhône qui couvrent le territoire de la Camargue où la présence d’élevages extensifs et un fort développement de l’agriculture biologique, notamment en riz et en blé dur (35% de surface en bio sur la commune d’Arles et 44% sur Sainte-Marie-de-la-Mer) permettant d’atteindre un IFT moyen de respectivement 1,29 et 0,55.

Solagro pointe aussi l'exemple d'îles qui passent au bio comme celle de Batz située à quelques encablures de Roscoff qui compte 11 exploitations sur 27 qui se sont converties et 73% des surfaces en bio, l’île d’Yeu, en Vendée, avec 68% de surface en bio sur les 137 ha de surface agricole de la commune mais aucune culture traitée ou encore l’île de Groix avec 56% de bio. L'association cite encore parmi les collectivités vertueuses la commune de Chapelle-des-Bois dans le Jura avec 805 ha de terres agricoles et sa fruitière de Comté en bio (86% de surface en bio mais aucune culture traitée) et celle de Lugos dans les landes avec 99% de sa SAU et 1.237 ha en bio.