Un retour au calme précaire en Martinique avant la reprise des discussions

Les discussions "sur la vie chère" en Martinique doivent reprendre ce mardi pour trouver un accord, après le retour au calme obtenu pendant le week-end. 

Après des jours de violence, le calme semblait revenu ce lundi en Martinique. "Ces deux derniers jours, une évolution favorable de la situation sécuritaire s'observe et, à ce stade, laisse envisager une reprise progressive des activités scolaires cette semaine", a signalé l'académie, lundi. " Aucun incident majeur n’est à déplorer selon les forces de sécurité intérieure", a fait savoir la préfecture, dimanche, trois jours après l'instauration d'un couvre-feu, indiquant, dès samedi, que l'approvisionnement des stations-service se faisait "dans des conditions normales".

Depuis le mois de septembre, un mouvement baptisé Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC) a lancé une mobilisation contre la vie chère, mouvement qui a dégénéré avec des émeutes. Le sujet de la vie chère est partagé par toutes les collectivités d'outre-mer et revient régulièrement sur le devant de la scène (une loi "contre la vie chère" en Outre-Mer avait déjà été promulguée en 2012 et l'an dernier encore, un comité interministériel s'était penché sur le sujet). Selon le RPPRAC, les prix alimentaires en Martinique sont 40% plus chers qu'en métropole. Et ce, en raison de l'éloignement de l'île (et du nombre important d'intermédiaires sur toute la chaîne d'approvisionnement) et de l'octroi de mer, cette taxe ancestrale qui vise les produits importés et qui constitue une bonne part des ressources des collectivités. Cette taxe avait été instaurée pour promouvoir la production locale. Sans grand résultat : en Martinique, 87% des produits alimentaires sont importés aujourd'hui, alors que l'agriculture de l'île est spécialisée dans la production de bananes et de cannes à sucre destinées à l'exportation.

Des mesures qui pourraient réduire les prix de 15 à 20%

Pour tenter de trouver une issue à cette crise structurelle, une négociation a été entamée entre les services de l'État, les collectivités locales, les acteurs économiques (en particulier les distributeurs) et le RPPRAC. "J'invite à ce que le calme revienne. Il ne peut pas y avoir d'évolution sérieuse, de discussion sérieuse, dans un climat de violences qui s'installerait", a déclaré le ministre des Outre-Mer, François-Noël Buffet, sur Franceinfo, samedi, constatant des "progrès importants" dans les dernières discussions. "J'espère que dès la reprise des discussions, on aboutira maintenant totalement à l'écriture (d'un accord). La reprise (des discussions) va être précisée dans les heures qui viennent, sans doute en tout début de semaine", a assuré François-Noël Buffet. Un dernier round de négociation est prévu ce mardi. "Il est incontestable que l'écart de prix est très important et toutes les mesures qui sont proposées dans les discussions sont de nature à le réduire de manière très substantielle, entre 15 et 20%", a affirmé le ministre, n'excluant pas une visite sur place, dès qu'un accord aura été trouvé.

Vendredi, l'Association des maires de France et l'Association des maires de Martinique avaient lancé un appel au calme. "La violence ne peut être une solution aux problèmes économiques et aucun amalgame entre le mouvement contre la vie chère ne doit être fait avec les auteurs de violences et de dégradations contre les biens commises par des fauteurs de troubles aux comportements répréhensibles", avaient-elles lancé.