Un premier panorama énergétique des territoires urbains
Réalisé par France urbaine, Enedis et GRDF, le premier panorama énergétique des territoires urbains a été présenté ce 18 septembre à l'occasion de la 19e Conférence des villes. Fondé sur l'analyse de 70 territoires métropolitains, il passe en revue la consommation et la production énergétique de ces territoires et présente un focus sur le développement des mobilités durables.
"C'est une première photographie appelée à s'inscrire dans la durée", a affirmé Philippe Monloubou, président du directoire d'Enedis, en présentant ce 18 septembre lors de la Conférence des villes le "Panorama énergétique des territoires urbains – 2019" que l'opérateur du réseau d'électricité a réalisé avec GRDF et France urbaine. 70 territoires urbains métropolitains ont été passés au crible, soit les 22 métropoles, les 13 communautés urbaines de France métropolitaine et 35 des 223 communautés d'agglomération, représentant près de 30 millions d'habitants (46% de la population française).
Ces territoires ont consommé 183 térawatt-heure électrique (TWhe) en 2017 (61% dans les métropoles, 25% dans les communautés d'agglomération et 14% dans les communautés urbaines). Selon les différents secteurs, la consommation électrique moyenne par site varie fortement : elle s'établit à 3,9 MWhe pour le résidentiel, 9 MWhe pour le petit professionnel, 137 MWhe pour le secteur agricole, 305 MWhe pour le tertiaire et 1.250 MWhe pour le secteur industriel.
La consommation de gaz dans ces territoires s'est élevée en 2017 à 250 TWhe (59% dans les métropoles, 24% dans les communautés d'agglomération et 17% dans les communautés urbaines). Par site, la consommation moyenne va de 15 MWhe pour le résidentiel et le petit professionnel à 980 MWhe pour le secteur tertiaire, 1.500 MWhe pour le secteur agricole et 28.500 MWhe pour le secteur industriel.
57% de la chaleur distribuée au secteur résidentiel
94% des territoires urbains sont alimentés par au moins un réseau de chaleur ou de froid, les premiers étant beaucoup plus nombreux que les seconds (298 contre 21 sur les territoires urbains étudiés. Peu de données sont disponibles concernant les consommateurs reliés à ces réseaux de chaleur et de froid pour des raisons de confidentialité, préviennent les auteurs du bilan. Parmi ceux présents sur les territoires urbains, seulement 66 ont communiqué la répartition de leurs consommateurs par secteur. Pour ces réseaux, on apprend que 57% de la chaleur est distribuée au secteur résidentiel, 36% au secteur tertiaire et 3% au secteur industriel. Les réseaux de froid par contre n'ont pas le même usage puisque 90% du froid qu'ils livrent sert à la climatisation des bâtiments du secteur tertiaire (supermarchés, bureaux…) alors que seulement 3% est utilisé par le secteur résidentiel.
Plus de la moitié de l'électricité produite d'origine renouvelable
Les territoires urbains ont produit 7,5 TWhe d'électricité (hors nucléaire) en 2017 dont 55% d'énergie renouvelable. Pour sa plus grande part (46%), l'électricité produite par ces territoires urbains provient d'installations de centrales gaz de cogénération électrique. Un quart de la production est assurée par des bioénergies - biomasse, déchets (combustibles solides de récupération – CSR) et biogaz. Le solaire photovoltaïque (14%) de la production est aussi largement présent sur ces territoires avec de nombreuses installations de panneaux solaires, en toiture pour la majorité. Logiquement, la part d'installations éolienne et hydraulique (respectivement 6% et 9%) est plus réduite car leurs installations nécessitent des espaces importants qui se trouvent à l'écart des zones urbaines.
Tous les territoires urbains produisent de l'électricité avec de fortes disparités selon leur taille. Ce sont les métropoles qui réalisent la plus large part de l'électricité produite dans ces territoires (57%). La part produite par les communautés d'agglomération est de 28% et celle des communautés urbaines de 15%. Mais cette production est loin de couvrir la consommation annuelle, les territoires urbains consommant en moyenne 34 fois plus d'électricité qu'ils n'en produisent.
Le biométhane, un gaz assimilable au gaz naturel produit à partir de déchets fermentescibles, contribue aux boucles énergétiques locales et la capacité annuelle de production des territoires urbains étudiés est actuellement de 0,2 TWh/an. Quant aux réseaux urbains des territoires étudiés, ils ont produit 25 térawatt-heure thermiques (TWhth) de chaleur et 1 TWhth en 2017. 35 territoires urbains possèdent des réseaux de chaleur alimentés principalement par des sources renouvelables pouvant être considérés comme "vertueux" (biomasse, chaleur industrielle, géothermie), relèvent les auteurs du panorama. Sur les 261 réseaux de chaleur présents sur les territoires urbains étudiés, 120 fonctionnent en cogénération et injectent de l'électricité sur les réseaux.
Focus sur la mobilité durable
Le panorama s'achève par un focus sur la mobilité durable dans les territoires urbains. Ce sont les métropoles qui comptent à la fois les plus grandes flottes de véhicules électriques et hybrides et le plus grand nombre de points de charge accessibles au public. Pour le gaz naturel véhicule (GNV), 43% des territoires urbains disposent au moins d'une station publique et 70% d'une station privée. Mais le réseau d'avitaillement gaz est dans l'ensemble moins présent en zones urbaines que le réseau de stations électriques.
Une deuxième édition de ce panorama est d'ores et déjà prévue, axée sur les émissions de CO2.