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Un deuxième "contrat de réciprocité" signé entre Toulouse et les Portes de Gascogne

"Instaurer une coopération particulière et originale entre urbain et rural." C'est l'objectif du contrat de réciprocité signé entre le président de Toulouse Métropole, Jean-Luc Moudenc, et le président du pays des Portes de Gascogne, Raymond Vall, en présence du ministre de la Cohésion des territoires, Jacques Mézard, le 10 juillet à Fleurance (Gers). Ce contrat va permettre d'engager des coopérations dans sept domaines (alimentation, télétravail, tourisme…) entre la métropole de Toulouse et ce territoire composé de 160 communes, situé à l'est du département du Gers, quelques kilomètres à peine à l'ouest de la capitale régionale. "La plupart des urbains ont une histoire rurale et nous avons un devoir moral de ne pas avoir une vision égocentrée de notre développement", a clamé Jean-Luc Moudenc, à cette occasion. Mais il s'agit aussi pour le nouveau ministre de tirer les leçons des dernières élections qui ont largement validé les thèses du géographe Christophe Guilluy sur la relégation de la "France périphérique". "Nous devons entendre et comprendre l'abstention ou le vote de contestation. L'Etat doit lutter contre le sentiment d'abandon", a déclaré Jacques Mézard, voulant faire de ce contrat un "exemple".

Quatre territoires expérimentaux

L'idée de ces contrats de réciprocité entre métropole et campagne avait été formulée par l'ancien député du Cantal Alain Calmette au cours des Assises de la ruralité de 2014, avant d'être reprise par le premier comité interministériel aux ruralités du 13 mars 2015, à Laon (Aisne). Quatre territoires expérimentaux avaient alors été désignés : Lyon et Aurillac, Le Creusot et le Morvan et Brest avec le pays Centre Ouest Bretagne. Aussi séduisante soit-elle sur le papier, la logique de ces contrats a pourtant eu du mal à se concrétiser. Jusqu'à ce jour, seul le contrat brestois avait été signé, le 4 novembre dernier. Quant à la réciprocité entre Lyon et Aurillac, distants de plus de 300 km, elle semble être ramenée à ce qu'elle est... une vue de l'esprit.
Entre temps, le pacte Etat-métropoles signé le 6 juillet et doté d'une enveloppe de 150 millions d'euros via le Fonds de soutien à l'investissement local (Fsil) est venu changer la donne. Il a été décliné en "pactes métropolitains d'innovation" avec les 15 métropoles concernées, chacun d'eux possédant un volet territorial, précisément pour renforcer les relations entre la métropole et ses alentours. Une façon de légitimer la démarche et de l'ancrer durablement. Toulouse a signé son propre pacte d'innovation en janvier dernier. La métropole bénéficie ainsi d'une enveloppe de l'Etat de 500.000 euros au titre du volet territorial. Mais elle a tenu à préserver en tant que tel ce contrat de réciprocité avec les Portes de Gascogne, a insisté Jean-Luc Moudenc au cours de la signature. Toulouse fait en effet partie de ces métropoles - avec Nantes, Rennes ou Brest -, dont les interdépendances avec les territoires voisins sont très fortes, comme est venu le confirmer le "Métroscope", le 7 juillet, sorte d'évaluation du fait métropolitain. "Chaque jour, ce sont entre 30 et 40% des emplois qui sont occupés par des travailleurs habitant en dehors du territoire", peut-on lire dans ce document réalisé par France urbaine, l'AdCF, la Fnau, en partenariat avec le CGET. 

Projet alimentaire

Le pays des Portes de Gascogne assume "près de 90% du solde migratoire du département du Gers", précise ainsi le contrat. "Sa proximité géographique à la métropole, l'accessibilité au foncier constructible, à un cadre de vie moins urbain, en ont fait un territoire d'installation de choix pour certains nombres d'actifs employés sur la métropole." Le contrat prévoit notamment de promouvoir les aires de covoiturage, le transport en commun, ainsi que le télétravail afin d'offrir aux "navetteurs" le choix "entre déplacement quotidien ou possibilité de travailler sur leur territoire de résidence". Un projet pilote sera conduit avec les salariés du groupe Airbus.
Le contrat s'intéresse également à l'alimentation. Un "projet alimentaire territorial" renforcera les liens entre producteurs de denrées bio (légumineuses et céréales en particulier) et la restauration collective. Il s'agira aussi de préserver l'agriculture urbaine de la métropole, constituée essentiellement de maraîchage. Le contrat entend par ailleurs promouvoir le tourisme à travers notamment un "circuit-test de mobilité douce" entre les deux territoires. Il comprend  enfin plusieurs actions autour de la filière aéronautique qui structure l'économie du territoire.
La Caisse des Dépôts sera chargée d'appuyer "en expertise comme en financement l'animation du partenariat et l'ingénierie des projets engagés". Un bilan du contrat sera réalisé dans un an, a indiqué Jean-Luc Moudenc, précisant qu'un partenariat plus général mais toujours dans le même esprit avait été signé entre l'association France urbaine qu'il préside et l'ANPP (Association nationale des Pôles d'équilibre territoriaux et ruraux et des Pays) présidée, elle, par Raymond Vall.
 

 

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