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Un décret institue un "conseil scientifique sur les processus de radicalisation"

Ce conseil devra dresser des passerelles entre le monde de la recherche et les services opérationnels impliqués dans la lutte contre la radicalisation.

Voulu par Manuel Valls, le "conseil scientifique sur les processus de la radicalisation" est officiellement institué par un décret du publié au Journal officiel, le 4 mai (même si l'instance avait été installée le 8 février dernier par la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Najat Vallaud-Belkacem).
Présidé par le Premier ministre, ce conseil est "chargé de faciliter le dialogue entre les administrations publiques et les chercheurs en sciences humaines et sociales et de contribuer à la valorisation des résultats de la recherche en sciences humaines et sociales et à leur réutilisation au bénéfice des politiques publiques de prévention et de lutte contre la radicalisation", précise le décret.  Il pourra proposer au Premier ministre "toute mesure visant à améliorer la politique de prévention et de lutte contre la radicalisation".
Le conseil sera composé de 14 représentants d’institutions décisionnelles, dont quatre représentants d'associations d'élus locaux (nommés sur propositions de l'association Régions de France, de l'Assemblée des départements de France, de France urbaine et de l'Association des maires de France) et de 13 chercheurs reconnus. Un député et un sénateur pourront compléter sa composition. Le conseil se réunira une fois par trimestre. L’Institut national des hautes études sur la sécurité et la justice assurera son secrétariat général.
La création de ce conseil était prévue dans le second plan d’action contre la radicalisation et le terrorisme du 9 mai 2016 (mesure 54). Le Premier ministre de l’époque disait alors vouloir mieux comprendre le phénomène et aussi produire un "contre-discours". Cette idée de contre-discours ne fait cependant pas l’unanimité. Face à l'engagement des personnes radicalisées, "on propose des choses qui sont un peu dérisoires", avait ainsi commenté le psychologue Tobie Nathan lors d’une grande rencontre sur la radicalisation organisée à la Cité des sciences, le 24 octobre 2016. Autre psychologue, Sabine Riss, intervenant auprès de personnes radicalisées en milieu carcéral, avait même jugé que le contre-discours peut s'avérer "dangereux".
A noter que le ministère de la Justice s’est doté de son propre conseil scientifique sur la radicalisation, fin août 2016. Ce qui peut prêter à confusion...

Référence :  décret n° 2017-693 du 3 mai 2017 créant un conseil scientifique sur les processus de radicalisation, JO du 4 mai 2017.