Un "contrat d'avenir" pour l'après Notre-Dame-des-Landes
Le Premier ministre, Édouard Philippe, a signé ce 8 février à Nantes un "contrat d'avenir pour les Pays de la Loire" qui engage l'État à accompagner le développement de ce territoire après l'abandon du projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Le même jour à Rennes, il a paraphé le contrat d'action publique et le pacte d'accessibilité pour la Bretagne.
Un peu plus d'un an après l'abandon du projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes, Édouard Philippe s'est rendu vendredi 8 février à Nantes et à Rennes pour signer deux contrats avec les conseils régionaux des Pays de la Loire et de la Bretagne visant notamment à renforcer les mobilités. "La géographie a placé notre région à la périphérie de l'Europe", a souligné la présidente des Pays de la Loire, Christelle Morançais, rappelant que la décision de renoncer au projet d'aéroport avait été ressentie par la plupart des élus locaux comme une forme "d'abandon de la part de l'État".
Lors de l'annonce de l'abandon du projet, le 17 janvier 2018, le Premier ministre avait toutefois promis des mesures de compensation en matière de transports, notamment un renforcement des aéroports existants de Rennes et Nantes-Atlantique. Christelle Morançais a remercié Édouard Philippe "d'avoir tenu parole" en signant ce "contrat d'avenir".
Quatre thématiques
Préparé par les différents acteurs de la région, il porte sur quatre thématiques : le développement des infrastructures de transports, le déploiement du numérique (140 nouveaux sites à couvrir prioritairement en 4G d’ici 2021), l'économie de la connaissance (santé et industrie du futur) et la transition écologique. Côté transports, l'un des projets les plus pressants est le réaménagement de l'aéroport actuel, Nantes-Atlantique, dont la fréquentation est en forte hausse, au grand dam d'habitants excédés par les nuisances sonores. Édouard Philippe a dans ce contexte assuré qu'il souhaitait "prendre soin, de façon systématique et attentive à ce que les riverains ne pâtissent pas" de l'évolution de cet aéroport.
Il a réaffirmé qu'un nouveau plan de gêne sonore (PGS) définissant quels habitants peuvent être indemnisés pour insonoriser leur logement, sera adopté "d'ici la fin du printemps". L'idée est "d'au moins doubler la population couverte" actuellement, a garanti le Premier ministre. Il a aussi apporté des précisions nouvelles sur un fonds de compensation devant permettre par exemple de relocaliser un collège survolé par les avions. Sans s'avancer sur le montant alloué, Édouard Philippe s'est engagé à ce que le fonds soit créé "avant la fin du printemps". Il a ensuite déroulé le calendrier déjà connu qui consistera à consulter la population sur le réaménagement lors d'une concertation en juin-juillet. Le nouvel exploitant de l'aéroport doit être désigné d'ici fin 2021 pour un début des travaux en 2022.
Le contrat prévoit également une amélioration de la connexion ferroviaire vers Paris mais aussi des travaux sur les "petites lignes" régionales (Le Mans-Alençon, la section Retiers-Châteaubriant sur la ligne Châteaubriant-Rennes), un développement de l’accès vers les aéroports parisiens, des chantiers pour fluidifier le périphérique nantais ou encore des investissements sur les réseaux autoroutiers - A81 pour développer l'accès au parc de développement économique de Laval-Mayenne, diffuseur de Connerré sur l'A11, dans la Sarthe, doublement de la capacité de l'échangeur de porte de Gesvres du périphérique nantais (A11).
Sur les aspects transition écologique, sont notamment prévus un plan pour la qualité de l’eau dans la région et la signature de contrats de transition écologique – un premier, à Cordemais, vise à accompagner l'arrêt de la centrale à charbon, un deuxième, en Sud Mayenne, à conforter l'action des territoires à énergie positive, et un troisième à l'île d'Yeu, à prendre en compte les opportunités liées à son caractère insulaire.
Pacte d'accessibilité pour la Bretagne
Après Nantes, le Premier ministre s'est rendu à Rennes pour signer un pacte d'accessibilité pour la Bretagne, qui comprend 18 engagements visant à en améliorer la desserte routière, ferroviaire et aérienne, et à renforcer la place de ses ports dans le réseau européen de transports. Le pacte prévoit d'ici 2021 le transfert de terrains par l'État à la région pour permettre l'agrandissement de l'aéroport de Rennes. La liaison aérienne Quimper-Orly devient par ailleurs une liaison "d'obligation de service public", ce qui permet de la conserver alors qu'Air France avait envisagé de la supprimer. Une enveloppe de 40 millions d'euros par an, dont 20 millions apportés par l'État, permettra d'achever le passage intégral à 2x2 voies de la RN 164, qui traverse le centre de la Bretagne d'est en ouest. Concernant la desserte TGV, le pacte prolonge jusqu'en 2027 le dispositif existant qui oblige la SNCF à faire circuler des TGV jusqu'à Brest et Quimper.
Contrat d'action publique
Le Premier ministre a en outre signé un contrat d'action publique pour la région qui prévoit notamment un plus grand soutien aux écoles en langue bretonne ainsi qu'une expérimentation sur le dispositif "Pinel" d'investissement locatif. Son zonage dans la métropole rennaise sera révisé pour en faire profiter des territoires bretons moins attractifs et revitaliser par exemple certains centres-bourgs.
Concernant cette expérimentation, "c'est une expérience dont les plus avisés spécialistes nous disent qu'elle est totalement inédite depuis Philippe Le Bel" (1268-1314)", a souligné Édouard Philippe. "Ce que nous signons aujourd'hui n'est qu'une étape", a estimé pour sa part Loïg Chesnais-Girard, président de la région Bretagne. "Je suis convaincu que nous réussirons à bâtir un véritable pacte girondin (...) parce que c'est le sens de l'histoire", a-t-il ajouté. "Un bon contrat n'est pas une prison, un bon contrat est une discussion", a approuvé le Premier ministre.