Un "bouclier numérique" pour lutter contre les cyberattaques dans les écoles
La ministre de l'Éducation nationale a annoncé le 28 mars 2024 une série de mesures visant à lutter contre le piratage des espaces numériques de travail des établissements scolaires. Parmi elles : la suspension provisoire des messageries.
"Un véritable bouclier numérique", c'est ce que Nicole Belloubet entend déployer à la suite des cyberattaques dont les espaces numériques de travail (ENT) de quelque cent cinquante établissements scolaires de plusieurs académies ont été victimes ces derniers jours. Cette annonce a été faite dans le cadre d'une réunion organisée le 28 mars 2024 à l'initiative de la ministre de l'Éducation nationale et qui a rassemblé les équipes du ministère, les services académiques, des représentants des collectivités territoriales gestionnaires des équipements ainsi que différents éditeurs d'outils numériques.
À cette occasion, Nicole Belloubet a rappelé les bonnes pratiques à adopter en prévention et en riposte face aux attaques informatiques, et a défini une feuille de route "partagée" visant, à court et moyen termes, à mieux sécuriser les espaces numériques de travail et les logiciels de vie scolaire.
Une suspension qui tombe mal
La mesure la plus spectaculaire, prise après consultation de Carole Delga, présidente de Régions de France, et de François Sauvadet, président de Départements de France, consiste à "suspendre à titre préventif" et provisoirement les messageries des ENT afin d'"empêcher des attaques supplémentaires massives", a précisé la ministre de l'Éducation nationale sur son compte X.
Sur France Info, Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du SNPDEN-Unsa, principal syndicat des chefs d'établissements, a dit approuver la décision de la ministre. Mais cette annonce de suspension des ENT aussi fait réagir de nombreux enseignants sur les réseaux sociaux qui dénoncent une fermeture alors que les procédures de vœux sur Parcoursup arrivent à leur terme le 3 avril et que les messageries des ENT peuvent servir, pour cette démarche d'orientation, aux échanges entre familles et établissements scolaires, par exemple pour soumettre une lettre de motivation à un enseignant.
Des mesures à plus grande échelle à la rentrée 2024
À court terme, la ministre demande également aux établissements et aux collectivités de profiter des prochains congés scolaires pour prévoir "des actions supplémentaires". Parmi les mesures à mettre en place, on note la diffusion dans tous les établissements d'une affiche préparée par le ministère et rappelant les conseils de base pour lutter contre le piratage informatique, la sensibilisation des utilisateurs aux mesures de "bonne hygiène numérique", et le renouvellement et le renforcement des mots de passe. Nicole Belloubet demande également aux gestionnaires des ENT de bloquer "le cas échéant" tous les messages provenant de messageries externes et de restreindre les droits d'envoi de message au sein de l'ENT au strict nécessaire.
Le ministère précise par ailleurs qu'à moyen terme, et notamment dès la rentrée 2024, des mesures supplémentaires seront prises à plus grande échelle, académie par académie et en lien avec les collectivités, pour renforcer les modalités d'authentification sur les outils numériques relevant de l'Éducation nationale.
De son côté, François Sauvadet a assuré que les départements, qui assurent la gestion des collèges, "entendent jouer un rôle actif dans cette démarche collective en mettant en œuvre des mesures de prévention et de protection adaptées à leurs spécificités territoriales". "Nous nous engageons à renforcer nos dispositifs de sécurité informatique, à sensibiliser nos agents aux bonnes pratiques en matière de cybersécurité et à coopérer étroitement avec les autorités compétentes pour détecter, contrer et neutraliser toute tentative d'attaque informatique", a conclu le président de Départements de France.
Dans un contexte sécuritaire difficile pour les établissements scolaires, tant à travers les menaces d'attentat que les atteintes à la laïcité qui font ressurgir des tensions quelques mois après l'assassinant de Dominique Bernard à Arras, la ministre de l'Éducation nationale a annoncé le 29 mars, à l'occasion d'un déplacement à Bordeaux, qu'elle allait mettre sur pied une "force mobile scolaire nationale". "Assurer la sécurité physique, nous y travaillons avec les collectivités territoriales, a affirmé Nicole Belloubet. [Les régions et les départements] déploient des outils de sécurité physique tout à fait impressionnants. De mon côté, je déploierai une force mobile scolaire qui sera nationale." Destinée à rassurer les enseignants et les équipes éducatives, cette force mobile doit permettre aux établissements connaissant des difficultés en termes de sécurité une prise en charge "pendant un temps assez long", a déclaré la ministre. Selon une source AFP, cette force mobile, composée d'une vingtaine d'agents de l'Éducation nationale, sera mise en place à la rentrée 2024. Elle pourra être projetée partout en France sous 48 heures pour appuyer les moyens locaux, notamment à des fins de sécurité à l'intérieur d'un l'établissement, d'apaisement et de pédagogie. |