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Coopération décentralisée - Un atlas européen pour mieux coordonner les projets de développement des collectivités

La Commission européenne et le Comité des régions présenteront officiellement le 6 octobre l'atlas européen de la coopération décentralisée pour le développement, dans le cadre des "Open Days", la rencontre européenne des collectivités locales. "Un outil pour rationaliser l'aide publique au développement des collectivités locales". Cet atlas vise à mieux faire connaître les actions de développement menées par les autorités locales et régionales de l'UE. Mais aussi à mieux les coordonner, sachant que, rien qu'en France, 4.800 collectivités sont impliquées dans au moins un projet de coopération (sur le sujet voir ci-contre notre article du 14 septembre 2010 : "Les collectivités veulent peser sur le sommet de New York"). "Au moment où j'ai été nommé rapporteur, il y avait un foisonnement d'initiatives mais tout cela manquait d'ordre et de visibilité, rappelle Christophe Rouillon, rapporteur sur l'aide au développement pour le Comité des régions de l'Union européenne et maire de Coulaines, à l'initiative du projet. Nous n'avions qu'une vision partielle des projets conduits et nous avons même découvert que plusieurs collectivités locales différentes travaillaient sur le même sujet dans la même ville ! Avec ce système-là, on devrait pouvoir remettre de la rationalité, de l'efficacité et de la transparence dans l'aide au développement." C'est d'ailleurs la raison pour laquelle la Commission européenne a accepté de soutenir financièrement le projet dont le coût total du site est de 120.000 euros.

 

Une bourse de la coopération décentralisée

L'atlas, qui utilise le système cartographique de googlemap, permet d'accéder à un maximum d'informations, telles que l'identité des collectivités donatrices et partenaires, leur localisation géographique, l'intitulé, le secteur et le montant des projets. Deux méthodes de recherche sont proposées : par localisation géographique (pays, régions), et par secteur d'activité (santé, éducation, agriculture, énergie, eau et assainissement, aide humanitaire, etc.). "A ce jour, seuls la France, l'Espagne et la Belgique ont fourni leurs données. Pour la France, l'information a simplement été 'basculée' du site du ministère des Affaires étrangères vers le site de l'atlas. Mais, dorénavant, les collectivités locales européennes désireuses d'apparaître ou de mettre à jour leurs informations sur l'atlas sont invitées à se manifester individuellement et directement en ligne. "Tout se fait sur une base volontaire, mais j'imagine que les collectivités non encore inscrites vont vouloir suivre le mouvement", anticipe le maire de Coulaines qui rappelle par ailleurs que le site débouchera prochainement sur une "bourse de la coopération décentralisée", où se rencontreront les collectivités offreuses et demandeuses de partenariats.

"Le modèle de coopération décentralisée né et fondé sur des valeurs néocoloniales ne doit pas exister. Depuis la Déclaration de Paris de 2005 sur l'efficacité de l'aide, on parle de modèle partenarial et d'appropriation de l'action par les bénéficiaires. Les fonds ne sont plus donnés sans la réflexion et l'assurance qu'ils répondent à des besoins de terrains : ce sont les partenaires locaux qui doivent être maîtres de leurs projets", insiste encore l'élu, qui croit par ailleurs en la légitimité et la pertinence des collectivités locales (en concurrence avec d'autres bailleurs institutionnels, tels que les Etats) pour mener à bien de telles actions de solidarité : "On y trouve de vrais gisements de solidarité car les initiatives sont très souvent citoyennes. Et justement les citoyens sont parmi ceux qui ont une très haute exigence de vérification de l'utilisation de l'argent public et des effets sur le terrain." 

 

Un euro par an et par habitant

Malheureusement la coopération décentralisée reste encore très confidentielle : entre 2007 et 2009, seule une poignée de grosses collectivités françaises est parvenue à décrocher une subvention européenne pour ses actions de coopération, principalement en Afrique : les villes de Paris, Marseille, Cergy, Montreuil, la Communauté urbaine de Nantes Métropole, les régions Ile-de-France et Bretagne. Christophe Rouillon impute cela à la structure du programme de la Commission européenne (CE)  "Acteurs non-étatiques et autorités locales dans le développement" prévu, comme son nom l'indique, pour soutenir la coopération des collectivités locales européennes : "On a un débat avec la CE car ce programme est trop concentré sur les grands projets. Le Comité des régions pousse pour l'ouverture à des projets plus petits (chiffrés en dizaine de milliers d'euros) et pour l'allégement des procédures."  

Dans son avis des 9 et 10 juin 2010, adopté dans le cadre du Plan d'action de l'UE en vue de réaliser les Objectifs du millénaire pour le développement (dit "Paquet de Printemps"), le Comité des régions propose également qu'un euro par an et par habitant soit réservé à la lutte contre l’extrême pauvreté dans les pays en développement. "En faisant admettre cet objectif aux 100.000 collectivités locales européennes, cela permettrait d'atteindre 0,7% du PIB consacré à l'aide au développement", affirme Christophe Rouillon, rapporteur du texte. Le projet sera défendu au sommet de New York du 20 au 22 septembre 2010 sur les Objectifs du millénaire pour le développement qui visent à réduire de moitié la pauvreté dans le monde d'ici à 2015.

Pierre-Etienne  Métais / Welcomeurope

 

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