Transports publics : les associations d'usagers dénoncent la profusion des réductions et des marques
La Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut) considère que les nombreuses cartes "Liberté" et "Avantage" développées par les opérateurs et les autorités organisatrices de la mobilité sont source de confusion pour les voyageurs. La Fnaut avait auparavant épinglé la multitude de marques utilisées par les régions pour les TER qui nuit selon elle à la facilité d'usage.
Trop de formules de réduction, trop de logos, trop de marques qui sèment la confusion chez les voyageurs : la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut) tire le signal d'alarme pour pousser les opérateurs et les autorités organisatrices de la mobilité (AOM) à revenir à plus de simplicité. Dans un communiqué diffusé ce 22 janvier, elle "s'étonne" de l'"utilisation massive" par ces derniers de cartes dites "Liberté" ou "Avantage" alors qu’elles n’ont "ni les mêmes attributs, ni la même utilisation géographique".
Pas la même liberté... ni les mêmes avantages
"Alors qu’existe depuis 2019 la carte Liberté de la SNCF qui permet des réductions de 45% sur le prix maximum, certaines régions ont aussi des cartes dites 'Liberté' mais elles n’offrent pas les mêmes services", pointe la Fnaut. Ainsi, détaille-t-elle, la région Auvergne-Rhône-Alpes propose une carte Illico Liberté Jeunes et une carte Illico Liberté (pour les plus de 26 ans). La région Bourgogne-Franche-Comté propose une carte Avantages Jeunes qui propose aussi bien des réductions pour l'accès aux lieux de culture et de loisirs que sur le TER et utilise de surcroît le terme Avantages, au pluriel, homonyme des cartes Avantage, au singulier, de la SNCF. La région Centre-Val de Loire a, elle, opté pour un "Rémi Liberté Jeunes", "Rémi Liberté" et "Rémi Liberté Senior". Quant à la région Île-de-France, elle a mis en place le 13 novembre 2019 une carte de post-paiement réservée uniquement aux Franciliens intitulée passe Navigo Liberté +.
La Fnaut estime que les opérateurs et les AOM devraient s’organiser et se parler "avant de lancer de nouveaux produits pour éviter de telles confusions". Elle s'en prend tout particulièrement aux cartes Liberté de la SNCF et passe Navigo Liberté+ d’Île-de-France Mobilités (IDFM) qui sont les plus utilisées. Lancée en mai 2019 en remplacement de la carte Fréquence, la première, vendue 349 euros (299 euros pour les entreprises), permet d’obtenir une réduction d’environ 45% sur tous les trajets en TGV, en Intercités et sur certaines relations TER…mais pas en Île-de-France.
La carte Liberté+ d’IDFM s’obtient, elle, en fournissant une pièce d'identité, un justificatif de domicile et un Iban après avoir créé un compte sur le site de l'AOM, ou alors aux guichets – elle sera disponible également sur smartphone dans quelques mois. Il s'agit d'une carte de post paiement, c'est-à-dire que tous les déplacements de son titulaire sont facturés et débités en fin de mois. "Plutôt que l’utilisation d’une simple carte bancaire comme le font la plupart des grands réseaux dans le monde aujourd'hui, IDFM a choisi quelque chose de plus compliqué qui est réservé uniquement aux Franciliens", relève au passage la Fnaut. Autre critique de sa part : l’utilisation des termes Liberté et Avantage peut porter à confusion dans la sélection des réductions sur des menus déroulants ou des cases à cocher sur les sites ou applications.
Des marques régionales qui oublient les voyageurs venues d'ailleurs
La Fédération s'en était aussi prise en décembre dernier à la "profusion de marques souvent plus fantaisistes les unes que les autres", voyant dans la liberté commerciale des régions une "complication de facilité d’usage". "La SNCF a lancé ce mouvement, en oubliant ses marques fortes, TGV et SNCF, au profit d’une déclinaison de "OUI" : Ouigo, Inoui, ToutOui, TGV Inoui PRO…, rappelle-t-elle. Puis les régions, devenues autorités organisatrices, ont pu organiser le trafic avec une véritable liberté tarifaire. Dès lors, elles ont presque toutes mandaté des agences de com’ pour accompagner leur politique commerciale, et leur trouver un nom de marque – improbable – pour se différencier de leurs voisines tout en tournant le dos à la SNCF et à son bon vieux TER."
Pour la Fnaut, "autant de marques (…) créent un système très local, pour ne pas dire électoraliste, et ne satisfont que les habitants de leur région, oubliant les voyages interrégionaux, les correspondances, les occasionnels et les touristes". Les usagers sont selon elle "les victimes de cette foire à l’originalité : comment le simple voyageur saurait-il qu’en passant la 'frontière' entre l’Occitanie où il réside à la région Paca où il va, il change de tarif, de marque, de règle d’usage, de carte de réductions ?" Or, on sait que pour qu’il y ait un report modal de la voiture vers le train, il est indispensable que ce dernier soit facile d’usage", soutient-elle.
La Fnaut demande donc que les régions "harmonisent leurs offres entre elles" en proposant des cartes de réduction communes. "Cela ne les empêcherait pas d’avoir des titres locaux et spécifiques pour leurs habitants et de garder leur liberté", ajoute-t-elle. La Fédération appelle à ce "choc de simplification" pour "maintenir une certaine unité ferroviaire interrégionale et une mutualisation pour réduire les coûts et faciliter l’usage du train".