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Transports publics : le pouvoir d'achat en première ligne

Les politiques tarifaires et le pouvoir d'achat des usagers des réseaux sont les thèmes retenus pour la prochaine Journée du transport public qui aura lieu le 21 septembre. 

À chaque secteur ses rituels. Le 21 septembre, la Journée du transport public organisée pour la treizième année dans toute la France par le GIE Objectif transport public mettra en avant le thème du tarif d'achat et des économies que réalisent les usagers en empruntant ses réseaux. "Les réseaux des grandes et moyennes agglomérations se mobilisent en proposant des offres promotionnelles et des actions de sensibilisation", indique la présidente du GIE Anne Gérard, par ailleurs vice-présidente mobilités de la communauté urbaine du Grand Poitiers. Des stratégies d'adaptation tarifaire en fonction des événements accueillis localement – l'accès au réseau de transports offert par exemple à Nantes aux spectateurs des matchs du club de football (FC Nantes) – seront mises à l'honneur. Des offres seront aussi couplées avec les Journées du patrimoine qui se tiennent en même temps. 

"En France, les transports publics ne sont pas chers et le prix n'est pas un facteur d'obstacle. La tarification solidaire (appliquée dans une vingtaine de réseaux dont Aurillac, Blois, Brest, Chambéry, Grenoble ou encore Lorient, ndlr), a du potentiel mais il faut surtout de la lisibilité, une gamme tarifaire simple qui se traduit facilement dans la billettique. Et continuer de travailler sur les titres réservés aux touristes, il y a là une piste d'amélioration", estime pour sa part Jean-Pierre Farandou, P.-D.G. de l'opérateur Keolis et président de l'Union des transports publics et ferroviaires (UTP). Selon les derniers chiffres de l'UTP, la part payée par le voyageur sur le prix d'un ticket, qui est d'un tiers dans les réseaux de transports en régions, affiche des écarts selon qu'on se situe dans une grande ou petite agglo. Un écart qui reste élevé (quinze points) même s'il tend à se tasser ces dernières années. "La participation de l'usager au prix du ticket chute dans les petits réseaux des collectivités de moins de 100.000 habitants", confirme Layla Ricroch, administratrice de l'Insee et rapporteure de la commission des comptes des transports de la Nation. "Au-delà du prix, c'est de la qualité, de la fréquence et de l'amplitude horaire que réclament les usagers", rebondit Louis Nègre à la tête du Groupement des autorités responsables de transport (Gart).

Alors que le sujet de la gratuité du transport collectif s'est hissé au rang de ceux qui comptent malgré la poignée de villes (une trentaine) réellement converties – d'ailleurs des rencontres nationales portent dessus ces 10 et 11 septembre à Châteauroux (Indre), précurseure dans le domaine, et le Gart lui-même dévoilera une étude commanditée à des experts le 2 octobre à Nantes lors des Rencontres nationales du transport public –, le Gart rappelle qu'"il n'y a rien de gratuit dans la vie". De l'entreprise (via le versement transport, VT, devenant le versement mobilité ou VM dans le projet de loi d'orientation des mobilités) ou de la collectivité (via les impôts locaux), "c'est toujours quelqu'un qui paie". Un autre effet vicieux de la gratuité, relevé par Jean-Pierre Farandou, serait la remise en cause de l'équilibre trouvé avec les entreprises et leurs représentants. Explication : "L'équilibre est déjà fragile sur le VT (le Medef revient régulièrement à la charge, ndlr). Mais si les entreprises voient que cette charge qui leur est prélevée - qu'ils comprennent car elle contribue à l'économie locale et à améliorer l'offre au bénéfice des employés - sert à financer une décision de politique politicienne sur la gratuité, prise par des élus locaux jouant aux apprentis sorciers, les choses vont se crisper", pressent le patron de l'UTP. "Conclusion : méfiance envers la gratuité. Et pas touche au VT, qui rapporte chaque année 8,5 milliards d'euros qui n'atterrissent pas dans un coffre-fort en Suisse ou un fonds de pension mais servent à financer des services de transports et profitent directement aux usagers", termine Louis Nègre.