Salon des maires - Transition écologique des villes petites et moyennes : les architectes orientent les élus

L’Ordre des architectes qui a fait récemment - début 2019 - "de la transition écologique l’axe principal de ses actions de communication et de sensibilisation", a diffusé à l'occasion du Salon des maires un guide bien ficelé sur l'aménagement durable. Construit à partir de retours d'expérience d'élus locaux, il suggère, à la lumière d'une dizaine d'initiatives locales, plusieurs préconisations en commençant par un conseil de bon sens à adopter en amont de tout projet urbain, à savoir "identifier les ressources, atouts et faiblesses de sa commune".

En mobilisant les professionnels du conseil en architecture et urbanisme (CAUE), les architectes-conseils placés auprès des Drac et Dreal, "mais aussi les ABF, les DDT, agences d’urbanisme et organismes d’étude tels que le Cerema", ce guide recommande avant tout projet de dresser "un état précis de l’évolution du territoire urbanisé, des facteurs de dévitalisation ou revitalisation, de la place du centre-ville, des atouts et relations avec la périphérie, afin d’identifier les opportunités de recomposition urbaine, si nécessaire, et de reconquête des espaces délaissés ou en friche". C'est aussi à cette étape qu'intervient l'analyse des déplacements, de l’état du parc de logements, des interdépendances avec les villes connexes, mais aussi d'identification du patrimoine naturel, paysager et architectural, "même mineur", et qu'il sera opportun de protéger, valoriser ou faire évoluer. Au regard de ces recommandations sont cités deux exemples de réalisations locales, un espace rural de proximité conçu à Marsac-en-Livradois (Puy-de-Dôme) "en respectant l’architecture traditionnelle régionale caractérisée par de nombreuses constructions en terre crue", et la stratégie déployée par la commune de Joinville (Haute-Marne) pour réhabiliter son centre-ville.

Des conseils très concrets

Un même schéma est à l'oeuvre pour les neuf autres séries de recommandations. Pour simplifier la rénovation énergétique d'équipements publics (recommandation 4), l'exemple de Volonne est mis en avant. Cette commune des Alpes-de-Haute-Provence s’est lancée dans la réalisation d’un écoquartier pour préserver sa vitalité. Son projet multiprimé porte à la fois sur la rénovation de bâtiments publics (mairie, écoles) et logements existants, la création d'équipements et la diversification de l’offre de logements sociaux "dont certains réservés aux seniors". On retiendra aussi, parmi ces nombreux autres conseils des architectes aux élus, que pour maintenir la production de logement en petite et moyenne ville, "l’objectif des rénovations ne peut être seulement technique" et qu'il faut y privilégier la construction de "petits logements sociaux de qualité, en centre-ville pour répondre à une demande de logements peu onéreux, sans dévitaliser le centre, et mettre fin au modèle pavillonnaire dominant, qui produit une architecture stéréotypée et consommatrice d’espace et de ressources".

Le recours aux démolitions doit aussi être "ciblé", en travaillant en amont avec l’ABF. Et les promoteurs et bailleurs, "incités à proposer des logements réversibles et évolutifs pour pouvoir les adapter à de multiples usages personnels et professionnels". Les démarches d’habitat participatif et de participation citoyenne, dans lesquelles "de plus en plus d’agences et de collectifs d’architectes se spécialisent", sont éclairées par des réalisations en Gironde et dans Puy-de-Dôme. Le dernier chapitre sur la mise en place de chartes locales est tout aussi stimulant. Tous les atouts de ces outils, ce qu'on y intègre et dans quel but on les utilise (pour stimuler les filières locales, pour encadrer des pratiques expérimentales, etc.) sont exposés avec une grande clarté.